Only know you've been high when you're feeling low / mara

Aujourd’hui, Ralph avait rendez-vous avec un ami de longue date. Il l’avait convaincu de sortir de sa tanière pour venir le voir à son travail. Il espérait sûrement aussi le débaucher dans son service juridique. Personne n’oubliait quel requin Ralph était autrefois, mais il ne savait pas s’il était prêt à reprendre le chemin du travail. Il donnait quelques conseils en tant que consultant de temps à autre, mais rien de très stable. Pour autant, cela lui aurait fait du bien à la fois de travailler à nouveau, mais aussi dans un nouvel environnement. Il pourrait repartir à zéro. D’ailleurs, cette pensée l’avait éveillé une partie de la nuit. Il s’était posé beaucoup de questions sur son avenir, sur les différentes possibilités avant d’être pris par l’angoisse. Il se remettait beaucoup en questions à cause de son accident. Il se demandait s’il serait toujours capable d’exercer son métier, d’être à la hauteur. Il avait peur de ne plus être le même et de se voir échouer. L’échec l’effrayait énormément bien qu’il ne le montre absolument pas. C’est sûrement pourquoi il restait loin de n’importe quel évènement. L’échec avait commencé dès son réveil lorsqu’il avait appris que sa fiancée s’était détournée de lui durant son coma. Il avait ressenti ça comme une trahison, mais aussi comme un échec personnel. Ensuite se voir diminué physiquement par le coma et ne pas réussir sa convalescence aussi rapidement. Alors pour éviter l’échec il ne met rien en place et se retrouve à errer comme un fantôme. Finalement il se perdait de jour en jour, mais cela semblait révolu au moins pour la journée. Ralph avait fait un effort en sortant de chez lui, en prenant un taxi pour venir jusqu’ici et affronter le monde réel. Il avait près de lui sa canne et marchait de mieux en plus. C’était plus une aide comme un placebo qu’autre chose, un réconfort qui l’empêchait de tomber. Alors que l’ascenseur allait se fermer il se glissa à l’intérieur in extremis. Ce n’est qu’une fois qu’il fut à l’intérieur qu’il se rendit compte qu’il aurait vraiment dû attendre le prochain. En effet, il se retrouvait face à face avec Mara. La jeune femme était la dernière personne sur laquelle il s’attendait à tomber, elle était aussi la dernière sur laquelle il voulait tomber. Il ne se sentait pas prêt émotionnellement à la recroiser. La dernière fois cela avait été vraiment difficile même s’il n’avait montré que peu d’empathie. Ce n’était pas une si grande surprise puisqu’ils fréquentaient les mêmes endroits, avaient les mêmes habitudes. Il y a des choses qui ne changent pas. Il pensait cependant, dans la séparation avoir eu la priorité sur les endroits qu’ils fréquentaient parce qu’il n’avait pas eu cinq ans pour en trouver d’autres. Il se raccrochait à ce qu’il connaissait. Ralph se contenta d’un signe de tête poli afin de la saluer. Il ne se sentait pas vraiment d’humeur bavarde. Ils n’avaient d’ailleurs plus rien à se dire désormais. Ils avaient chacun dit ce qu’ils pensaient et elle lui avait rendu sa bague. Ils ne se devaient plus rien et Ralph pensait que c’était mieux comme ça. De plus, ce n’était pas comme si Mara était au bout de sa vie. Elle semblait en forme, elle restait élégante. Il ne devait pas se laisser aller à de l’empathie envers elle. Il restait alors dans son monde en espérant que le temps passe vite. La situation devint vraiment gênante lorsqu’au troisième étage la dernière personne s’en alla ce qui les laissa seuls. Il pensait vraiment que le temps passait lentement comme si l’univers en avait après lui.

Ralph se demandait si l’univers n’essayait pas de le punir en le mettant dans un endroit aussi exigu avec la jeune femme. Il avait été clair la dernière fois il ne voulait pas avoir de contact avec elle. Sa décision était prise et il ne l’a regrettait pas. S’il voulait avancer il devait le faire en prenant ses distances. Il ne pouvait plus vivre dans le souvenir de leur relation. Malheureusement personne ne semblait le prendre au sérieux. Il se demandait s’il n’avait pas fait quelque chose d’horrible dans une vie antérieure pour qu’on le punisse ainsi. Il y quelques années, il aurait tout donné pour se retrouver avec Mara à chaque instant. Il n’avait jamais assez d’elle dans sa vie. Il en redemandait toujours et réciproquement. Ce temps était révolu puisqu’elle ne semblait pas plus heureuse que lui de se retrouver dans cette situation. Maintenant qu’il avait été clair elle pouvait continuer sa vie avec son parfait compagnon et oublier son comateux ex-fiancé. Finalement peut-être que c’était elle que le destin essayait de punir. Il aurait aimé alors qu’on ne l’implique pas dans des plans cosmiques. Mara semblait se sentir obligée de se justifier. Elle lui déclara alors qu’elle allait descendre au prochain. Il ignorait si c’était la vérité ou si elle préférait devoir prendre les escaliers plutôt que de se retrouver en sa compagnie. Peu importe tant qu’il ne se retrouvait plus en sa présence tout lui allait. Soudain, alors qu’ils allaient être définitivement libérés l’un de l’autre l’ascenseur connu quelques secousses avant de s’arrêter net. Ralph eut réellement envie de se taper la tête contre le mur. Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? Se demanda-t-il. Il était désespéré et voulait simplement sortir d’ici malheureusement il comprit rapidement qu’il ne pouvait rien faire contre les éléments. Il devait prendre son mal en patience. Comme un instinct de protection Mara s’approcha de lui pour savoir s’il allait bien. Elle avait cette impression sûrement de devoir le protéger, mais ce n’était plus son rôle. Il savait qu’elle faisait ça par intérêt pour lui, mais il se sentait diminué à chaque fois qu’elle le faisait. Il n’avait pas besoin de son aide ni de l’autre de quelqu’un d’autre. Il voulait retrouver son indépendance et qu’on arrête de le traiter comme un souffrant. Mara semble se rendre compte qu’il n’est pas très coopératif et elle essaye tant bien que mal d’appeler les secours de l’ascenseur sans succès. Il se pourrait bien qu’ils en aient pour quelque temps. « C’est plutôt à toi que je devrais demander ça, tu n’as pas l’air très bien... » Lui retourna Ralph. Finalement celle qui semblait la moins à l’aise des deux c’était bien elle. Ralph restait plus ou moins calme face à la situation. Cela l’amusait dans un sens parce qu’il n’était pas aussi fragile qu’elle semblait le penser. Il avait bien plus de self contrôle. Mara tentait de ne pas céder à la panique, mais ses gestes prouvaient le contraire. Elle frappait sur les murs et criait à voix cassé. Il avait oublié qu’elle n’aimait pas vraiment être enfermée dans un endroit aussi serré. De plus, il fallait avouer que la chaleur n’aidait pas. Ils avaient de plus en plus chaud même si Ralph ne le montrait pas. Il ne tenait pas à montrer le moindre signe de faiblesse envers elle. « On doit juste rester calme et ils viendront nous chercher. » Lui assura le beau brun. Il n’avait pas envie de jouer au sauveteur avec elle, mais il n’allait pas non plus la laisser dans une mauvaise posture. Il n’était pas si méchant après tout. Il se cachait seulement derrière cette apparence pour se protéger et continuer tant bien que mal sa vie sans elle.

Il ne fallait pas croire que Ralph était insensible à la jeune femme. Son cœur se serrait à chaque fois qu’elle ouvrait la bouche, à chaque fois qu’elle bougeait. Il avait l’impression qu’il allait se briser en mille morceaux lorsqu’il était à proximité d’elle. Il avait espéré que le temps ferait son œuvre et qu’il aurait moins mal, mais malheureusement ce n’est pas le cas. Les semaines ont passé et il n’arrive toujours pas à se sortir de la tête Mara. Il pense à elle, il rêve d’elle et surtout il ne cesse de la croiser. Il se demandait comment il allait pouvoir réellement s’en sortir si elle continuait de tomber sur lui si régulièrement. Ralph se demandait bien comment tout ceci allait se terminer. Il avait tout fait pour éviter Mara et finalement il se retrouvait une fois de plus après d’elle. Il en serait devenu fou si la jeune femme ne l’avait pas devancé. Il savait que ça n’avait pas avoir avec lui du moins pas totalement. Elle était claustrophobe et non allergique à lui. Cependant, il se doutait que sa présence n’arrangeait pas les choses. Après tout son comportement ne faisait qu’empirer la situation jusqu’ici. La jeune femme perdait son calme et avait beaucoup de mal à le retrouver. Auparavant il aurait accourut vers elle pour l’aider et l’épauler. Désormais, il n’en avait plus le droit cependant, il ne se voyait pas la laisser se décomposer de la sorte. Il avait essayé avec des paroles pragmatiques de la détendre. Finalement la jeune femme semblait réussir à se faire violence à redevenir plus calme. Elle avait toujours autant envie de sortir d’ici, mais elle paniquait moins. « Je me souviens.. » Lâcha Ralph. Il avait cet air nostalgique. Il avait l’impression que c’était hier parce que pour lui c’était presque le cas. Il avait dormi durant cinq longues années pendant ce temps le monde n’avait pas cessé de tourner. Certaines choses ne changent pas comme le caractère de la jeune femme. Pourtant, tout le reste a changé. C’est vrai pendant un moment Ralph éprouvait quelque chose pour Mara, autre que de la rancœur. Il s’était inquiété pour son bien-être. Il savait combien elle détestait être enfermée. Il n’avait pas voulu qu’elle fasse un malaise. Maintenant qu’il voyait qu’elle avait les choses en main il retournait de son côté en l’ignorant. Il ne devait pas retomber dans ses mauvaises habitudes et la laisser à nouveau rentrer dans sa tête. Il devait s’en tenir à ce qu’il lui avait demandé la dernière fois. Il espérait vraiment que les secours ou la sécurité allait rapidement venir. La chaleur devenait de plus en plus pesante. Ralph se permis donc d’ôter sa veste. Il n’en pouvait plus de tout ça. Il se sentait oppressé. Il avait juste envie de rentrer chez lui et de prendre une douche. Il ne comptait pas ressortir de sitôt. A chaque fois qu’il le fait une catastrophe se produit. Ralph savait qu’elle essayait de meubler le silence, de faire la conversation. Elle avait toujours détesté lorsqu’il y avait des silences gênants. Cependant, il n’avait pas envie de parler pour rien dire, de rentrer dans son jeu. « J’en ai aucune idée. » Lui répondit le beau brun d’un air détaché. Il n’avait pas les réponses à ses questions. Il ne pouvait pas l’aider et ce n’était pas son rôle de toute façon. Il ne voyait pas pourquoi il devrait faire un effort. Il avait cette rancune qui le retenait de se montrer agréable. Il préférait rester dans son coin. « Je pense qu’on devrait attendre en silence qu’on vienne nous chercher. » Rajouta Ralph avant de baisser le regard. Il savait une fois de plus qu’il allait lui faire du mal en refusant de discuter avec elle. Même dans un moment aussi angoissant il ne changeait pas d’avis. Il restait sur ses positions et il attendait qu’elle respecte sa décision. Mais entre la chaleur, l’enfermement et la gêne il se doutait bien qu’elle risquait de ne pas être aussi docile que d’habitude.

