Cause you sure look good to me / Dove

Ralph n’avait pas oublié que lorsqu’il irait vraiment mieux, Dove avait certifié qu’elle accepterait de boire un café en sa compagnie. Il fallait dire que l’alchimie entre eux était palpable depuis déjà quelques temps. Elle s’était montrée vraiment douce et présente à ses côtés. Puis ils avaient appris à se connaitre et s’étaient mutuellement appréciés cependant, la relation patient/professionnel les empêchait de se voir en dehors de l’hôpital. Désormais, Ralph n’était plus un patient, il faisait sa rééducation ailleurs et il avait proposé à la jeune femme par texto de se voir pour voir un café. A sa grande surprise, Dove avait rapidement accepté. Il pensait qu’elle aurait pu se défiler ou simplement lui avoir dit ça pour l’encourager, mais elle tenait ses promesses. Peut-être que finalement il lui plaisait vraiment et qu’elle avait ressenti la même chose. C’est vrai qu’elle avait rougit et paru intéressée, mais avec les femmes on ne sait jamais vraiment comment s’y prendre.  Depuis Mara, il avait eu quelques rendez-vous ratés alors il espérait qu’il n’allait pas tout gâcher entre eux. Dove était la seule femme qui lui donnait envie de faire un effort et d’aller de l’avant. Il avait compris que sa relation avec Mara était sûrement compromise. Il en avait assez de courir après une femme qui n’est pas sûre de ses sentiments. Il n’a plus envie de se sentir comme le second choix, le second rôle. Il doit aller de l’avant. Pour Ralph, Dove n’est pas une roue de secours c’est bien plus. Il sentait qu’il pouvait y avoir quelque chose entre eux. Ralph était assez anxieux, il voulait que les choses se passent bien. Il avait envie que ce soit le premier rendez-vous d’une longue série. Il préférait choisir un café sympathique et cosy afin de ne pas se mettre de pression. Il n’était pas dans l’exagération, le bling blling et il savait que Dove non plus. Il n’avait pas besoin de l’éblouir avec de grands restaurants etc. Il préférait faire dans la simplicité. Ralph avait choisi une tenue casual, mais élégante. Il avait envie qu’elle voie l’homme derrière le patient. Il n’était plus aussi faible. Il était en position d’égal et ça lui plaisait. Il avait taillé sa barbe afin de ne pas passer pour un ours mal léché. Ralph était en avance pour le café. On était en fin d’après-midi et il faisait assez froid. Il décida de l’attendre à l’intérieur. Il était impatient de partager ce moment en sa compagnie. Il était en train de regarder son téléphone lorsqu’il eut le plaisir de la voir arriver devant lui. Il se rendait compte qu’elle était encore plus jolie sans sa blouse d’infirmière. Elle avait une élégance naturelle sans trop en faire. Il ne pu s’empêcher de lui sourire avant de lui faire signe de s’asseoir. Il ne savait pas vraiment comment la saluer. Il décida de faire dans la sobriété. « Je suis ravie de vous voir. » Lui confia simplement Ralph. On pouvait voir ses yeux malicieux briller. Ils avaient l’air tous les deux nerveux, mais ravis d’être là. Il se rendit ensuite compte qu'il venait de la vouvoyer alors il se permit de lui proposer : « Puisque nous avons dépassé le stade professionnel, peut-être qu’on pourrait commencer par se tutoyer ? » Il n'avait pas envie d'être trivial, mais d'installer une ambiance agréable et de se mettre à l'aise.

Les semaines avaient passés sans que Dove n'ait eu de nouvelles de Ralph. Avec l'euphorie des fêtes de fin d'année et l'augmentation du nombre de patients que cette période impliquait à l'hôpital, la jolie blonde n'avait pas réellement eu le temps de s'en inquiéter même si dire qu'elle n'avait pas du tout pensé à Ralph au cours des semaines passées aurait été un mensonge effronté. Au contraire, la jeune infirmière s'était souvent demandé ce qu'il advenait de celui qu'elle appelait autrefois très affectueusement son patient préféré. Après leur petite discussion au cours de laquelle ils avaient convenus de prendre un café ensemble une fois qu'il serait guéri et par conséquent, plus son patient, Ralph ne s'était plus présenté à l'hôpital, au grand regret de la jeune femme qui s'était mise à trouver le temps long. L'idée avait finit par germer dans son esprit que peut-être l'avocat n'avait finalement pas trouvé la motivation suffisante et avait préféré abandonner, le jeu n'en valant peut-être pas la chandelle. Puis la vie avait continué, les gardes s'étaient enchainées. L'affluence à l'hôpital avait été telle que la jeune femme avait même accepté de prêter main forte aux urgences le soir du réveillon de la saint sylvestre. C'est au milieu d'une salle d'attente noire de monde qu'elle avait égrené le décompte jusqu'à la nouvelle année, un sourire épuisé aux lèvres. Quoi que lui réserve cette nouvelle page de son histoire, Dove espérait que l'année lui soit aussi douce que possible.
