spirits

01. elle porte des lentilles de contact depuis qu'elle a dix-sept ans. 02. elle adore l'odeur du café mais en déteste le goût. 03. elle tient très mal l'alcool, deux bières suffisent à lui faire tourner la tête. 04. elle court régulièrement, mais il lui arrive aussi de préférer profiter d'une matinée libre pour traîner au lit. 05. elle lit beaucoup, et ce depuis toujours. 06. elle n'a pas toujours voulu être journaliste, enfant elle souhaitait être vétérinaire, puis enseignante. 07. elle a toujours été très organisée, en témoignent son bureau et son appartement, parfaitement rangés. 08. son sac à main contient tout le nécessaire à toutes les situations possibles, mouchoirs, chewing-gums, parfum, pansements, sa sœur l'appelle Mary Poppins. 09. elle parle dans son sommeil depuis l'enfance, elle a toujours craint de dévoiler certains secrets sans s'en rendre compte. 10. son appartement n'est qu'une succession de photos de famille, d'amis, et de plantes et fleurs en tous genres. 11. elle n'est pas très sportive, cependant il lui arrive souvent d'aller courir pour se vider l'esprit, et elle adore les longues promenades. 12. elle ne sait pas nager, elle a peur de l'eau, et encore plus de l'océan. 13. elle est très bonne cuisinière. 14. elle est très perfectionniste, et l'est d'autant plus lorsqu'il s'agit d'écrire un article; elle peut oublier de dormir ou manger pendant un moment lorsqu'elle écrit. 15. elle a joué du violon pendant des années, a même songé à en faire son métier un jour.

Elle tremble. De froid, de peur, de chagrin, de choc. Il y a la petite main de Sara blottie dans la sienne, et elle la serre sans même s'en rendre compte. Elle a les yeux dans le vide, et les voix qui résonnent dans son crâne. Elle a mal, partout. Sara ne comprend pas, elle pleure, elle s'agite, elle tire sur la manche de Diana, mais Diana, elle est tétanisée. Parce que ses parents sont morts ce soir. La voiture a traversé la barrière, sur le petit pont qu'ils aimaient tant, et a finit sa course dans l'eau du fleuve. Ils se sont noyés. Elle frissonne, elle serre le poing. Ne pleure pas, ne pleure pas. Une main sur son épaule, et son regard se lève. Grand-mère est là, et elle sourit – elle tente de sourire, et c'est trop. Elle a un haut le cœur, Diana, un râle de douleur s'échappe de sa poitrine, malgré ses efforts pour le contenir. Elle porte la main à son front, les genoux faibles, on la rattrape de justesse, et elle pleure, pleure, pleure. Elle a mal, partout. Elle a dix-sept ans, et ses parents sont morts, et elle ne sait pas si elle pourra survivre.

Ziggy Barlow. Ça n'était qu'un nom sur un post-it, associé à une heure, un endroit. Un nom scandé par trop de monde, un phénomène de mode qu'on voulait en première page. Diana ne voulait pas la donner, cette interview. C'était trop superficiel, trop éloigné de ce qu'elle voulait écrire. Et puis, elle a vu ces yeux, et sentit ce parfum, et c'était tout. Il l'avait eu en un claquement de doigts. Elle a eu de la chance, Diana. Elle a connu l'autre. Zenon. Celui qu'elle a vu s'agenouiller, celui à qui elle a dit oui. Ils se sont aimés, trop fort, trop grand. Zenon se perdait dans Ziggy, bouteille à la main et sourires faussés. Elle l'a aimé, Diana. Peut-être même qu'elle l'aime encore. Mais Zenon, Ziggy, c'est sa blessure. C'est le regard qui se fixe, un instant, lorsqu'elle voit ses yeux noirs à la télévision. C'est les ongles rongés d'inquiétude, à passer trop de nuit à l'attendre. Un jour, il a été les rires et les caresses, l'amour fou, l'amour d'une vie. Il est un souvenir douloureux, trop frais, trop récent. Elle voudrait l'oublier, Diana. Ou peut-être que non. Il est partout, et ça fait mal.