Le silence elle déteste ça, sincèrement. Alors elle lance une phrase en l'air, pour tenter de détendre cette atmosphère étouffante qui lui écrase les poumons. "« J’en ai aucune idée. »" Elle soupire, légèrement, sentant le temps qui passe lui filer entre les doigts, laissant entrer le doute et le flou de ce qui va se passer dans sa vie. Jamais plus, elle ne veut être surprise par les aléas du quotidien. Jamais plus, elle ne veut sentir sa vie échapper à son contrôle. Qu'elle passe pour une personne froide, rigide ou n'importe qu'elle autre significatif lui est égal, elle ne veut plus à avoir à souffrir de l'imprévu. « Je pense qu’on devrait attendre en silence qu’on vienne nous chercher. » Elle ouvre la bouche un instant, avant de la refermer, se demandant si ajouter quelque chose à ses mots est une bonne chose. Quand leurs regards se croisent, quelques instants plus tard, elle se contente de hocher la tête légèrement, avant de laisser sa tête se reposer contre la paroi et partir un peu plus en arrière. Ses prunelles se déposent alors sur le plafond et s'y fixent, permettant à l'esprit de Mara de vaguer vers des souvenirs passés, des pensées enterrées. Il fut un temps, où rester dans la même pièce que Ralph dans le silence était tout simplement impossible, impensable. Ils avaient toujours quelque chose à se dire, une histoire à se raconter. Les bavardages, les rires, la joie en général faisaient partie du quotidien de leurs relations. Ils avaient leurs disputes bien entendu, comme tous les couples et pourtant, ils ont toujours réussi à passer outre leur différence pour en faire une force. Et leur proximité ne faisait que se renforcer à mesure que le temps et les discussions passaient. Mais à les voir aujourd'hui, c'est à se demander s'ils ont réellement partagé quelque chose dans le passé. Assis si proche dans cet ascenseur avec pour seule musique d'ambiance un silence lourd et gênant, rien ne semble désormais les rapprocher. Si elle avait dû miser sur une constante dans sa vie, il aurait été cette constante, sans hésitation. Mais maintenant, quand elle le croise, elle ne ressent que l'animosité qu'il peut ressentir à son encontre et de son côté, elle ne ressent que cette vague de honte d'être partie et d'avoir continué sa vie alors qu'il était bloqué dans un sommeil, incapable de continuer la sienne. Le temps s'écoule, doucement et ni l'un ni l'autre ne parle, trop occupé à regarder la poussière volée dans les airs, comme s'il s'agissait de l'activité la plus intéressante à faire. Elle a l'impression que les minutes qui s'écoulent sont des heures et que l'air se fait de plus en plus oppressant. Elle redresse légèrement la tête, ses yeux se déposant contre les portes de l'ascenseur, toujours immobile. Il devrait déjà être venu ouvrir ces portes... Qu'est-ce qu'ils attendent... Qu'elle lance, sans vraiment y faire attention, persuadée qu'elle n'aura pas de réponse de la part de Ralph. Elle aimerait entendre sa voix, l'entendre lui parler. Entendre à voix haute ce qu'il peut ressentir tout bas, l'entendre dire qu'il pourra lui pardonner. Être face à ce silence la tue et elle n'en peut plus. Elle n'a pas le droit de continuer à être autour de lui, à attendre des mots qui ne viennent pas. Mais elle ne peut pas s'empêcher et le destin semble se jouer d'eux en les faisant se retrouver. Peut-être qu'il y a une raison à cela, peut-être pas. Peut-être est-ce parce qu'ils doivent se parler une bonne fois pour toutes qu'ils continuent de se croiser, peut-être est-ce simplement une façon cruelle qu'a le destin de se venger de l'abandon de Mara. Elle ne sait pas, elle ne veut pas réellement savoir. Mais ce silence est trop pesant, elle veut des réponses, elle veut l'entendre parler. Elle est têtue, comme d'habitude, n'en faisant qu'à sa tête. Mais ils ne peuvent pas rester comme ça. Elle inspire profondément, sachant pertinemment que les prochains mots sortant de sa bouche seront pénibles, tout comme le sera certainement la réponse. Qu-Qu'est-ce que tu en as fait? Alors qu'elle ne le devrait pas pour rester forte, elle dépose les yeux sur la silhouette de Ralph, qu'elle détaille quelques instants, avant de finir par son visage dont les traits tirés commencent à se dissiper. De ma... la bague.. Peut-être l'a-t-il jeté, comme pour tirer un trait définitif à leur histoire. Peut-être même ne prendra-t-il pas le temps de lui répondre. Mais Mara veut l'entendre lui parler, peu importe les mots durs qu'il pourra avoir à son encontre.