C'est en franchissant la porte de son appartement douze heures plus tard que la jolie blonde avait senti son téléphone vibrer dans la poche arrière de son jean. Un sourire réjouit avait immédiatement illuminé son visage et malgré la fatigue accumulée et son irrépressible envie d'aller se coucher, Dove n'avait pas hésité une seule seconde à répondre à Ralph. Bien sur qu'elle serait ravie de prendre un café avec lui!
C'est pour cette raison qu'elle pressait le pas dans les rues de New-York en cette fin d'après-midi. Elle avait passé une partie de la journée à l'hôpital dans son déguisement de fée à amuser les enfants en compagnie de Cortex et Minus et avait tout juste eu le temps de rentrer se changer et déposer ses deux adorables chiens avant de filer en direction du café. Optant pour la sobriété, elle s'était contentée d'une jupe patineuse bordeaux agrémentée de gros collant noirs, d'un simple chemisier blanc et d'une paire de cuissardes à talons plats, le tout surmonté d'un trench beige et d'une écharpe épaisse. Elle avait fait si vite de peur d'arriver en retard au rendez-vous fixé par Ralph qu'elle avait oublié d'effacer le petit coeur en paillettes vertes qui ornait l'os de sa pommette droite.
Légèrement essoufflée, c'est malgré tout tout sourire qu'elle se présenta finalement devant l'avocat qui l'attendait à l'intérieur du café. «Moi aussi...» Souffla-t-elle en mordillant sa lèvre inférieure. « J'espère que je ne vous ai pas trop fait attendre... » Ajouta-t-elle en tirant la chaise pour s'asseoir en face de Ralph à qui elle adressa un nouveau sourire qui fit scintiller les petites paillettes sur sa joue. Dénouant son écharpe, sa petite course à travers la foule lui ayant donné chaud, Dove haussa un sourcil curieux lorsque Ralph reprit la parole et acquiesça vivement à sa proposition. «Oui bien sur... Comment allez... Je veux dire... Comment vas-tu? Ca fait longtemps...» Se reprit-elle avec un nouveau sourire.

Ralph espérait que ce petit café allait les rapprocher. Il avait vraiment envie d’apprendre à la connaitre. Il voulait connaitre la femme derrière l’infirmière. Il connaissait ses qualités, mais il voulait en savoir plus. Il voulait découvrir tout d’elle. Elle paraissait si saine, parfaite il avait aussi envie de connaitre ses défauts qui l’a rendrait plus humaine et accessible. Dove lui donnait le gout de sortir, de reprendre sa vie en main. D’ailleurs ce n’était pas pour rien qu’il était de nouveau sur pieds. Il avait eu un objectif et c’est un homme têtu. Même si aujourd’hui il apparait plus calme et serein c’était quelqu’un d’impulsif avant son accident. Il ne change jamais d’avis ou presque. Il est entier et il sait qu’il ne changera pas d’avis sur ce qu’il pense de Dove. Peu importe comment se déroule cette soirée, Ralph n’oubliera jamais que Dove a été l’une de ses infirmières les plus présentes. Elle l’a vu dans tous ses états et a continué de le soutenir. Elle a été d’une patience et d’une gentillesse infinie. Elle l’a dépérir lorsqu’il a appris que Mara était avec un autre, refuser d’aller voir un kiné en se rendant compte qu’il était diminué. Elle a su trouver les mots pour l’apaiser et l’encourager à se dépasser. C’est aussi pour ça qu’il a tant d’affection pour elle. Il lui doit beaucoup et il en est conscient. Le fait qu’elle soit par la même occasion sublime arrangeait les choses. Elle avait tout pour plaire. « Pas du tout. » Lui répondit Ralph. Il ne disait pas ça pour la mettre à l’aise, au contraire il n’était pas arrivé depuis très longtemps. Il savait que Dove était une jeune femme ponctuelle. De toute façon, elle valait bien le coup d’attendre quelques minutes. Il était déjà satisfait qu’elle ait eu le cran de venir et qu’elle n’ait pas annulé au dernier moment. Il était rassuré sur le possible intérêt qu’elle pourrait avoir pour lui. Ralph était ravie qu’elle accepte de le tutoyait, il trouvait ça plus sympathique et apaisant. Elle n’était plus l’infirmière qui s’occupait de lui. Il changeait leur relation pour quelque chose de meilleur et apparemment la jeune femme le laissait faire avec joie. Il voyait qu’elle essayait de le tutoyer, mais que ce n’était pas encore