99 problems – aubrey

Moue boudeuse et pas trainant. Lou fait son apparition dans la cuisine, l'air contrarié, alors qu'Angie prépare le petit-déjeuner. Il suffisait de jeter un coup d'oeil au calendrier pour comprendre ce qu'il se trame. Rentrée des classes. Écrit en majuscules, souligné en rouge. La petite faisait son entrée en troisième année de cycle préparatoire. Une nouvelle étape, pour la mère comme pour la fille. Angie voyait sa fille grandir, au fil des mois. Comme sa soeur, Freddie, l'avait fait avant elle. Et ça la rend fière, Angie. Triste, aussi. Enfin, un peu. La faute au temps qui s'écoule, bien trop vite. Un battement de cils, que demain, Lou sera majeure et prête à voler de ses propres ailes. Pas question de penser à cela, pas maintenant. Angie avait pour mission de redonner le sourire à sa cadette. Quoi de mieux, dès lors, qu'un petit-déjeuner complet, composé de jus d'orange frais et autres délicieuses viennoiseries. « Bonjour, toi. » L'agent se penche, embrasse le front de sa fille avant de poser son bol de chocolat chaud devant elle. « Je sais, je sais, ce n'est pas ce qu'il y a de plus drôle, la rentrée – mais tu vas retrouver tes amis et t'en faire des nouveaux, c'est chouette non ? » Haussements d'épaules. La gamine n'est pas vraiment convaincue. Angie reste un instant immobile, consciente que l'attitude de Lou n'est pas sienne, habituellement. Son sourire est fané, son regard, fuyant. « Tu veux qu'on en parle, un peu ? » Elle avait déjà posé la question hier. Et la semaine d'avant. Toujours la même réaction. Un non, laconique, presqu'agacé. De quoi inquiéter la mère, évidemment, qui pourtant pour l'instant, préfère penser à une attitude passagère qu'à un véritable problème.
Il faut attendre qu'elle soit interpellée par l'institutrice de Lou, quelques jours plus tard, pour qu'Angie se mette à bien vouloir comprendre. Elle venait de sortir du travail, un peu plus tôt que de coutume, pour pouvoir amener Lou au parc. Raté, donc, Mlle Cavender ayant fait son apparition entre les deux Oswald et la sortie. Elle aimerait bien parler à Angie. Maintenant, vraiment ? Oui, maintenant. D'accord. Sourcils froncés, Angie demande à sa fille d'aller jouer dans la cour, avec les élèves restant à la garderie. Elle suit sans broncher la jeune femme, loin d'être nouvelle pour elle. Mlle Cavender connaissait bien Lou, pour l'avoir déjà eue dans sa classe. Angie appréciait son travail et sa démarche envers les enfants. Même si, vraiment, cette volonté de converser ne tombait pas au bon moment.

Aubrey vivait sa première rentrée scolaire officielle en tant qu'enseignante. Un jour qu'elle avait du mal à croire. Elle qui avait toujours pensé se retrouver à avoir une carrière grâce à son sport avait été confrontée à cette nouvelle réalité et avait finalement trouvé une vocation à laquelle elle pouvait se donner corps et âme. Le choix de l'éducation lui était venu comme naturel. Elle avait toujours voulu faire une différence et aider d'autres à réaliser leurs rêves. Aubrey était dédiée et se préoccupait non pas seulement de sa performance en tant qu'enseignante, mais d'abord et avant tout de ses élèves qui étaient le centre de ses préoccupations. Depuis l'an dernier, la belle avait appris à connaître ses élèves mieux qu'elle ne l'aurait jamais cru et comme toute personne que l'on croise tous les jours, elle avait aussi remarqué les changements d'attitudes et d'humeur qu'ils pouvaient vivre. La belle avait notamment remarqué un changement chez Lou. Si elle avait laissé passer quelque temps, elle pensait qu'il était sans doute temps d'en glisser un mot à la mère de celle-ci. Aubrey n'avait jamais été très à l'aise d'interpeller des parents, ça n'était jamais facile, mais elle ne voulait pas être vue comme une menace. Elle était la dernière personne qui viendrait à juger, une part d'elle cherchait à comprendre afin de mieux agir en conséquence. À la fin des classes, elle profita du temps libre qu'elle avait avant de devoir rentrer pour interpeler Angie Oswald qui venait d'arriver pour venir chercher sa fille. « Bonjour Mme Oswald, je me demandais s'il était possible de vous parler un instant? » lui demanda Aubrey en lui offrant un sourire. Elle n'avait pas envie d'inquiéter la maman inutilement, mais elle croyait réellement qu'une conversation aussi brève soit-elle pourraient les aider autant l'une que l'autre. Surtout que cette situation lui rappelait un grand air de déjà-vu. Elle fut soulagée lorsque la femme la suivit. Elle n'était pas là pour porter un jugement ou quoi que ce soit de la sorte, loin de là, elle faisait tout simplement de son mieux pour le bien-être de la petite. La belle fit signe à son interlocutrice de prendre place face à son bureau. « Comment allez-vous? » lui demanda Aubrey. C'était la moindre des choses après tout et ça aiderait peut-être à laisser la tension retombée.

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» aubrey, cassy - ralentissement