Ralph se demandait pourquoi elle cherchait à faire la conversation au lieu de se murer dans le silence. Il ne savait pas ce qu’il restait à dire. Elle cherchait des prétextes et il n’était pas dupe. Alors il ne répondait pas et visiblement Mara n’appréciait pas. Cependant, il ne savait pas vraiment quoi faire d’autre. Soudain, elle lui pose une question déroutante à laquelle il reste perplexe. Est-ce qu’elle avait besoin de savoir ça ? Il ne savait pas ce que ça apporterait de donner une réponse. Il se doutait qu’elle n’essayait pas de le blesser en remuant le couteau dans la plaie, mais c’est ce qu’elle faisait. Il avait déjà eu du mal à accepter qu’elle le lui rende et maintenant il devrait lui dire ce qu’il en a fait. Il n’avait pas à lui répondre sur le fond parce que ça ne la regardait plus. En y réfléchissant, il compris que peut-être ce geste elle le regrettait. Elle essayait d’aller de l’avant avec son nouveau compagnon, mais le fait qu’il soit réveillé changeait tout. Elle avait beau donner le change finalement c’était peut-être plus difficile. Elle devait vivre avec ce qu’elle avait fait. Il n’était pas assez présomptueux pour penser qu’elle n’arrivait pas à l’oublier, mais cela semblait être le cas. Elle ne tournait pas aussi bien que ça la page. Dans un sens c’était réconfortant parce que ça voulait dire qu’il n’était pas qu’un vieil objet dont on peut se débarrasser. De l’autre, c’était douloureux parce qu’il se mettait à l’avoir de l’espoir alors qu’il savait que tout était terminé entre eux. Alors il lui en voulait d’oser pour la question. Il trouvait son comportement égoïste. D’autant plus qu’elle ne se positionnait pas clairement dans cette situation. Il n’arrivait pas à la cerner et c’était énervant. Une fois pour toute, il aurait aimé savoir ce qu’elle pensait. « Parce que ça t’importe ? » Lui demanda Raph. Il ne demandait pas ça pour être méchant, mais parce qu’il ne comprenait pas. Il aurait aimé que pour une fois qu’elle dise ce qu’elle pense sans essayer de tourner autour du pot. A une époque, elle disait ce qu’elle pensait sans détour, mais maintenant elle était coincée dans cette situation et elle n’osait rien dire. Peut-être que ça serait plus évident si elle était franche. Il prenait le risque de souffrir, mais il ne pouvait plus continuer ainsi. Qu’elle lui dise définitivement que c’est fini ou que ça ne l’est pas. Il avait besoin de savoir parce qu’il ne pouvait plus continuer ainsi. Il n’y a qu’à le regarder, ses traits sont tirés, il est épuisé par la convalescence, mais aussi par sa vie privée. « Je ne te comprends plus Mara, tu dis quelque chose et tu fais son contraire. » Lui fit remarquer le beau brun avant de souffler. Il était lassé de cette situation. Il avait l’impression qu’ils étaient coincés dans un cercle vicieux et il n’y avait qu’elle qui avait les clés. « Si tu étais aussi sûre de tes choix tu ne me demanderais pas ça. » Rajouta Ralph.Il savait qu’il allait trop loin, mais au moins il disait ce qu’il pensait. Il tenait à ce qu’elle sache que son comportement portait à confusion. Elle devait se positionner une fois pour toute au lieu de faire un pas en avant, deux en arrière. Il pensait mérité la vérité.

« Parce que ça t’importe ? » Un coup au coeur, qu'elle encaisse comme elle le peut, sans dire un mot de plus. Elle baisse les yeux, se sentant stupide d'avoir posé la question, se sentant de trop dans cet espace exigu. Elle aimerait les ouvrir ses portes et se précipiter à l'extérieur pour y prendre un grand bol d'air frais. Mais même l'air extérieur n'arrive pas à calmer ce trop-plein de sentiment qui l'envahit, dont elle ne comprend pas tout. Elle est dépassée par la situation. Elle tente de faire des listes, de tout maîtriser comme elle le peut, mais pourtant, sa vie semble lui échapper chaque jour un peu plus. Elle a perdu Ralph, dans cet accident il y a cinq ans et il lui a fallu trois ans avant de s'en rendre compte et d'essayer de refaire sa vie. Elle a essayé de reprendre sa vie, petit à petit et s'est mise à se reconstruire comme elle le pouvait, avec les morceaux qu'il restait dans son quotidien. Elle a rencontré un homme bon, que toute personne rêverait d'avoir à ses côtés. Et pourtant aujourd'hui, elle court sur deux voix, tentant de rattraper un passé qui ne lui appartient plus et qui ne peut plus être. S'éloignant de cet homme qui est à ses côtés, sans s'en rendre réellement compte. Et au final, elle blesse tout le monde. Laisse tomber. Qu'elle finit par lâcher à voix basse, ne se sentant pas prête à rentrer dans des explications. Elle ne veut pas dire des choses qu'elle pourrait regretter, avoir des mots qui pourrait être blessant. Mais chaque mot glacial de la part de Ralph, est une blessure de plus au coeur de Mara. Et chaque blessure, la rend un peu plus faible, un peu plus encline à laisser des mots qu'elle ne devrait pas s'échapper. Alors elle se fait violence, se contentant de se lamenter intérieurement. « Je ne te comprends plus Mara, tu dis quelque chose et tu fais son contraire. » Elle comprend ses mots et ne peut s'empêcher d'être en accord avec eux. Elle lui a rendu