gagné. Elle était attendrissante en faisant ça. « De mieux en mieux, j’avais une bonne raison de me reprendre en main. » Lui répondit le jeune homme avec un sourire en coin. C’était aussi une façon pour lui de le remercier pour son dévouement, ses encouragements. Ce n’était pas uniquement pour la séduire. Il ne savait d’ailleurs toujours pas comment s’y prendre. Il ne voulait pas être trop pressant. Il lui demanda ensuite : « Et toi ? » Soudain, le serveur les interrompu afin de prendre leur commande. Il savait qu’elle allait rapidement découvrir quel gourmand il est. Il faut dire que manger est un de ses réconforts. Si on veut passer par son cœur il faut commencer par l’estomac. « Un café serré pour moi et un donut. » Commanda Ralph avant de regarder Dove afin qu’elle donne sa commande à son tour. Il était intéressé par ce qu’elle pourrait prendre. En effet, il pensait qu’on en apprenait beaucoup sur son personnage en regardant ce qu’elle mangeait.

Un sourire étira les lèvres de Dove lorsque Ralph la rassura à propos de son retard. Elle s'en serait voulu d'avoir fait attendre son rendez-vous même si quelques minutes de retard n'auraient été que pure justice compte tenu des nombreuses fois où l'avocat l'avait fait poireauter dans les couloirs de l'hôpital, sans compter toutes celles où il ne s'était tout bonnement pas montré! Heureusement, cette fois Ralph était bel et bien là. Les semaines écoulées n'avaient rien enlevées à son charme redoutable et la simplicité de sa tenue soulignait son élégance naturelle. Dove peinait à en croire sa chance.
Son éternel sourire aux lèvres, elle s'installa à la table et entreprit de se défaire de son manteau tout en entamant la conversation. Elle était vraiment ravie d'être là et d'avoir enfin des nouvelles de Ralph qui à en croire ses dires, se sentait de mieux en mieux. Cette nouvelle ne pouvait que réjouir l'infirmière à qui la seconde partie de la phrase de son ancien patient n'échappa pas pour autant. Il avait une bonne raison de se reprendre en main . Quand bien même sa raison aurait pu être tout à fait étrangère à leur rendez-vous, Dove sentit malgré tout le rouge lui monter aux joues lorsqu'elle aperçut le petit sourire venu étirer la commissure des lèvres de l'avocat. « Je suis vraiment contente pour toi… ». Peut-être aurait-il été plus exact de dire qu’elle était réellement contente pour eux. Après tout, l’amélioration de la santé de Ralph jouait en leur faveur à tous les deux. Il retrouvait la forme, et elle y gagnait le rendez-vous qu’elle avait secrètement espéré voir arriver un jour avec un homme charmant. Elle-même n’aurait pas pu aller mieux ! Elle prit une grande inspiration et bascula légèrement en arrière sur sa chaise tout en haussant légèrement les épaules, un sourire léger toujours sur les lèvres. « Je vais bien… Tous mes patients sont toujours à l’heure… Elle ponctua ses paroles d’un petit sourire espiègle à l’attention de Ralph – Je n’ai pas une seule minute à moi. J’ai l’impression qu’il y a des lustres que je n’ai pas pris le temps de m’asseoir pour prendre un café… C’est agréable... » Interrompue par l’arrivée du serveur à qui elle adressa un sourire poli, la jolie blonde laissa Ralph commander en premier et prit le temps de consulter le menu. Un sourire fugace égaya son visage concentré lorsqu’elle entendit la commande de l’avocat. Elle n’était pas réellement étonnée par sa commande. Elle lui ressemblait. Un café noir, amer en bouche, et un donut, pour la douceur qu’elle avait toujours soupçonné chez lui. Reposant finalement la carte, Dove releva d’abord les yeux vers son rendez-vous, comme pour s’assurer qu’il était toujours bel et bien là, avant de reporter son attention sur le serveur. « Un thé vert, sans sucre et une part de tarte à la framboise, énonça-t-elle avec douceur – S’il vous plait ». Elle ignorait ce que sa commande pouvait révéler sur sa personnalité. Si comme elle, Ralph serait conforté dans l’idée qu’il avait de sa personne, ou si au contraire, son choix le surprendrait. Dove n’aimait pas le café, ni le goût, ni l’odeur. Elle n’aurait pas dit non à un donut, mais préférait au sucré d’un beignet, l’acidité des framboises.
