let me have release w/maisy

Cela fait quelques jours maintenant que tu as rejoint à nouveau ta ville. Deux ans loin de New York, c'est long pour quelqu'un comme toi, qui n'était jamais parti aussi longtemps et aussi loin. En partant, tu savais très bien qu'un jour ou l'autre tu reviendrais, et même une fois en Australie, même si tu te sentais là-bas comme chez toi, tu sentais qu'un jour tu quitterais ce coin de paradis pour retourner ici. T'appréhendais un peu ton retour. C'est normal au fond, dans une ville ça, les choses bougent si facilement et si rapidement. On ne t'a pas accueilli la bouche en coeur et les bras ouverts. Tes parents t'ont à peine adressé la parole. Tu sais bien qu'ils n'ont jamais compris pourquoi tu étais parti, bien que ce soit en partie leur faute. Pour le moment, t'as revu personne de ton ancienne vie, ni ton frère, ni ta meilleure amie. Juste Max, et ça t'a chamboulé. Alors t'a décidé qu'au lieu de perdre ton temps à rôder dans ton nouveau loft en essayant tant bien que mal de trouver ta marque, tu ferais quelque chose de mieux. T'as alors contacté une agence de bénévolat pour voir s'ils n'avaient pas une mission à te proposer, pour te libérer l'esprit, et pour que tu te sentes utiles, au moins l'espace d'une journée. Arrivé au point de rendez-vous, tu demandes au premier venu où se trouve une certaine Maisy Hopkins, parce qu'on t'a au préalable demandé de te diriger vers elle pour savoir exactement ce que tu devais faire. On t'indique une brune qui se trouve à quelques pas. "Excusez moi, bonjour. Je suis Asher Lyon, je suis bénévole pour la journée. On m'a dit de m'adresser à vous en arrivant." Alors te voilà, débordant d'énergie et d'envie de bien faire, prêt à te changer un peu les idées.

Maisy, elle avait le cœur sur la main. C'était idiot, mais même quand elle était gosse, on l'appelait Mère Térésa. Elle était prête à vider sa tirelire dans les mains d'un sans-abri, et lui offrir son manteau taille douze ans et ses chaussures violettes à nœuds. Un jour, elle avait demandé à sa mère si tous les enfants avaient des jouets à Noël. Et sa mère, elle avait répondu que certains n'avaient pas de Noël du tout. La petite Maisy en avait été choquée. Ni jouets, ni sapin, ni décorations, ni chants de Noël, ni même de dinde. Elle y avait pensé pendant des jours, jusqu'à ce que son petit cerveau assimile la chose, et se rende compte que le problème était bien plus grand que simplement une fête de fin d'année. Alors, elle avait donné tous ses vieux jouets, ses vêtements, et des peluches à des œuvres caritatives. C'était avec ça, qu'avait commencé son obsession d'aider son prochain. Le centre où elle avait déposé chacun de ces objets, chaque année pendant toute sa jeunesse, elle y travaillait désormais. Elle avait trente ans. Trente-et-un, pour être exacte, et son altruisme avait dépassé le stade d'un simple acte de charité, une fois par an. Plusieurs heures par semaine, elle aidait d'autres bénévoles à récupérer, trier, ranger des centaines de fringues, denrées alimentaires et jouets dans un centre spécialisé. Les dons se faisaient de plus en plus rares, tout comme les bénévoles, qui cumulaient souvent plusieurs jobs pour nourrir leurs propres familles. Alors, quand on avait dit à Maisy qu'un jeune avait proposé son aide, elle avait été aussi excitée que la première fois qu'elle avait fait un don. Elle l'attendait, tout sourire, tenant à peine en place derrière le comptoir. Il était jeune, c'était un fait, et semblait tout à fait enthousiaste à l'idée d'être ici. - Bonjour ! Tu dois être Asher ? On m'a prévenue que tu venais. C'est chouette, c'est très gentil de ta part, on a vraiment besoin d'aide ici. Elle lui tendit une main polie. - Maisy, bienvenue. Il la surplombait de plus d'une tête, ce qu'elle nota comme très utile pour atteindre les étagères les plus hautes. - Bon, on ne va pas perdre plus de temps. On a du pain sur la planche. Elle désigna d'un mouvement de tête l'accumulation de boîtes de conserves, sacs de riz et de pâtes qui s'entassaient dans un coin de la pièce. - A nous deux, ça devrait aller vite. Le but, c'est de tout ranger d'ici trois heures. Elle le gratifia d'un sourire plein d'entrain.