sa bague, mettant un terme définitif à leur histoire. Et pourtant aujourd'hui, le hasard, ou peu importe, les réunit, et elle ne peut s'empêcher de la question sur le destin de ce bijou qui a compté pour elle. Lors de leur dernière entrevue, ce geste, elle ne l'avait pas prévu. Mais Ralph est clair, il ne veut plus de Mara dans sa vie, il ne veut plus avoir de lien avec son ancienne compagne et peu importe à quel point cela peut-être douloureux, elle doit faire avec et accepter sa décision. Alors couper les ponts, en lui rendant cette bague symbolique, dernier lien les mettant en relation, lui semblait la meilleure chose à faire. Pourtant, encore aujourd'hui, elle se surprend à parfois chercher après dans son appartement, quand elle ne la trouve pas autour de son cou, avant de se souvenir. « Si tu étais aussi sûre de tes choix tu ne me demanderais pas ça. » Elle reste silencieuse quelques instants, encaissant une nouvelle fois les coups portés par Ralph. Elle a fait des erreurs, elle en est consciente, mais parfois, souvent, les mots de Ralph sont blessants et jusque-là, elle n'a rien dit, n'a pas réagi car elle le sait, elle les mérite. Elle est partie, quand il avait besoin d'aide. Elle l'a abandonné à son sommeil pour continuer sa vie, alors que lui, n'était plus maître de la sienne. Elle a avancé dans sa vie alors que lui, reprenait à peine le contrôle de la sienne. Et pour ça, elle s'en voudra certainement pour le reste de sa vie. Elle portera en elle, cette honte, cette culpabilité pendant de longues années, mais parfois, la froideur de Ralph, ces mots, sont de trop pour la demoiselle. Tu sais quoi, puisque ce que je dis, ce que je fais, ce n'est jamais ce qu'il faut, je ne ferais plus rien, tu es content? On va rester dans ce silence jusqu'à ce que cet ascenseur redémarre et ensuite, tu n'entendras plus parler de moi. Qu'elle lâche d'une traite, laissant resurgir une partie passé de sa personnalité, qu'elle pensait avoir perdu et surtout, qu'elle ne s'attendait certainement pas à voir revenir de si tôt. C'est ce que tu veux non? Du coup ne t'en fait plus, j'ai compris que tu ne voulais plus de moi dans ta vie, que tu ne voulais plus entendre parler de moi. Elle finit son monologue en inspirant profondément, tentant de chasser ces mauvaises vibrations qui l'ont envahi au cours de ces dernières secondes. Elle ne s'attendait pas à dire ces mots et pourtant, son esprit a atteint cette limite invisible qu'il pouvait supporter. Elle a eu besoin de lâcher cette bribe qu'elle s'est mise face à lui, face à tous et pour la première fois depuis des années, elle n'a pas pensé avant de dire quoi que ce soit. Elle est revenue cette Mara, spontanée, qui dit ce qu'elle pense, quand elle le pense. Cette personne qu'elle pensait avoir effacée de sa vie mais qui finalement, est peut-être encore là. A cet instant, elle sait qu'elle pourrait dire plus de chose, pourtant, elle se retient, voulant tenir ses propos.

Ralph ne se montrait pas tendre avec la jeune femme, mais il avait des circonstances atténuantes. La jeune femme était sur une pente glissante. Il y a encore quelques jours elle lui avait rendu sa bague, elle avait clamé qu’elle avait refait sa vie et avait accepté de sortir de la sienne pour leur bien à tous les deux. Maintenant elle semblait inquiète de ce qu’il aurait pu faire de la bague comme si ça comptait encore pour elle. Tout ceci n’était pas cohérent. Si elle était vraiment intéressée par la bague elle n’aurait pas la lui rendre pourtant, tout était fini. Elle était avec quelqu’un d’autre. Ralph s’interrogeait donc sur ses motivations à juste titre. Quant à Mara elle se montrait sur la défensive, lassée de ses commentaires. Elle n’avait pourtant, pas le droit de poser une telle question et de ne pas y répondre. Elle remuait le couteau dans la plaie et n’en avait même pas conscience. Ralph devait faire quoi ? La laisser faire ? Il était complètement perdu par la situation et il essayait d’y voir plus claire. Il espérait que par respect pour lui elle serait franche. Il méritait d’entendre la vérité. Ralph se montrait peut-être rude, mais c’était à la hauteur de la souffrance qu’il ressentait. Mara était la femme de sa vie et pourtant, elle appartenait désormais à un autre. Il s’était réveillé seul sans sa fiancée à ses côtés. Puis il avait appris qu’elle ne l’avait pas attendu, qu’elle avait perdu espoir et qu’elle avait abandonné leur histoire. C’était déchirant pour Ralph qui peinait à s’en remettre. Chaque jour il devait trouver la force et une raison de se lever. Parfois, il n’en trouvait aucune et tomber une fois de plus sur Mara n’arrangeait pas la situation. Il voyait ce qu’il avait perdu, ce qu’il avait pu avoir, mais qu’on lui avait enlevé. Alors oui il n’avait pas envie de l’avoir sous le nez. C’était compréhensible qu’il essaye de refaire sa vie. Il avait l’impression davantage de survivre que de vivre, mais c’était sa responsabilité. Mara était partie avec un autre et ça ne la concernait plus. Il ne supportait donc pas qu’elle lui pose certaines questions parce qu’il n’est plus son problème et qu’elle ne peut continuer à agir