Maddie May - Inachevée

Je suis née ici et je n'ai jamais voyagé pour autant que je me souvienne. Et pourtant, je rêvais de voir le monde et ses splendeurs... dès mes premiers pas, j'arpentais les rues aux bras de ma mère et illuminais autant qu'un soleil. Les gens qui venaient à notre rencontre disait de moi : " le jour où nous ne verrons pas Maddie sourire, c'est le jour où nous devrons douter de notre propre existence " ; " elle est tellement joyeuse, ça donne du baume au coeur " ; " je l'a reconnaît tout de suite quand je l'entends chantonner prêt de mon jardin " . Dès mon plus jeune âge, ma petite quête personnelle était de rendre heureux les gens, de pouvoir faire naître un sourire ou sécher des larmes. Je crois que cette quête ne m'a jamais vraiment quitté aujourd'hui... même si elle est devenue secondaire à présent. Aujourd'hui, je n'ai plus de voix pour rassurer, je n'ai plus de voix pour illuminer autour de moi, je n'ai plus rien pour informer de ma présence. Enfin... ça reste trop compliqué mais seul ma famille, c'est à dire ma grande soeur et ma mère, peuvent m'entendre parler de temps en temps.. à de rares occasions.
Je vous voie venir bande de malotrus, vous êtes avides de curiosité et vous voulez savoir ce qui m'est arrivé, je me trompe ?
Eh bien, comme j'aime le dire, je ne vais pas passer par quatre pots ou tourner autour du chemin : j'ai été témoin d'un meurtre.
Véridique...
A l'âge de 8 ans.
Un soir, aux alentours de 18h, je voulais me rendre dans le parc de la foret à côté de chez moi rejoindre ma grande soeur et ses copines. Maman a refusé que j'y aille seule à cette heure-ci, mais j'ai désobéis. Grossière erreur... mais, trop naïve, et avide d'aventures, je me laissait guider par les parfums des fleurs et les sourires que me rendaient les gens. Tout était trop beau, trop parfait...
Je suis arrivée au parc en sautillant, faisant voler ma jupe autour de moi, mais il n'y avait personne. Aucune trace d'Ozelia qui, pourtant, avais promis à maman qu'elle ne bougerais pas... Mais à 16 ans, j'imagine que nous n'en avons pas grand chose à faire de désobéir ou non... étais-je déjà une adolescente rebelle de 16 ans dans ma tête ? Peut-être bien...
Alors que je m'apprêtais à faire demi-tour, une hurlement a déchiré le ciel et, trop naïve, je me suis précipité vers le son.. mais j'aurais dû m'enfuir, prendre mes jambes à mon cou...

Je vous épargne les détails, c'est encore trop lourd pour moi d'en aborder les plus grands aspects. Pour faire simple... c'était un homme et une femme.. celui-ci avait les mains serrés autour du long cou de cygne de la jeune-femme qui se débattais pour respirer. J'étais paralysée, incapable de m'enfuir ou de bouger, comme aspirer par la scène qui se déroulait sous mes yeux.
Elle est morte, a poussé son dernier souffle sous mes yeux embués. A cet instant, mon enfance s'est littéralement brisée, remplacé par un sentiment de souffrance et d'étouffement. Comme si c'était mon cou qu'il écrasait de ses mains sales...
J'ai finalement réussi à courir mais il m'a vue. Il a planté ses yeux dans les miens avant que je me mette à courir, une lueur désespérée brillait dans son regard tandis que moi je pleurais. J'ai été plaquée au sol, son corps de quarantenaire sur le miens, il voulait me faire taire... il faisait tout pour me réduire au silence tandis que je gémissait.
Chut ... chut ...
Je suffoquais et me voyais déjà mourir sans avoir vraiment vécu. Qu'est-ce que maman et Ozelia diront ? Elles vont m'en vouloir, c'est certains...
Je me suis évanouie. Je pensais mourir mais ce ne fut pas le cas : j'ai ouvert les yeux dans un hôpital. Vivante et pourtant morte. J'étais incapable de produire un seul son, réduite au silence par un homme qui m'avait ordonné de me taire. Juste des chuchotements et des mots griffonnés sur une ardoise... voilà à quoi se résumait ma vie à présent.