I got to get myself together / (aura)

Invité

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Can't tell what's going wrong
I wish there's something could be done
Knock that cover
When this hurt is gone
I got to get myself together

credits @ tumblr ❖ get myself together by robyn.

Elle soupira tout en se délaissant des bras de Morphée et frotta ses yeux encore embués de sommeil. Son regard se posa sur le plafond qui n'était indéniablement pas celui de son petit appartement dans l'Upper West Side. Elle bougea son corps doucement et senti la chaleur d'un autre corps à côté d'elle, c'est alors qu'elle recolla les morceaux dans son esprit. Elle laissa échapper une inspiration de surprise tout en se raidissant incapable de bouger de peur de réveiller celui qui dormait profondément à côté d'elle. Elle jeta un coup d'oeil pour vérifier qu'il ne s'était pas réveillé. Elle se mordit la lèvre tout en jurant un gros "merde" dans sa tête. Comment cela avait pu arriver? Elle se sentait idiote de se réveiller ainsi après avoir cédé à l'attraction qui existait entre le bel endormi et elle. Ils avaient dansé sur cette dangereuse ligne un long moment et en jouant avec le feu, ils avaient fini par se brûler tout entier dedans. Pourquoi l'avait-il invitée à boire un verre chez lui utilisant le prétexte de lui montrer un détail qu'il voudrait modifier dans l'appartement? Elle n'était pas innocente, mais il avait poussé les choses en installant cette ambiguïté de part son côté séducteur. Elle n'avait jamais passé une nuit avec un homme pris ou du moins à sa connaissance. Elle avait déjà cette vision plutôt négative du genre masculin qui ne la voyait que comme une blonde plantureuse avec qui passer une nuit. Elle préférait avoir le contrôle de la situation en menant du bout du nez ses prétendants et elle couchait certes avec certains, mais ne s'impliquait aucunement pour ne pas être déçue d'avance. La situation était bien différente dans ce cas-là et Alexia était complètement perdue. Bien que celui-ci ne parlait pas beaucoup de sa petite amie, cette dernière renvoyait une image parfaite et lisse sur les photos qu'Alexia avait aperçu dans l'appartement. À la pensée de la fameuse petite amie, le sang de la jeune femme se glaça. Celle-ci pouvait potentiellement arriver d'un moment à un autre, elle n'était pas sûre. Ils ne semblaient pas vivre ensemble, mais elle pouvait avoir une clé. Elle ne voulait pas prendre le risque et elle commença à s'extirper des draps avec le plus de délicatesse. Elle jeta un coup d'oeil au radio réveil sur la table de nuit qui indiquait l'heure matinale de 6h30. Doucement, elle posa ses pieds sur le parquet froid de la chambre et rassembla ses affaires éparpillées sur le sol. Après avoir enfilé sa robe ainsi que son blouson en cuir, elle prit ses bottines à talons dans ses mains pour ne pas faire de bruit. L'appartement était encore plongé dans la pénombre, mais bien heureusement, elle connaissait l'appartement comme sa poche, travaillant sur les plans depuis des semaines désormais. Dans le couloir menant à la porte d'entrée, elle s'arrêta devant le miroir pour arranger son apparence. Elle rassembla ses cheveux rapidement en un chignon bas qui lui donnait l'impression d'être plus apprêtée comme si la nuit passée n'avait pas eu lieu. Le reflet renvoyait l'image d'une belle jeune femme séduisante bien que le noir de son khôl soit un peu étalé sous ses yeux. Intérieurement, elle se sentait horriblement coupable, mais le plus important était qu'on ne puisse pas deviner la tristesse qui l'emparait.