ainsi. Elle a un pied dedans et un pied en dehors. Soudain, Mara ne resta plus silencieuse, elle se mit à parler pour ne pas dire à s’énerver. Elle déversait sa frustration sur lui et il pouvait le supporter, mais pas le comprendre. Elle réagissait en victime comme si c’était le méchant de l’histoire. Ralph voulait essayer de se contenir, mais l’attitude de Mara le faisait sortir de ses gonds. « Qu’est-ce que tu voudrais que je fasse ? Que je te laisse avoir une place dans ma vie ? Qu’on devienne amis ? » Lui demanda Ralph avant de laisser échapper un petit rire ironique. Cette idée était complètement idiote. Jamais il n’accepterait d’être son ami, d’être dans sa vie alors qu’il n’est pas celui qui fait battre son cœur. Il se demandait cependant, ce qu’elle attendait de sa personne. Elle semblait vouloir continuer à se préoccuper de lui, à l’aider, mais elle ne l’aidait pas bien au contraire. Elle le menait vers le bas à ressasser le passé et à ne pas voir la réalité en face. C’était dur, froid, mais il préférait ne pas la revoir, ne pas l’avoir dans sa vie plutôt que de la voir avec quelqu’un d’autre. « Tu ne comprends pas que je ne peux pas faire ça, t’avoir auprès de moi sachant que tu n’es pas avec moi. Bordel tu as abandonné, tu nous a abandonné pour un autre et je devrais m’en remettre, refaire ma vie ? J’essaye de le faire, mais je ne peux pas si tu es dans le coin. » Lâcha le beau brun. Il avait besoin qu’elle l’aide à passer à autre chose parce que si elle restait près de lui il n’allait pas aller de l’avant, il allait conserver cet espoir idiot qu’elle allait lui revenir. Il ne pourrait pas s’en sortir parce qu’elle ne lui reviendrait pas. « Tu penses que c’est facile de savoir que tu es avec un autre, que tu en aimes un autre et que tu vas passer le reste de ta vie avec lui plutôt qu’avec moi ? » Lui demanda Ralph. Il n’attendait pas de réponse c’était une question rhétorique. Cette pensée lui brisait le cœur parce qu’il avait toujours cru qu’ils étaient fait l’un pour l’autre, qu’elle était son âme sœur et finalement il s’était trompé sur toute la ligne. Il n’était qu’un chapitre dans sa vie amoureuse, alors qu’elle était toute sa vie. Il n’essayait pas de la culpabiliser, de la faire revenir, mais de lui faire comprendre la réalité de la situation. « Alors oui on devrait rester silencieux jusqu’à ce qu’ils viennent nous aider et on ne devrait plus avoir de contact parce que tu as fait un choix et tu devrais commencer à en assumer les conséquences parce que tu ne peux pas avoir un pied dedans et un pied dehors. Et on sait tous les deux que ton cœur n’est plus avec moi. » Fini par lui dire Ralph avant de souffler. Il se mura ensuite dans un silence n’attendant pas de réponse de sa part. Il ne pensait pas qu’une réponse de sa part pourrait l’aider. Il attendait juste que le temps passe et qu’on vienne les aider. Il ne voulait plus repenser à ça, il voulait enfouir sa douleur au fond.

Alors qu'elle profite de son inattention pour dévisager une fois encore Ralph, Mara se demande pourquoi son quotidien est si compliqué? Pourquoi a-t-il fallu qu'il ait un accident? Pourquoi a-t-il fallu qu'il lui soit arraché de la sorte durant si longtemps? Elle avait tout ce qu'elle pouvait rêver, sa vie était parfaite, même avec ses inconvénients et en une seconde, elle a volé en éclat, perdant tout intérêt pour la jolie brune. « Qu’est-ce que tu voudrais que je fasse ? Que je te laisse avoir une place dans ma vie ? Qu’on devienne amis ? » En entendant les propos de Ralph, elle reste silencieuse, encaissant une nouvelle fois son cynisme, étant blessée par son rire. Pourtant, fort est de constater, que ses questions font réfléchir Mara, qui se rend compte à quel point la situation est condamnée. Ils ne pourront jamais être amis. Ils ne l'ont jamais été. Ils ont été habitués à être tout, et devenir rien, seraient tellement plus difficiles. Elle ne sait pas ce qu'elle voudrait. Elle voudrait que les choses soient plus simples, elle voudrait... ce qu'elle voudrait est bien trop utopique, elle voudrait que cette situation ne les touche pas autant. Et pourtant, ce n'est pas le cas. Les deux sont comme des mèches, se promenant trop près du feu, se consumant, mais surtout, se brûlant. Il est déplacé de sa part, de vouloir avoir une place dans la vie de Ralph, mais elle ne sait ce que c'est que de ne plus l'avoir dans le sien. Elle l'a abandonné à son sommeil, en cessant ses visites. Certes. Mais jamais, elle ne l'a oublié totalement, jamais une journée ne s'est passé sans qu'un détail du quotidien ne lui rappelle son fiancé ensommeillé. Elle n'imagine pas les souffrances éprouvées par Ralph, même si une partie d'elle s'en doute. Mais fait est de constater, que lui-même ne semble pas comprendre la situation de Mara, ce qu'elle a pu traverser, ressentir. Elle ne le blâme pas. Mais elle aimerait, qu'il essaie, quelques secondes seulement, de se mettre à sa place. De s'imaginer ce qu'on ressent quand d'un coup on perd tous ses repères, quand on perd cette personne qui était le point fixe de notre existence. Celle sur qui on pariait tellement, qui était un