Cause here comes the sun and you look good in the morning light (ella)

Tu es donc née ici, à New York il y a maintenant trente-deux ans. Tes parents venaient de se marier, et tu étais en route depuis seulement quelques semaines. Tu as vu le jour entourée de l'amour de tes parents,
mais vous n'êtes pas restés longtemps à New York, à peine cinq ou six ans.
Il se trouve que le studio de vingt mètres carré est vite devenu petit pour une telle famille. Ta mère rêvait de campagne. Alors c'est là que vous êtes allés.
Vous savez cette maison modeste, sur les photos de famille, avec tout le monde qui pose sur le porche, et la petite barrière blanche en premier plan ?
Et bien c'est là que tu as grandie. Maman a trouvé du travail, ce qui a permis d'élever un peu votre niveau de vie. Et puis à peine un an après votre arrivée,
ton père est parti avec une autre femme. Tu le voyais à chaque vacances scolaires. Mais il n'a vite plus eu le temps de s'occuper de toi entre sa nouvelle femme, son nouveau travail, ses nouveaux enfants. Ta mère a arrêté de t'y envoyer. Tu a donc continué à te construire sans cette présence du père, mais tu sais bien que ta mère t'aimais assez pour deux.
Adolescente, tu es devenue ce qu'on appelle une "rebelle". Tu sortais dès que possible, tu avais des fréquentations que ta mère jugeait "nocives", mais tu n'en faisais qu'à ta tête. Tu avais besoin de t'affirmer, de montrer que tu existais en faisant toutes sortes de choses stupides. Un jour, la police est venue à la maison. Ils ont demandé à parler à Ella Goodwin. Ta mère est t'a appelée, elle était morte d'inquiétude quand la police te posais des tonnes de questions devant ses yeux. Et elle a compris qu'il fallait qu'elle agisse quand elle a vu ton regard s'éteindre ce jour là. Un de tes nombreux amis, ceux avec qui tu sortais beaucoup, avait été retrouvé dans un terrain vague, mort,
imbibé d'alcool et de drogue en tout genre. A partir de ce jour là, tu n'as plus eu le droit de les voir ailleurs qu'à la maison, là où elle pouvait garder un œil sur toi.
A la fin du lycée, tu as facilement eu ton diplôme, puis s'est posée la question de ce que tu allais faire ensuite. Tu avais ce rêve de devenir médecin depuis toute petite, mais tu n'y croyais plus. Tu en étais arrivé à un point dans ta vie où tu avais l'impression que tout ce que tu entreprenais se concluait par des échecs. Mais ta mère ne t'a pas laissé dans ta détresse, et elle t'a poussée à te reprendre en main.
Tu as fait médecine à New York. Tu vivais en colocation avec plusieurs amis à toi. C'était une super période de ta vie. Ta mère, de son côté, a rencontré quelqu'un avec qui finir ses jours. Toi, tu as connu beaucoup de filles et de garçons avec qui rien ne durait jamais, tu n'arrivais pas à avoir de relation sérieuse.
Et puis un matin de décembre, tu t'es réveillée complètement au fond du gouffre. Tu n'avais jamais été si mal. C'était un mal-être à la fois physique et psychologique. Tu as passé des jours entiers entre ton lit et le canapé. Tu ratais de nombreux cours, ce qui t'a valut de retaper ton année, tu ne faisais plus rien de tes journées. Après une ou deux semaines dans cet état, une de tes colocs à décidé de t'emmener chez le médecin. Le diagnostique a débouché sur une prise de sang qui a conclut que tu étais enceinte, de plusieurs semaines. Tu as pensé pendant quelques jours à la garder, à élever seule ce bébé, ou peut-être à en parler au papa potentiel. Mais la réalité t'a vite rattrapée. Tu te savais trop instable. Alors tu as avorté. Ça a été la plus grande douleur de ta vie. Tu as passé des jours encore, à ne parler à personne, à ne même plus sortir de ta chambre.
La douleur s'est estompée avec le temps. Mais jamais n'a disparue, et aujourd'hui encore quand tu y penses, ça fait un mal de chien.
Cette même années, tu as repris contact avec ton père. Qui n'a jamais été mis au courant de cette grossesse, tout comme ta mère d'ailleurs. Vous vous envoyiez des mails, échangiez quelques cartes postales, mais rien de plus. Et puis un jour vous vous êtes donné rendez-vous à la terrasse d'un café. C'était une situation étrange. Depuis ce jour vous vous voyez environs une fois par an, peut-être deux parfois.
A la fin de ton internat, tu as été titularisée. Et aujourd'hui tu te sens prête à fonder une famille. Tu attends simplement de tomber sur cette avec qui tu voudras partager cette aventure.