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Scully était désarmé, dépité, déprimé. Il s’était juré que ce soir, ce serait sa dernière soirée d’homme libre et que demain, conformément à la demande de Deirdre, il se rendrait à la police avec le dossier substitué aux autorités, il y a sept ans, annonçant tous les résultats d’analyses qui le montraient sous influence de drogue et d’alcool le jour de cet accident mortel et handicapant. Pour cela, le golden boy s’octroyait une dernière soirée de liberté mais dans un lieu neutre, où lui et ses amis n’allaient pas parce qu’il craignait leur réaction, le lendemain, avec l’explosion de la vérité. Ainsi, Scully se rendit dans un bar inconnu à son bataillon de fêtard. Il se précipita au comptoir où il enchaîna plusieurs shot de vodka et d’autres alcools plus ou moins forts. Les mélanges n’étaient jamais bon. Scully repoussa étrangement toutes les jeunes femmes qui l’approchait ; elles n’étaient pas Deirdre. Elles n’étaient pas elle et avec elles, il n’aurait pas cette connexion qu’il avait eu, au lit, avec la jeune femme. Mais aujourd’hui, il l’avait perdu à cause de ses méfaits. Dépité d’en rejeter une cinquième, Scully se tourna vers son voisin, un petit brun qui paraîssait plus jeune que lui. — Pourquoi elles te draguent pas, toi, pour me foutre la paix ? Tu peux pas les allumer ?, rétorqua-t-il avec malice, un sourire aux lèvres, tout en vidant un énième shot.

Scully n’était pas plus mignon. Quoi qu’il n’en savait rien, il était un piètre juge de la beauté masculine et très superficiel concernant ceux des femmes – sauf Deirdre, bien loin de ses clichés -. Il pensait que si les femmes venaient autant l’aborder, ce soir, c’était parce qu’elles connaissaient l’importance de sa richesse et de son patrimoine ainsi que sa réputation. Scully ne la cachait pas, cette dernière. C’était un coureur de jupons, un camé, un accro aux sensations fortes et aux dérapages. La vedette, ce n’était pas lui mais surtout son sénateur de père, en fait ; Scully était habitué à ce qu’on lui tourne autour pour qu’en retour, on lui demande de voir une chose avec Robert Petterson. Or, ils ignoraient tous que les relations père-fils étaient inexistantes et donc, que c’était chose vaine que d’agir ainsi. Scully fit signe au serveur de lui resservir mais s’empara finalement de la bouteille, en échangeant un hochement de tête cordial avec le taulier. Il se servit un shot et en fit de même pour le jeune homme, à ses côtés. Il leva son verre pour trinquer. Scully but d’une traite son shot. — Monsieur est complètement hétéro mais plein aux as et connu, ce qui attire les vautours, rétorqua-t-il, un brin blasé. La seule qui jusqu’à maintenant s’était intéressé à lui pour ce qu’il était, c’était Deirdre et y penser lui donner envie de se resservir un shot et s’enivrer jusqu’au bout de la nuit. Scully tendit la main vers le brun, qui paraissait bien plus jeune que lui et se présenta : — Scully, comme dans X-Files.

Hormis Isaac Newton, Scully ne comprenait pas la référence ; il avait arrêté le lycée, il y a dix ans. Il avait peu de culture générale et de connaissances en dehors du monde de la jet set et de la jeunesse dorée. Scully leva son verre et trinqua avec le dénommé Newt. — A nos parents et leur originalité à la con dans les prénoms. Scully, il détestait son prénom : on le tannait sur xfiles en lui demandant où était Murdoch. Scully considérait que ce n’était pas un prénom. C’était un nom mais voilà, lui, il devait le porter comme un prénom, comme un fardeau. Ce fût au tour du blond d’éclater de rire. Il ne pouvait pas prétendre être gay : la presse ne cessait de parler de ses aventures avec les femmes. C’était un tombeur, un coureur de jupons et ça n’échappait à personne. — Ici, y’a pas une gonzesse qui a pas vu mon cul alors me faire passer pour un gay ? No way, s’esclaffa Scully. Il y avait eu des sex tapes qui avaient fuités sur la toile, notamment. Scully s’alluma une cigarette tout en s’emparant d’un cendrier, traînait là sur le comptoir. Il passa une main dans sa barbe, négligée, qu’il devait absolument tailler avant d’aller se vendre aux flics, le lendemain. Il tenait à être présentable sur la photo du dépôt de plainte. Stupide mais il y tenait.— Puis tu vois, mon dernier soir de liberté, j’ai pas envie de gâcher mes chances de baiser une jolie créature, plaisanta le jeune homme. Il était convaincu que dès demain, dès qu’il irait se rendre au commissariat, il ne serait plus jamais libre. Cela l’effrayait au plus haut point. — Tu attends p’t’être quelqu’un ?, demanda le blond.