roc sur lequel s'appuyer. Elle a cru ne jamais pouvoir sortir de ses ténèbres qui l'ont envahi quand il est sorti de sa vie. Sa vie s'est arrêtée, au même moment où elle a reçu ce coup de téléphone. Son existence se résumait à Ralph, elle allait le voir, pleurait son absence et espérait qu'il revienne, qu'il fasse un geste qui signifierait que son état s'améliore. Mais jour après jour, elle s'est heurtée à ce mur imaginaire, aussi dur que du béton. Petit à petit, elle perdait une partie d'elle. Elle a arrêté de vivre en même temps que lui. Mais au bout de trois ans, elle a décidé d'essayer de survivre, peu importe à quel point cette décision a pu être difficile à prendre. "« Tu ne comprends pas que je ne peux pas faire ça, t’avoir auprès de moi sachant que tu n’es pas avec moi.  Bordel tu as abandonné, tu nous a abandonné pour un autre et je devrais m’en remettre, refaire ma vie ? J’essaye de le faire, mais je ne peux pas si tu es dans le coin. »  Elle accepte ses reproches, une fois encore, sauf que cette fois, elle ne peut s'empêcher de laisser échapper une larme qui roule le long de sa joue. Ce qu'il dit, elle se l'ait déjà dit, des dizaines, des centaines de fois, si ce n'est plus. Elle ferme les yeux un instant, pour empêcher les autres de suivre et sert la mâchoire. Son rythme cardiaque s'accélère, comme il l'a toujours fait en présence de Ralph, mais cette fois, comme à chaque fois depuis qu'il s'est réveillé, cette sensation est douloureuse. Sans ouvrir ses yeux, elle essuie le passage de cette perle salée et inspire profondément. Quand elle rouvre ses paupières, celles-ci tombent directement sur celles de Ralph. Je-J... Mais les mots ne viennent pas, ils se heurtent à un nouveau mur invisible, qui se fissure encore un peu plus. Je sais... Et je suis désolée. Dans un coin de sa tête, elle se remémore ces souvenirs douloureux, sûrement les pires de sa vie. Se rappelant la douleur, le désespoir qu'elle a ressenti. Mais quand tu as eu ton accident, que tu m'as laissé ici, toute seule.. J-Je suis partie avec toi. J'ai passé des jours, des semaines à ton chevet, à espérer que tu te réveilles. A prier je ne sais quel dieu pour que tu reviennes. J'étais désespérée... Ma vie s'est arrêtée quand tu es partie et ce, durant des années. Dans sa voix, on entend l'émotion, les souvenirs de cette détresse qu'elle a durant longtemps ressentie. Je ne minimise pas ce que tu as vécu, ce que tu peux ressentir à cette instant et depuis que tu es réveillée... Mais j'ai vécu l'enfer. Je nous ai abandonné pour pouvoir survivre. Et-Et je vivrais avec ça jusqu'à la fin de ma vie.. Son coeur se serre à la pensée des mots qui vont suivre. Et puisque c'est moi qui t'empêche de redémarrer ta vie, alors je ne serais plus là. Perdue, la jeune femme trouve cette pensée insurmontable, mais elle tente de contenir ses émotions, bien que cela soit peine perdue. « Tu penses que c’est facile de savoir que tu es avec un autre, que tu en aimes un autre et que tu vas passer le reste de ta vie avec lui plutôt qu’avec moi ? » Le visage de Dom se dessine dans son visage, la perdant davantage, lui faisant ressentir une culpabilité encore plus grande. Si elle se sent responsable vis-à-vis de Ralph, elle est également responsable des cachotteries qu'elle fait à son compagnon actuel. Elle ne répond pas, car elle sait que cette question n'attend pas de réponse. Pourtant, elle n'en est pas moins douloureuse. Comme tous les échanges qu'elle semble avoir avec Ralph, qui lui signifie que c'est la fin. Vraiment la fin. « Alors oui on devrait rester silencieux jusqu’à ce qu’ils viennent nous aider et on ne devrait plus avoir de contact parce que tu as fait un choix et tu devrais commencer à en assumer les conséquences parce que tu ne peux pas avoir un pied dedans et un pied dehors. Et on sait tous les deux que ton cœur n’est plus avec moi. » Et pourtant. Qu'elle se dit intérieurement. Elle sait, douloureusement, que sa relation avec Ralph est terminée. Que maintenant c'est avec Dom qu'elle doit construire un avenir, Dom cet homme doux et prévenant, présent pour elle, ne la brusquant pas. Celui qu'elle devrait aimer entièrement, sans retenue, sans hésitation. Un homme comme on en rencontre peu désormais. Comme le dit Ralph, c'est lui qu'elle a choisi. Elle doit donc faire face à ses choix. Bien, puisque c'est ce que tu veux (...) Mais pour ce que ça vaut, cela fait bien longtemps qu'une partie de mon coeur n'est plus là.. Elle a beau avoir choisi sa relation avec Dom, une partie de son coeur demeurera toujours à Ralph, lui sera toujours attachée. Peu importe le temps qui passe, les mots échangés. C'est un fait établi depuis de nombreuses années. Il a pris cette partie d'elle à l'instant même où il est entré dans sa vie et son accident, la décision de Mara d'avancer dans sa vie, n'y ont rien changé. Elle finit par se replier sur elle-même, remontant ses genoux sur sa poitrine. Elle croise ses bras, qui s'appuient sur ses genoux, et finit par poser sa tête dessus, épuisée de se battre. De ressasser ce passé douloureux. Se murant dans ce silence souhaité par Ralph qui est lourd et étouffant.