Le silence s’installa à nouveau autour de leur table sans pour autant se faire gênant. Tout autour d’eux, le monde continuait de tourner même si Dove n’avait d’yeux que pour Ralph. « Je suis vraiment contente que tu m’ais recontactée… Les yeux baissés vers le sol, comme pour rendre son aveu plus facile à prononcer, la jeune infirmière releva finalement les yeux sur l’avocat à qui elle adressa un sourire timide. – J’avais peur que tu n’aies perdu mon numéro… » Il n’avait pourtant pas mit si longtemps à la recontacter. Au contraire, son état semblait s’être amélioré de façon fulgurante. Mais depuis qu’il avait franchi la porte de la petite salle de soin où il avait finalement trouvé le courage de l’inviter à sortir, Dove avait trouvé le temps trop long. Plus encore lorsqu’il avait fini par ne plus revenir…

C’était la première fois qu’ils se voyaient en dehors de l’hôpital et c’était important d’apprendre à se connaitre, mais surtout de développer une réelle alchimie. Il n’a pas envie d’aimer l’image qu’il a d’elle et réciproquement. Il a envie qu’elle le connaisse réellement. Il n’a pas envie de jouer un rôle qui risquerait de la décevoir. Il savait qu’il n’était pas l’homme le plus amusant, le plus stable, mais il était toujours franc. Il ne comptait pas jouer avec elle ou ses sentiments. S’il avait fait le pas en avant de l’inviter c’était qu’il avait un intérêt pour elle. Dove lui racontait rapidement son quotidien à l’hôpital qui ne changeait pas. Au passage, elle laissait échapper une petite plaisanterie au sujet de l’heure, mais ça le faisait plus sourire qu’autre chose. Cependant, il pouvait sentir la fatigue de la jeune femme lorsqu’elle lui disait qu’elle n’avait pas une minute à elle. Elle aimait son travail, mais il n’était pas dupe il savait que les conditions de travail ne sont pas évidentes. Il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour elle. C’était une preuve de son attachement naissant pour la jeune femme. Elle ne le laissait pas indifférent. Il était cependant satisfait qu’elle soit heureuse de passer ce moment en sa compagnie. « Tu devrais peut-être penser à prendre du temps pour toi, je ne voudrais pas qu’il t’arrive quelque chose. » Lui conseilla Ralph avec un regard assez doux. Il n’était pas dans le jugement, mais dans la bienveillance. Il savait que son métier était une vocation, mais il était inquiet pour elle. « Crois-moi je m’y connais. » Rajouta le beau brun. Il n’avait pas non plus fait attention à sa santé. Il vivait à cent à l’heure et peut-être que s’il avait fait plus attention il n’aurait pas eu cet accident qui à bouleverser sa vie pour toujours. Dove semblait assez gourmande et ça lui plaisait. Il fallait avoir de l’appétit pour lui plaire, c’était assez drôle, mais c’était ainsi. Il avait envie de passer un bon moment en sa compagnie, chercher à connaitre la jeune femme derrière l’infirmière. Il ne garantissait pas une happy ending, mais il avait envie d’essayer d’aller de l’avant et jusqu’ici Dove était la seule femme qui lui avait donné envie de sortir de sa coquille. La dernière phrase de Dove, l’interpellait. Ralph était en train de comprendre qu’elle avait pu penser qu’il ne l’appellerait pas. C’était assez touchant parce que ça voulait dire qu’elle avait attendu qu’il la contacte. Il avait enfin la preuve qu’il attendait qu’il ne lui avait pas forcé la main, elle en avait vraiment eu envie. Un sourire apparut alors sur son visage. Il avait oublié depuis un moment ce que c’était et ça lui faisait du bien. « Ne t’inquiète pas, j’aurais su retrouver le chemin de l’hôpital pour t’inviter à boire ce café si c’était le cas ! » Lui rétorqua Ralph pour la rassurer et réitérer son intérêt pour elle. Autrement dit, il lui disait bien que quand on veut on peut. Il ne savait pas vraiment quoi dire d’autre. Il fallait dire qu’il n’avait pas d’expérience en rendez-vous. Il n’en avait pas eu depuis des années. Il était rouillé et ça se voyait, mais il ne s’ennuyait pas pour autant. Il cherchait cependant, quoi dire. Ils semblaient tous les deux assez nerveux. Ils avaient sûrement trop envie que ça marche pour laisser place au naturel. « On est censé faire quoi maintenant ? » Lui demanda le beau brun avant de se mettre à rire. Il n’avait aucune idée de ce qui devait se passer. Dans un rendez-vous, c’était assez guindé et ce n’était pas forcément ce qu’il voulait faire. Il avait envie de profiter de ce moment sans pour autant se mettre de la pression. Il n’avait pas envie que ça change de d’habitude.