Scully n’était pas du genre à faire connaissance avec des inconnus, à aller vers eux. En temps normal, c’était plutôt l’inverse : on venait vers lui. Newt semblait aimable, solaire et amusant. Il lui inspirait confiance. Puis de toute façon, qu’est-ce qu’il perdait, hein ? Scully n’avait plus rien à perdre. Il avait perdu Deirdre, il perdrait tous ses amis dès le lendemain en allant révéler les circonstances de l’accident de la circulation qu’il avait eu, tuant un ami et rendant une innocente handicapée, paralysée à vie. Newt le mit face à ses contradictions, ce qui le fit vaguement rire. — Toute façon, y’en a aucune qui m’intéresse autant que celle que je désire. Celle qu’il voulait ? Deirdre. Mais il l’avait perdu, certainement à jamais, en se trahissant, en révélant qu’il était le coupable de son handicap. Y penser le rendit mal, soudainement et Scully se précipita sur la bouteille pour se resservir un shot qu’il descendit d’un claquement de doigts, à une vitesse phénoménale. Il entendit le mot Copain et s’arrêta net avec un sourire, comprenant le conseil précédent du brun. — Ah, la technique du gay c’est la tienne, la vraie de vraie ?, demanda Scully sans l’ombre d’une hostilité et même avec chaleur et amitié. Cela ne se voyait pas du tout chez Newt et s’il n’avait pas mentionné son petit-ami, Scully ne l’aurait jamais deviné. Il s’accouda au comptoir, appuyant son visage sur sa main et poussa un large soupir. Il lui manquait de la coke mais il avait promis à Deirdre, pour elle, de ne plus y toucher. Cela avait fait trop de dégâts. Il ne fallait pas que cela se reproduise. — En tout cas, je note tes solutions, Newt.

L’alcool coulait à flot et le serveur, fatigué de revenir sans cesse vers Newton et Scully, finit par leur donner une bouteille. Economique et plus pratique pour lui, également. Scully tentait d’oublier son mal être ainsi que sa souffrance en se noyant dans l’alcool. Il n’avait de cesse de penser à Deirdre, qu’il avait brisé il y a sept ans puis il y a deux jours, en lui révélant qu’il était le responsable de son accident. — C’est juste que j’suis pas branché orgasme prostatique, plaisanta Scully. En fait, il n’avait jamais rien essayé avec un homme. Il n’avait jamais joué à touche-pipi, touché ou bien embrassé un homme. Pour lui, c’était impensable. Rien ne valait les formes généreuses des femmes à ses yeux. La réflexion de Newt lui arracha un rire. Oui, c’était cela. Un peu ennuyant, effectivement, comme méthode mais relativement efficace quand il était question de jouer avec les femmes car Scully ne faisait que cela. Il ne faisait pas dans l’attachement ni dans les sentiments. C’était absurde et masochiste, selon lui, que d’aimer quelqu’un et il en avait aujourd’hui la preuve en ayant commencé à développer des sentiments pour la jeune Behell. — On ne va pas forcément au lit, rectifia Scully. — Mais grosso merdo, ouais, Newt, tu m’as démasqué, c’est ça. Scully liquida un nouveau shot. — Toi, t’as rencontré comment ton mec ?, demanda Scully en s’accoudant sur le comptoir et en tournant la tête pour observer le brun.

Newt lui raconta comment il avait rencontré son copain. C’était récent, un peu comme Deirdre et lui à la différence que Scully la connaissait depuis sept ans, à son insu. Puis, il avait foison de points communs avec elle, même trop, à commencer par ce fichu accident qui venait de mettre leur relation en l’air, deux jours plus tôt et qui allait le pousser en prison lorsqu’il irait se dénoncer, demain. Ecoutant les confessions de Newt, Scully se sentit à coeur de s’ouvrir également. — J’ai craqué sur une fille que j’ai rendu paraplégique y’a sept ans dans un accident de voiture. Il ricana, nerveusement, avant de liquider un nouveau verre. Scully ne tenait plus le compte. Plus assez de doigts pour compter, sans doute. Sans qu’ils ne s’en aperçoivent, Scully et Newt s’étaient rapprochés et leurs cuisses se touchaient. Scully secoua vigoureusement la tête de gauche à droite, niant. — Non, me suis jamais fais sauté par un mec, répondit-il. Cela ne l’attirait pas plus que ça. Il préférait, à la rigueur, une femme et un jouet. Moins mal à sa stupide hétérosexualité, sans doute. Newt voulait mettre un frein à sa consommation d’alcool, songeant à partir mais Scully appréciait sa compagnie et avait envie de continuer à plaisanter avec lui. — J’habite à côté, on peut aller discuter au calme, proposa Scully, sans aucune arrière pensée. Et c’était ainsi qu’à deux heures du matin, ils déambulèrent dans New-York en direction des beaux quartiers où Scully était propriétaire d’un loft au dernier étage d’un immeuble qui n’appartenait qu’à lui. Scully tituba en sortant de l’ascenseur. — Tu peux appeler ton copain s’tu veux, s’il est jaloux, dit-il avant de se retourner pour faire face à Newt. — Ou on peut rester tout les deux…, poursuivit Scully en crochetant un doigt au col de Newt. Définitivement, le blond avait trop bu.