Ralph savait qu’il avait des mots difficiles à entendre pour Mara. Elle n’était pas prête à le voir déverser ce qu’il retenait en lui. Cependant, il en avait besoin et c’était le moment de le faire. Il ignorait s’il allait la revoir un jour. Il partait du principe qu’après cet évènement il ferait tout pour ne plus la croiser. Ralph ne pouvait pas continuer à vivre ainsi dans l’espoir qu’elle lui revienne. Même s’il ne l’avouerait surement pas, il avait continué à espérer qu’un soir elle vienne frapper à sa porte, qu’elle lui dise que tout était fini avec Dom et qu’elle l’embrasse, mais ça n’était jamais arrivé. Bien au contraire, elle était venue lui rendre sa bague lui brisant ainsi le cœur. Ralph n’avait donc plus rien à perdre et il avait pris la décision d’ouvrir son cœur même si ça allait lui faire mal. Il ne pensait pas qu’il aurait de nouveau cette occasion. La jeune femme essayait de lui expliquer combien c’était difficile pour elle ces années sans lui. Il entendait ce qu’elle disait et ne minimisait pas la douleur. Il n’imaginait pas ce qu’il aurait fait si la situation était inversée, cependant ça n’expliquait pas tout. Ralph ne comprenait pas sa décision de rester avec Dom à son réveil. Il était sûrement naïf d’imaginer qu’elle le laisserait tomber pour retourner avec lui. Il pensait qu’ils étaient faits pour être ensemble malheureusement il avait eu tort et les choix de la jeune femme le lui avait prouvé. Ralph ne pouvait pas la laisser continuer à parler comme si elle avait simplement survécu. Mara devait accepter ses choix et ne plus se cacher. Elle semblait cependant commencer à comprendre que pour survivre il avait besoin qu’elle s’efface. C’était finalement plus facile à dire qu’à faire. Elle disait qu’elle allait le faire, mais il savait que ce n’était pas le cas. Pour le moment, aucun des deux n’en étaient capables. « D’accord c’était difficile pour toi je ne le démens pas. Tu n’avais aucune idée de si j’allais me réveiller et tu avais besoin de réconfort. Mais je me suis réveillé, je suis revenue pour nous et tu aurais pu revenir vers moi, on aurait pu recommencer... » Lui fit remarquer Ralph. On sentait une pointe de déception et de tristesse dans sa voix. Il n’était pas en colère, il était perdu, mais il acceptait sa décision. « Tu as fait le choix de rester avec lui alors oui tu nous as abandonné. » Rajouta le beau brun. Après ça il espérait qu’elle allait prendre conscience de certaines choses et qu’elle allait enfin admettre sa part de responsabilité. Ralph pouvait sentir que Mara n’était pas complètement honnête avec elle-même ou encore lui. Elle essayait sûrement de se convaincre qu’elle avait fait le bon choix en restant avec Dom et qu’elle devait continuer sa vie. Cependant, elle n’était pas convaincante, elle semblait troublée par la situation. Elle ne faisait pas illusion. Sa dernière phrase aurait dû soulager Ralph, mais ça n’était pas le cas. Il se demandait ce qu’elle cherchait vraiment à dire. On aurait dit qu’elle laissait une fenêtre ouverte. Elle insinuait qu’une partie de son cœur n’était plus à Dom, pas non plus à lui, mais morte. Cette fois-ci, Ralph pouvait sentir que Mara l’aimait encore même si ça la tuait à petit feu. La jeune femme se mura dans un silence en attendant que les secours arrivèrent. Quelques minutes après, leur supplice pris fin puisque quelqu’un vint les aider et que la lumière revint vers eux. C’était le moment de se séparer, de se dire au revoir une fois pour toute. C’était finalement beaucoup plus difficile qu’il ne le pensait. Il avait de nouveau eu cette lueur d’espoir alors abandonner Mara lui déchirait le cœur. Il avait l’impression que tout n’était pas fini. Dans un élan de folie, Ralph se laissa submerger par ses émotions et ne contrôla plus ses actes. Il se tourna une dernière fois vers Mara et planta son regard dans le sien. Cette fois-ci ça n’était plus triste, plus déchirant, mais intense. Ils sentaient tous les deux cette connexion si spéciale. Ralph posa sa main sur sa joue avant de l’embrasser. Ce baiser doux au départ se transforma en fougue comme si c’était leur dernière baiser, celui qu’ils auraient dû avoir il y a si longtemps. Quelques secondes plus tard, il se recula avant de lui dire : « Je te laisse réfléchir à où se trouve vraiment la place de ton cœur. » C’est vrai ça n’était pas juste pour elle, pas juste pour Dom, mais il se devait de le faire, de se battre une dernière fois pour la femme qu’il aimait. Ralph disparut ensuite laissant la jeune femme face à ses sentiments.

Sujet terminé.