Les incisives plantées dans sa lèvre inférieure, Dove esquissa un sourire et releva les yeux vers Ralph lorsqu’il lui conseille de prendre soin d’elle. Figée dans sa contemplation de l’avocat, elle ne réalisa que quand le souffle commença à lui manquer, qu’elle avait cessé de respirer au moment où  il avait ajouté qu’il ne voulait pas qu’il lui arrive quoi que ce soit. C’était une chose d’avoir rendez-vous avec un homme charmant qui lui plaisait.  C’en était une autre d’avoir rendez-vous avec un homme charmant à qui elle plaisait également et qui semblait tenir à elle. Du moins autant que l’on pouvait tenir à quelqu’un que l’on connaissait relativement peu, mais à qui on était attaché malgré tout. Dove était surprise dans le meilleur des sens du terme. Bien sûr, la jolie blonde se doutait qu’il n’était pas totalement insensible à elle, -pourquoi l’aurait-il invité à ce petit tête à tête autrement ?-, mais elle était heureuse de constater qu’il s’inquiétait pour elle tout comme elle s’était inquiétée pour lui au cours des cinq dernières années. Professionnellement d’abord, avec la bienveillance du soignant pour son patient, puis plus intimement ensuite, lorsqu’il était enfin sortit de son long coma. La jeune femme n’avait pourtant jamais dépassé la limite. Une limite qui désormais n’avait plus lieu d’être, elle s’en rendait bien compte.
Les joues rosies, elle hocha la tête positivement, un sourire joyeux aux lèvres qui se transforma rapidement en un rire léger lorsque l’avocat lui assura savoir de quoi il parlait. « Je vais y penser, c’est promis » lui assura-t-elle avec un sourire qui se voulait convaincant. Elle savait que Ralph avait raison, qu’il lui fallait se préoccuper de sa propre santé plutôt que de toujours penser aux autres, mais Dove éprouvait une certaine difficulté à mettre cette résolution  en pratique, son emploi du temps en était la preuve la plus flagrante. Il était rare qu’elle s’accorde comme c’était le cas ce soir, des moments de répit, de détente. Et pourtant, assise là autour d’une table à discuter avec Ralph, quelque chose lui disait que dorénavant, elle aurait envie de s’offrir ce genre de pauses plus souvent, simplement parce qu’elle avait à présent envie de partager ce genre de moments avec quelqu’un. Et ce quelqu’un, c’était Ralph.