Elle se retrouva dans les rues de New York City encore endormie pendant ces heures matinales du Dimanche matin. Les rayons du soleil illuminaient doucement le ciel d'été azuré. Une légère brise soufflait ce qui n'était pas des plus désagréables, mais cela faisait voler le bas de sa robe laissant dévoiler ses longues jambes. C'était le fameux Walk Of Shame comme les Américains l'appellent. Alexia l'avait fait une dizaine de fois et ne ressentait aucunement de honte car c'était une femme libre et elle n'avait pas à s'excuser d'avoir une sexualité des plus normales pour une fille de son âge. Elle ne voulait pas héler un taxi pour une fois préférant profiter de l'étrange calme qui régnait pour pouvoir faire le vide dans son esprit trop confus. Le loft de son amant d'une nuit avait vu sur Central Park et elle n'avait que la longueur à traverser pour se rendre dans son quartier. C'était un tout de même un petit bout de marche, mais elle n'était pas pressée de rentrer. Elle était un peu claustrophobe parfois étant habituée aux grands espaces de son pays natal, l'Australie. De ce fait, elle appréciait les moments passés en dehors des grands buildings new yorkais. Elle marcha le long du réservoir regardant les silhouettes des arbres verdoyants se refléter dans l'eau. Mille pensées traversaient son esprit et elle soupira incapable de faire sens de toutes les émotions qu'elle ressentait. D'abord, elle se sentait affreuse d'avoir couché avec quelqu'un en couple. Ensuite, elle se demandait bien ce que cela allait signifier pour le projet, pour son boulot même. Mais au final, elle était surtout terrorisée du fait qu'elle puisse ressentir quelque chose pour lui et qu'il n'y ait rien qu'elle puisse faire pour stopper cela. Ce n'était pas son genre de se laisser emporter de la sorte pour un homme. Elle s'était mise dans une situation des plus compliquées.

Après une petite heure de marche, elle arriva au pied de son immeuble dans l'Upper West Side. Ses colocataires et elle avaient la chance d'habiter dans un Brownstones plein de charme reconnaissable à sa couleur ocre. L'immeuble était certes un peu vieux et mériterait d'être rénové, cependant l'intérieur de leur chez soi avait été aménagé par les soins d'Alexia avec goût et modernité. Elle tourna la clé dans la serrure et ouvrit la porte d'entrée qui donnait directement sur le salon/cuisine à l'américaine. Ce ne fut pas sa surprise d'y trouver Aura déjà debout à 7h30 du matin à moitié cachée derrière une grande toile avec ses affaires de peintures éparpillées autour d'elle. « Oh tu es réveillée? » dit-elle surprise de voir son amie debout à cette heure surtout un dimanche. « Je n'avais pas sommeil après le boulot alors j'ai commencé cette toile. » répondit-elle avec le plus d'assurance comme s'il était logique de rester éveillée après voir servi des cocktails jusqu'à cinq heures du matin. Aura avait le sourire aux lèvres tout en gardant les yeux rivés sur sa toile comme le plus souvent lorsqu'elle peignait. Néanmoins, elle jeta un coup d'oeil à Alexia et la trouva figée sur place, les yeux dans le vide clairement préoccupé par quelque chose. Aura n'était pas du genre à se mêler des affaires des autres s'ils ne souhaitaient pas en parler, mais le comportement de sa meilleure amie était clairement suspect même inquiétant. Cette dernière était toujours rayonnante et pourtant ce matin cette joie de vivre semblait éteinte. « Ça va ma chérie? » demanda-t-elle d'une voix douce qui invitait à la confidence. Alexia chassa les pensées qui lui faisaient revivre en détails la nuit précédente. Elle revint à la réalité et vit bien l'inquiétude dans les yeux d'Aura. Elle ne pouvait pas faire semblant face à elle. Son corps tremblait et elle ne pouvait pas aller dormir complètement rongée par l'angoisse et d'autres émotions fortes. « J'ai fait une grosse connerie Aura! » finit-elle par répondre tout en se laissant tomber sur le canapé près de la jeune peintre. Elle sentait les larmes lui monter aux yeux tellement elle avait de remords. Elle avait besoin de se confier et d'entendre les mots rassurants d'Aura. Un bon girl talk et peut-être un verre d'alcool, c'était ce dont elle avait besoin.

Spoiler:

