Truly Madly Deeply

(01) Il a quitté sa ville natale à ses 21 ans. Il n'avait alors jamais quitté l'état du Massachusetts, encore. (02) Fendu ici, en miette là-bas, à Boston. Il a quitté la ville après une rupture difficile, il ne supportait plus de la voir tous les jours. Dans d'autres bras que les siens. Sur un coup de tête. Sac à dos à l'épaule, sa guitare sur l'autre. Quelques billets de banques en poches. Et des rêves pleins la tête. Espérant que ça la fasse revenir, peut-être. New York la belle et ses habitantes lui ont fait oublier avec le temps... (03) Ainsi, il a débarqué de son patelin pour se faire connaître, se faire une place. Mais, la réalité l'a bien vite rattrapé. (04) S'il a un talent, pas indéniable, juste quelconque, il n'est qu'une voix rauque, un joli grain, un musicien parmi d'autres, ici, dans la grosse Pomme. Il est est devenu barman, c'est payant, pas trop forçant et le patron le laisse jouer à l'occasion. (05) Il lui en faut peu, pour être heureux. Une bière froide, une clope au coin des lèvres, une femme dans son lit et une guitare sur les cuisses. (06) Il a longtemps enchaîné les aventures. Parfois sans lendemain, d'autre de quelques jours. Il s'est calmé, depuis... (07) Cette fille. Swan. Il la cherche des yeux parmi la foule. Il l'attend à la sortie du bar, entre deux clopes. Il la cherche parfois dans les bras et le lit de d'autres femmes. Elle l'attire, lui fait perdre la tête. Il ne comprend pas ce qu'il ressent, Ben. Il a envie d'être là, envie de la protéger des autres et d'elles-même. Envie de l'embrasser aussi. (08) Attentif, il observe. Il se tait. Il est taciturne. Ben ne craint rien. Encore moins le silence. (09) L'objet de convoitise des clientes régulières, elles cherchent encore à percer sa carapace, à découvrir ce qu'il cache. Un mystère l'entoure, il reste entier. Et Ben l'entretien bien malgré lui, lorsqu'il se point au bar avec un nouveau coquard ou une épaule disloquée... (10) Il est contre la violence gratuite, contre l'injustice, contre la guerre. Et pourtant, toutes les raisons sont bonnes pour déverser sa colère contre autrui, et tant mieux s'il est payé pour le faire. C'est un boxeur. (11) Et comme si ce n'était pas suffisant qu'il se batte sur le ring, Benjamin a le coup facile. Il se bat pour les plus démunis, contre la médisance, un mot de trop et de travers, pour la jolie brune de Johnny. Il est impulsif, bagarreur. Il est sensible, aussi, Ben. Doux, attentionné. Derrière sa carapace, l'image du gros dur, il y a cet homme, un artiste à fleur de peau. (12) C'est qu'il a grandi entouré de filles, de femmes. Alors que son père travaillait sur la route, il se retrouvait seul avec sa mère et ses deux soeurs durant la semaine. Il attendait avec hâte le retour de leur père, ne revenant que le vendredi soir, très tard. (13) L'enfant faisait alors semblant de dormir lorsque la mère aimante venait lui souhaiter une belle nuit, combattant ensuite le sommeil jusqu'à l'arrivé du paternel. Parfois, il sortait par la fenêtre de sa chambre, s'étendait sur le toit de la résidence familiale et contemplait les étoiles en l'attendant. (14) Lorsqu'il apercevait le dix roues, Ben descendait par l'échelle et s'empressait de l'aider à dépaqueter le véhicule. Jusqu'à ses 14 ans. À cette époque, il se mit à sortir de chez lui dans la nuit pour retrouver ses amis, puis plus tard ce fût ses conquêtes. (15) Depuis qu'il vit à New York, Ben a adopté trois chats errants. L'un entre à l'occasion dans l'appartement à aire ouverte, grimpant les escaliers métalliques jusqu'au troisième étage et se faufilant par la fenêtre entrouverte. Les deux autres se contente de quelques caresses, de la nourriture et de l'eau fraiche qu'on leur offrent.