Ralph, dont le sourire qu’elle avait si peu eu l’occasion d’apercevoir depuis qu’ils se connaissaient lui fit palpiter le cœur légèrement plus vite qu’à l’accoutumée. A moins que cette réaction n’ait été due à l’affirmation de l’avocat selon laquelle il n’aurait pas hésité à retourner à l’hôpital pour l’inviter si la nécessité s’était présentée. Dove était réellement touchée par les paroles du beau brun, parce qu’elle connaissait son aversion pour cet endroit. Le silence retomba et Dove se mordit à nouveau la lèvre inférieure, ne sachant pas réellement quoi dire. Loin de son matériel médical et des gestes machinaux qu’elle enchainait sans réfléchir, elle se sentait un peu rouillée pour ce qui était de faire la conversation. Elle avait peur de dire ou faire quoi que ce soit susceptible de déplaire à Ralph. Pas qu’elle ait cherché à tout prix à lui plaire jusqu’ici, elle était toujours restée égale à elle-même, mais elle tenait vraiment à ne pas gâcher ce rendez-vous en parlant trop, ou pas assez… Dieu que les relations humaines étaient compliquées ! Heureusement, Ralph ne semblait pas en mener beaucoup plus large qu’elle et sa réflexion arracha un rire sincère à Dove qui se laissa aller contre le dossier de sa chaise avant de poser son regard doux et rieur sur lui. « Je ne sais pas vraiment… Je suppose que c’est le moment où on se raconte des anecdotes gênantes sur nos vies respectives ou qu’on se pose des questions ? » Interrogea-t-elle avec un nouveau rire. Se redressant sur sa chaise, détendue par sa propre plaisanterie, elle reprit rapidement la parole afin que le silence ne retombe pas de nouveau. « Je commence… A poser les questions ! » Lança-t-elle avec un sourire qui se transforma rapidement en une petite moue lorsqu’elle commença à réfléchir à ce qu’elle aurait aimé apprendre de lui. Elle connaissait déjà quelques détails, mais tout semblait encore à découvrir. « Ok, raconte-moi le moment le plus embarrassant de toute ta vie… » Proposa-t-elle avec un sourire espiègle.

Ralph essayait de se montrer prévenant envers la jeune femme sans être trop pressant. Elle était une jeune femme indépendante et libre, elle avait le droit de faire ce qu’elle voulait. Tout ce qu’il pouvait faire c’est de lui donner des conseils. Il n’avait pas non plus envie de plomber le rendez-vous. Il prenait le parti de la croire lorsqu’elle lui dirait qu’elle essayerait. Elle était infirmière elle savait ce que c’était que la santé. Dove semblait touchée lorsqu’il lui avait dit qu’il aurait été capable de retourner à l’hôpital pour l’inviter sûrement parce qu’elle savait combien il détestait cet endroit. Ça lui rappelait des souvenirs douloureux, mais une promesse était une promesse. Heureusement elle ne l’avait pas poussé à le faire, elle avait répondu à son message. Dove ne semblait pas à l’aise, mais elle était forcément plus à l’aise que lui. Il n’avait pas d’expérience depuis 2007 alors ça commençait à dater. « Tu es sûrement plus douée que moi, je n’ai fait ça depuis une dizaine d’années, mais pour ma défense j’ai été dans le coma durant la moitié du temps ! » Lui fit remarquer Ralph avant de laisser échapper un léger rire. Il arrivait à faire de l’autodérision sur sa situation. Il n’avait plus envie de se laisser emporter par le côté sombre des choses. Il avait de la chance d’être en vie et surtout en bonne santé. Il espérait cependant, que ça ne fasse pas fuir la jeune femme. En effet, elle savait bien qu’il avait été en couple sérieusement et ça jouerait sans doute sur leur relation à présent, mais il refusait de cacher son passé. Dove devait avoir toutes les cartes en main. Dove avait envie d’apprendre à le connaitre et elle voulait qu’ils se posent des questions. Il n’était pas contre, c’était une façon amusante de briser la glace et d’enlever la gêne. Dove lui demanda ce qui était le plus embarrassant de sa vie. Il avait pensé à dire lorsqu’il avait parlé à son réveil à tout le monde de son incroyable fiancée qui l’avait attendu durant cinq longues années alors que tout le monde savait qu’elle avait de nouveau quelqu’un. Il refusait d’en parler parce qu’il n’avait pas envie de gâcher son rendez-vous. Il voulait aller de l’avant alors il devait trouver une anecdote plus amusante et par chance il n’en manquait pas. « Je dirais quand j’avais vingt-trois ans, je suis entré dans l’équipe de cross et j’ai subi un bizutage basique. Pendant que je prenais ma douche les gars m’ont piqué mes vêtements. J’ai dû traverser une bonne partie de la fac à poil avec mes seules mains pour me cacher. » Lui raconta le beau brun. C’était la première fois qu’il en parlait sûrement parce qu’il aimait réserver sa fierté, mais la jeune femme avait posé la question il devait dire la vérité. « Evidemment il y avait du monde sur le campus. » Rajouta Ralph avant de se mettre à rire. Il gardait un bon souvenir parce qu’il avait grandi et avait appris à relativiser. A l’époque, il avait été rouge de honte. Il n’était pas forcément très musclé et il n’attirait pas autant les femmes. Maintenant, il arrive à rire de presque tout. Il but une gorgée de son café tout en observant Dove qui semblait amusée par la situation. Elle faisait un petit peu trop la maligne. Il allait devoir se venger gentiment. « Et le tien ? » Lui demanda-t-il. Il avait envie qu’elle donne de sa personne et qu’elle lui réponde. Il s’attendait à ce qu’elle soit franche. C’était la base du jeu pour apprendre à se connaitre réellement.

