(beth) i wish i had a river.

Beth était dans une impasse : rester aux côtés de Salim lui faisait du mal mais ne plus le voir la faisait tout autant souffrir. Il était à la fois son meilleur ami, un pilier stable de sa vie et son fiancé. Il avait toujours été là pour elle. Même dans les étapes les plus embarrassantes. Avant que son stupide coeur ne s'emballe et que tout se complique, Salim et elle formaient un tout. Ils étaient indispensables l'un à l'autre et le manque qu'elle ressentait alors qu'elle résidait à quelques pâtés de maisons lui prouvaient bien. C'est pourquoi la jolie blonde osa gravir la tempête qui faisait rage pour rejoindre leur appartement. Il n'était que dix huit heures mais l'orage et les trombes d'eau qui se déversaient sans relâche rendaient le paysage obscur et le ciel d'un sombre angoissant. Malgré son parapluie de fortune, c'est trempée de la tête aux pieds et frigorifiée dans son trench léger que Beth frappa à la porte de Salim. Si dans son imagination fertile, elle pensait ressembler à l'héroïne de Breakfast at Tiffany's, sublime même sous la pluie, en réalité la blondinette devait tout avoir du chien mouillé. Mais ça n'était pas grave. L'impulsion avait été plus forte que la raison et elle avait simplement ressenti le besoin de voir Salim. Et de lui parler. Depuis leur dernière conversation, elle n'avait eu aucune nouvelle. Elle ne faisait que respecter sa volonté et elle le savait mais... Beth avait besoin de savoir comment il allait.

La mâchoire contractée et l'air sombre (du moins elle essayait), la jeune femme resta là, sous la pluie, de longues minutes avant de frapper fermement à la porte. Lorsqu'il ouvrit et que son regard colérique rencontra férocement le sien, Beth n'avait plus aucune idée de ce qu'elle devait déclamer. Son regard devînt inoffensif et elle se mit à bégayer. « J'ai─ j'ai menti. » Elle était pathétique, debout devant lui, à vouloir lui déballer tout ce qu’elle avait sur le cœur « C’était le jour de mon anniversaire que je me suis rendue compte que j’étais amoureuse de toi. J’étais en colère contre toi parce que t’avais pas pris la peine de te pointer. J’agissais comme si ce n’était pas bien grave, comme si ça n’avait aucune espèce d’importance alors que tout ce que je voulais, c’était passé la soirée avec toi. Je me moquais bien de qui était là parce que je savais que toi t’étais pas là. Et puis je t’ai vu, avec ton sourire idiot. C’est le jour là que j’ai compris que j’étais mal barrée parce que j’étais tombée folle amoureuse de toi.  » Son aveu était rempli de sincérité. « J'ai menti. Je t'ai dis que je me sentais bien, mais c'est faux. Depuis que je suis partie, je me sens mal. » Sa voix se cassa. « Tu crois que je te connais pas, mais c’est faux. Je sais qu’il y a quelque chose qui t’as fait souffrir, qui te fait souffrir. Et─et tu ne veux rien me dire. » Un léger éclat de rire s’échappe de ses lèvres. Il n’a rien d’heureux. Il est même plutôt cynique. « Est-ce que je dois m'inquiéter ? » avoua-t-elle dans un murmure et cet aveu était plus douloureux que tout ce qu’il aurait pu lui dire. « Je veux rentrer à la maison, » demande-t-elle, la voix étranglée. Elle essuya machinalement les larmes qui coulèrent le long de ses joues. Elle se sentait affreusement mal, elle n'en pouvait plus.