Dans le concours de la plus grosse vie de merde, Scully se sentait plutôt bien classé, dernièrement. Mais pourquoi et de quoi se plaignait-il ? Il n’était pas le plus à plaindre pourtant, il se morfondait. S’il craignait les conséquences de ses actes, il avait encore plus peur de perdre définitivement Deirdre et cela semblait se profiler à la perfection, malheureusement. Newt et Scully s’en allèrent vers l’appartement de ce dernier, luxuriant, trop grand pour un seul homme comme lui bien qu’il posséda beaucoup de choses, notamment des vélos, des rollers et des skates par dizaines. Scully était un accro de sensations fortes. Scully vit bien le regard de Newt entre ses lèvres et ses yeux, faisant des allers – retours successifs et ne fût pas surpris lorsque le jeune homme l’embrassa. D’abord, il écarquilla les yeux avant de se laisser aller, l’esprit embrumé par l’alcool. Newt y mit un terme, éclatant de rire avant de s’arrêter net pour lui donner un ordre plus que surprenant. Cette fois, ce fût au tour de Scully d’avoir un fou rire interminable tout en ouvrant la porte donnant directement accès sur un espace vaste qui composait sa cuisine, sa salle à manger et son salon, le tout d’une cinquantaine de mètres carrez. Il laissa passer Newt tout en riant contre le chambranle de la porte. Puis, Scully referma cette dernière. — T’es con, ricana le blond avant de se ruer sur le brun et de le plaquer brutalement contre le mur, l’embrassant à pleine bouche.

Scully ne contrôlait plus rien. Il n’était plus le maître ni de ses pensées ni de son corps. Il était aveuglé par le désir cuisant d’oublier les malheurs de sa vie et si Newt pouvait l’aider, qu’il soit un homme ou pas, à cet instant, le blond s’en fichait pas mal. Son tee-shirt vola rapidement, dévoilant ce torse qu’il s’efforçait d’entretenir et qui faisait saliver les demoiselles. Entre deux baisers, il retira le haut de Newt. Newt était plus sec mais musclé pour autant. Scully reprit ses lèvres d’assaut alors que le plus jeune glissait ses mains vers la ceinture de son jean. Nerveusement, Scully se tortilla alors qu’il perdait son jean et son boxer d’un même temps. C’était la première fois qu’il se retrouvait aussi nu devant un autre homme. Le regard du brun ne lui échappa pas, le gonflant d’orgueil. On l’avait souvent complimenté sur son membre mais venant d’un homme, c’était … différent et plus flatteur, dans un sens, que cela ne l’était déjà. — Tu aimes ce que tu vois ?, plaisanta le golden boy. Scully n’avait aucune idée de comment s’y prendre avec un homme. Un homme, c’était bien plus viril qu’une femme, plus lourd et … ce n’était pas pareil, coucher avec un homme qu’avec une femme. Il savait s’y prendre, pour avoir essayé avec des femmes, bien entendu mais là, c’était différent et sincèrement, Scully appréhendait si bien qu’il préférait laisser Newt prendre les devants et gérer les choses. Toutefois, le blond entreprit de défaire le pantalon du brun.

Scully semblait avoir abordé un sujet sensible. Il l’était, pour lui aussi mais dans une moindre mesure puisque qu’il n’était pas en couple avec Deirdre et que, de toute façon, la jeune femme ne voulait plus jamais lui parler. Il était le responsable de l’accident l’ayant paralysée à vie, la condamnant à se déplacer sous la dépendance d’un fauteuil roulant. Newt se mit à paniquer en jurant. Newt consulta le blond sur la situation ; bêtement, il haussa des épaules. Qu’en savait-il ? Il n’était pas du genre couple. Il était un adepte des one night stand. — Bah j’en sais rien mais sauf si vous êtes libertins, ouais … assez, grimaça le blond barbu tout en reprenant possession de sa cigarette. — Si t’es officiellement dans la merde, j’veux aussi dire que je suis officiellement pas concerné, okay ? J’veux rien à voir à faire avec toute ta merde à toi, j’en ai assez de la mienne, expliqua Scully. Newt lui faisait de la peine. Il lui demandait même l’hébergement pour la nuit et même si Scully n’aimait pas rester au lit avec les femmes avec qui il couchait, étant donné que c’était un homme … il revoyait sa position. Il doutait d’un second round. Ses problèmes le rongeaient de nouveau, trop. — Ouais. J’te déposerai demain matin où tu veux, si tu veux, en allant chez les flics, répondit le blond. Scully s’enroula dans ses couettes tout en s’étirant. Il se sentait tout ankylosé, tout vieux.