Un sourire compréhensif étira les lèvres de Dove qui haussa néanmoins les épaules lorsque Ralph lui fit remarquer qu’elle devait probablement être plus douée que lui en matière de rendez-vous galants. « Je ne parierais pas trop là-dessus à vrai dire…Bon, mon dernier rendez-vous ne remonte pas à dix ans en arrière c’est vrai, et je n'ai jamais été dans le coma, donc je n’ai pas la moindre excuse valable, mais je suis probablement aussi rouillée que toi… » Replaçant une mèche de ses cheveux derrière son oreille, la jolie blonde laissa échapper elle aussi un petit rire léger. Elle n’avait pas honte d’avouer que sa vie sentimentale était un désert sans fin, elle ne se souvenait même plus avec exactitude à quand remontais son dernier tête à tête avec un homme. Toujours est-il que la présence de Ralph ici, aujourd’hui, dans ce café, lui faisait l’impression d’une oasis en plein désert. Dove se sentait revivre, ou peut-être prenait-elle tout simplement de vivre pour elle-même pour la première fois depuis longtemps. Très longtemps.
Souhaitant en savoir plus sur Ralph, la jolie blonde proposa finalement qu’ils se posent mutuellement des questions, n’importe lesquelles, même les plus gênantes. Après tout, c’était la manière la plus facile d’en apprendre plus l’un sur l’autre et l’occasion aussi, de comparer leurs deux expériences de vie. Attentive, Dove haussa un sourcil curieux lorsque Ralph entama sa petite histoire et éclata de rire lorsqu’il acheva de la raconter, faisant briller le petit cœur vert sur sa pommette à chaque mouvement. « J’aurais donné cher pour être là… » Souffla-t-elle en posant son regard rieur sur l’avocat avant de se mordre la lèvre inférieure lorsqu’elle réalisa la portée de ses paroles. « Enfin pas pour te voir nu… Je veux dire… » Baissant les yeux, elle détourna le regard, légèrement rougissante et préféra se murer dans le silence avant de dire une autre bêtise. En réalité, Dove avait déjà eu l’occasion de voir Ralph nu. Elle connaissait son corps. Ca n’avait rien de très étonnant compte tenu du fait qu’elle avait été son infirmière pendant près de cinq ans, mais maintenant qu’ils se voyaient dans un cadre plus intimiste, l’infirmière se sentait un peu gênée d’avoir eu si souvent l’occasion de voir l’avocat nu à son insu. Relevant un regard timide vers lui lorsqu’il lui retourna sa question, la jeune femme prit une longue inspiration pour se redonner une certaine consistance avant d’afficher un petit sourire amusé à la seule pensée du moment le plus embarrassant de sa vie. Du moins, l’un des nombreux moments embarrassants qui composaient sa longue liste. « Et bien, le mien implique aussi quelqu’un de nu… Souffla-t-elle avec un petit rire nerveux. Mais ce n’est pas moi ! » Relevant les yeux vers le serveur qui profita de cet instant pour déposer leurs commandes devant eux, Dove le remercia d’un sourire et pris une petite gorgée de son thé avant de reprendre la parole, comme pour se donner du courage. « Bien, alors j’étais élève infirmière. C’était ma toute première semaine de stage. Je vadrouillais dans les couloirs du service de gérontologie quand j’ai entendu une collègue crier à quelqu’un Mon Dieu, mais que faites-vous complètement nue ?  Commença-t-elle à expliquer en remuant ses mains fines pour ponctuer son récit. Comme je suis curieuse par nature, j’ai tout de suite glissé la tête par la porte pour voir ce qu’il se passait et je suis tombée sur cette femme, une très, très vieille dame, entièrement nue quand dansait dans sa chambre. Quand elle m’a vue, elle s’est jetée sur moi pour m’enlacer. Toujours nue, évidemment… Je crois que ça a été le moment le plus gênant de toute ma vie… » Acheva-t-elle avec un sourire. Cet épisode avait au moins eu pour effet de la rendre légèrement moins curieuse, même si malgré tout, Dove avait encore du mal à ne pas se laisser tenter par ce vilain défaut.