Invité

you're my person

"Vous êtes charmante mademoiselle" Classique, presque cliché. Cet homme a moitié accoudé sur le bar ne la lache pas du regard, un verre dans la main droite, un paquet de cigarette dans la gauche. Ses mots se cognent quand il parle, trop d'alcool sans doute. C'est le troisième soir cette semaine, qu'il est là, sur ce tabouret, cette même phrase qui s'échappe d'entre ses lèvres. "Je vous appelle un taxi Ted, c'est l'heure." répond Aura, encore une fois. Elle lui sourit, un peu, une pointe d'empathie, une pointe de désespoir aussi, de croiser chaque soir cette misère qu'elle préfèrerait éviter. Souvent pendant son service, elle s'imagine que c'est la dernière fois, que demain elle ne reviendra pas. Que demain sera le premier jour d'une nouvelle vie, une nouvelle vie sans petit boulot, ou plutôt, une nouvelle vie avec elle même et sa peinture et c'est tout. Le bar se vide, doucement, il ne reste que Ted à qui elle pique une cigarette. Il n'est pas en état de la voir faire, ni de lui refuser, ni même d'essayer de la récupérer. Alors elle en profite Aura, puis elle mérite au moins ça. Elle la glisse entre ses lèvres et l'allume, une éponge entre ses doigts, elle entreprend un léger ménage. Ted peine à se lever de son siège pour rejoindre le taxi qui klaxonne devant la porte, Aura lui adresse un clin d'oeil amical qui pour elle n'est que synonyme de bon courage et secrètement elle espère qu'il ne reviendra pas demain, pas encore, il mérite mieux que ça lui aussi. Pas un bruit dans ce petit bar de quartier, c'est surement son moment préféré dans la journée, celui où elle sait que maintenant, elle est libre. Elle sait qu'elle va marcher, dans les rues qu'elle aime, dans la pénombre de la nuit même si, à New York il ne fait jamais vraiment nuit. La ville offre un dégradé de couleur, de nuance, d'une pure beauté à cette heure ci. Puis elle sait qu'elle va rentrer, monter les quelques étages qui la ramènent à sa porte, et poser sur le papier, tout ce dont elle a rêvé ce soir, et, en faire une vraie merveille. Peut-être un ajout à la collection ou peut-être juste un essais, histoire de simplement se vider la tête, et repartir à zéro.

Elle quitte le bar, s'engage dans les rues, ses écouteurs dans les oreilles camouflent les bruits assourdissants des pompiers, des policiers, dans cette ville qui ne dort jamais. Aléatoire, elle tombe sur une chanson de coldplay, the scientist, sa préféré. Son coeur se sert un peu. C'est la chanson qui la ramène a Ellis, toujours, depuis toujours. Alors elle pense à lui, ça faisait presque longtemps que ça ne lui été pas arrivé, traverser la ville, le coeur qui pleure en silence. Elle se souvient oh combien elle l'aime comme au premier jour. Rien n'a bougé. C'est tordant mais c'est aussi rassurant, ça la rassure de savoir que c'est pas qu'elle ne peut plus aimer encore, c'est juste qu'elle aime déjà, trop, et il n'y a plus de place. Elle finit presque par en sourire doucement.

Le temps passe sans qu'elle ne réalise, elle est déjà au pied de son immeuble. Aura enjambe les marches deux à deux, et, arrivée en trombe, se laisse tomber sur le canapé du salon. L'appartement est calme, elle est seule. Et s'en réjouit presque, de pouvoir s'installer au milieu de la pièce principale pour peindre, dans le plus grand des silences. Elle ne s'est jamais fait au bruit de cette ville et ne s'y fera sans doute jamais. Elle aime se retrouver face à elle même, seule, devant sa toile, son âme exposée directement, à même le papier. Alors elle ne reste que quelques secondes sur ce canapé avant de se jeter sous la douche, rapide, et, d'enfiler après, un vieux tee shirt un peu trop grand et une culotte. Elle noue ses cheveux en une couette un peu haute bien que quelques mèches retombent encore sur son visage. Ready to go, dans sa tenue de travail, elle s'installe derrière la toile vierge, et désormais dans sa bulle et son monde, elle se laisse aller.

"Oh tu es réveillée?" Aura apperçoit du coin de l'oeil Alex, qui vient de passer la porte. "Je n'avais pas sommeil après le boulot alors j'ai commencé cette toile." Elle ne lève pas les yeux de sa peinture, jamais, elle se contente d'un petit sourire en coin qu'elle adresse à son amie. Rien de plus normal entre elles. Mais rien ne se passe, alors elle finit par détourner son regard, et le poser sur Alex, figée sur place, comme momifiée, clairement préoccupée. "Ca va ma chérie ?" lui demande Aura, une légère pointe d'inquiétude dans la voix. "T'es blanche, beaucoup trop, viens t'assoir" Aura s'inquiète presque, tant l'attitude d'Alex ne lui ressemble pas. "J'ai fait une grosse connerie Aura!" les larmes aux yeux, la jeune blonde s'écroule dans les coussins du canapé. Aura la questionne du regard tout en venant s'assoir aux côtés de son amie. "Tu me fais peur, explique moi Alex !" dit Aura, en fixant cette drôle de scène. "Je vais nous chercher un verre, bouge pas." Elle fait deux pas en direction de la cuisine où elle prépare deux vodka, remède immédiat pour séchage de larme. Elle revient s'assoir aux côtés d'Alex, lui tend le verre, prête à l'écouter.

» adventure of a lifetime ~ aura