Ralph ne comprenait pas comment une jeune femme aussi jolie, marrante et maligne qu’elle n’avait pas régulièrement des rendez-vous. Il savait que la société avait changé en cinq ans, mais quand même. Il pensait qu’elle devait avoir une raison pour rester à l’écart des hommes. Il était certain qu’elle ne manquait pas de prétendants. Il ne savait pas s’il devait se méfier ou être flatté qu’elle accepte de sortir avec lui aujourd’hui. Il émettait l’hypothèse qu’elle devait avoir énormément souffert lors d’une précédente relation pour se porter de la sorte. Si quelqu’un pouvait comprendre ce sentiment c’était bien lui. Ralph avait littéralement eu le cœur brisé lorsqu’il s’était réveillé pour faire le constat que sa fiancée avait refait sa vie avec un autre, qu’elle en était amoureuse et que leur relation était terminée. Il avait eu l’impression d’être frappé par un bus. Il avait mis des mois avant ne serait-ce qu’avoir un premier rendez-vous. Il n’avait pas su comment faire et aujourd’hui il ne savait toujours pas. En revanche, il savait qu’il appréciait de passer du temps avec Dove et il ne s’accrochait à ça. Elle lui donnait envie de prendre un risque, de la découvrir et de faire confiance. Peut-être parce qu’elle apparaissait trop gentille pour se jouer de lui, pour lui faire du mal. Ou alors parce qu’il y avait un lien entre eux. Il fallait dire qu’elle avait été son infirmière durant des années. Même s’il n’était pas réveillé depuis longtemps, il sentait que quelque chose les unissait. Ralph ne pu s’empêcher de rire face à la réponse de Dove. Elle semblait gênée par ce qu’elle venait de dire. Elle aurait donné cher pour voir son humiliation. Elle essayait de se rattraper en parlant de lui et pas de sa nudité. Il fallait dire qu’elle l’avait vu à de nombreuses reprises nus puisqu’elle s’occupait de ses soins. Il ne l’avait jamais vu faire, mais il s’en doutait bien. Il ne savait pas si c’était le bon moment pour en faire une blague, il ne voulait pas la mettre mal à l’aise, mais la tentation était trop forte. « Effectivement, sur ce point-là je n’ai plus de mystère pour toi. Ce qui n’est pas vraiment juste ! » Lui répondit Ralph avec un sourire en coin. Elle avait eu le choisir de le voir en tenu d’adam, mais il n’avait rien vu d’elle. Il savait cependant qu’elle avait fait son travail avec respect et qu’elle l’avait vu dans un cadre de travail. Il appréciait ça, mais il était capable d’en rire. A son tour, Dove lui raconta l’expérience la plus embarrassante de sa vie. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle lui dise une telle chose. La pauvre s’était faite avoir par sa curiosité et s’était retrouvée dans les bas d’une vieille dame nue. Au moins, elle a dû apprendre que la curiosité est un vilain défaut. Il comprenait sa gêne, mais il aurait pu s’attendre à pire. Il se contenta de sourire ne voulant pas se moquer d’elle. En tout cas, il appréciait qu’elle joue le jeu. Désormais, c’était son tour de poster une question afin d’apprendre à se connaitre. Il n’était pas vraiment rempli d’imagination, il cherchait une question qui pourrait l’aider à la cerner davantage. « Je ne peux m’empêcher d’être étonné de te voir célibataire. Et avant que tu penses que c’est une technique de drague minable, je tiens à dire que c’est sincère. Tu dois forcément attiré des prétendants, mais pourtant aucun ne semble avoir conquis ton cœur. » Lui confia Ralph. Il espérait qu’elle n’allait pas le prendre pour un lover à deux balles. Il essayait simplement d’amener sa question avec tact. Il voulait connaitre Dove l’amoureuse. « Je me demande donc pourquoi ? » Lui demanda le beau brun. Il se demandait pourquoi elle était encore seule, pourquoi elle n’était pas amoureuse. Il voulait donc aussi qu’elle s’épanche sur son passé amoureux. Après tout, elle avait quelques informations sur la sienne du moins c’est ce qu’il pensait.