just a touch of the fire burning so bright/ dove

Depuis sa dernière rencontre avec Mara, on ne peut pas dire que Ralph ait beaucoup le moral. Ils ont symboliquement mis un point final à leur relation puisqu’elle lui a rendu sa bague de fiançailles. Si c’était ce que voulait Ralph depuis un moment le descente était houleuse. Il avait eu besoin de quelques jours pour assimiler les choses. Il devait se faire à sa nouvelle vie et il n’était pas toujours très assidu. Comme par exemple aux soins qu’il doit faire à l’hôpital pour sa bonne guérison. Il a manqué cette semaine plusieurs rendez-vous non pas par manque de temps, mais de volonté. Il n’avait pas eu envie de sortir de chez lui pour ça. On ne peut pas dire qu’il soit le patient le plus facile. Ralph avait donc rendez-vous avec son infirmière Dove à l’hôpital. Aujourd’hui, il allait faire l’honneur de sa présence, mais pas forcément de son coopération. Ralph savait que Dove allait lui passer un savon sur l’assiduité qu’il doit avoir s’il veut guérir entièrement. Elle tenait à ce qu’il soit rétabli le plus rapidement possible. Elle ne lui laissait pas vraiment le choix la plupart du temps. Il n’avait pas envie d’entendre ça parce qu’il le savait. Le fait qu’elle soit mignonne aidait grandement à faire passer la pilule. Cependant, Ralph arriva en retard comme à son habitude. Il partait du principe qu’à l’hôpital tout le monde est en retard alors il suivait le mouvement. En voyant Dove il remarqua qu’elle n’était pas entièrement satisfaite puisqu’elle lui montra l’horloge. Il tenta de l’amadouer avec un sourire, mais cela ne marchait pas vraiment. Il l’a suivi gentiment jusque dans un box. Il ne faisait pas prier avec elle puisqu’elle ne se laissait jamais faire. Puis finalement ce n’était pas un moment si désagréable. Il préférait largement tomber sur Dove que sur sa collègue complètement coincée. Il avait d’ailleurs demandé à ne plus l’avoir. Elle l’ennuyait profondément à la différence de Dove, mais elle est très demandée chose qui ne lui plait pas. En effet, il se croyait vraiment spécial et pensait presque qu’elle devait être son infirmière particulière. Il faut dire qu’il ne recule devant rien. Avec Dove, ils avaient ce lien spécial depuis le début. Il pouvait aussi se permettre beaucoup de choses avec elle. Elle ne lui demandait pas d’être de bonne humeur, de faire semblant. Il venait comme il était et elle le soignait toujours. Ralph ne savait pas vraiment pourquoi, mais elle le comprenait, elle le comprenait réellement. C’est à partir de ça qu’il s’est senti proche d’elle. « Je vous ai manqué ? » Lui demanda Ralph avec un sourire en coin. C’était plus de l’ironie qu’autre chose, mais au fond il le pensait. Il savait bien qu’elle l’appréciait plus que ce qu’elle ne voulait bien avouer. Ralph ne le disait pas, mais cette séance allait lui faire du bien. Rester chez lui à s’apitoyer sur lui-même n’était pas la meilleure des solutions. Il s’empêchait d’avancer et se mettait des bâtons dans les roues. Au moins avec Dove il allait recevoir un bon coup de pieds aux fesses, mais aussi un moment sincère. C’est finalement exactement ce dont il avait besoin.

Avec un léger soupir de résignation, Dove referma la porte de la chambre 23 derrière elle. C'était la chambre qu'avait occupé Ralph Henstridge pendant près de cinq ans. Cinq années durant lesquelles elle avait patiemment attendu qu'il se réveille tout en prenant soin de lui. Lorsqu'il avait enfin ouvert les yeux, la jeune femme s'était réjouit de le voir enfin quitter le lit médicalisé dans lequel il avait reposé tout ce temps et qu'elle avait secrètement espéré voir demeurer vide. Pourtant, depuis quelques jours, un adolescent victime d'une mauvaise chute occupait à présent cette même chambre. Elle avait beau aimer son métier Dove désespérait parfois de voir tant de gens sombrer dans l'inconscience, perdre de précieux instants de vie pour un mauvais coup du sort, et même si elle traitait chacun de ses patients de manière égale, savoir un si jeune garçon suspendu là quelque part entre la vie et la mort lui fendait le coeur.
Elle inspira profondément pour reprendre consistance et se força à épingler un sourire sur ses lèvres. Sourire qu'elle n'eut pas à forcer bien longtemps lorsqu'elle remarqua l'heure qu'affichait la pendule accrochée dans le couloir. Il lui restait quelques minutes avant d'avoir à s'occuper de son prochain patient. Un patient désormais bien vivant lui et dont la venue la ravissait tout particulièrement. A condition évidemment qu'il daigne se montrer. Après tout, Dove s'était habituée à voir Ralph lui faire faux bon au cours des semaines précédentes. Il avait manqué ses trois derniers rendez-vous et n'avait bien sur pas prit la peine de décommander ou ne serais-ce que d'appeler pour prévenir. Son absence à la séance d'aujourd'hui ne l'aurait par conséquent pas particulièrement étonnée. Elle ne fut d'ailleurs pas surprise de constater qu'il avait déjà plus d'un quart d'heure de retard lorsqu'elle leva les yeux sur la pendule quelques minutes plus tard après avoir été chercher un thé au distributeur. Non, ce qui l'étonna en revanche, ce fut finalement de le voir arriver comme si de rien n'était après vingt minutes passées à l'attendre. Bras croisés sous la poitrine, les lèvres pincées dans une moue faussement irritée, Dove lui adressa un regard réprobateur en lui indiquant la fameuse pendule du doigt, geste auquel il répondit par un sourire auquel elle faillit répondre. Elle s'abstint pourtant, et ne s'autorisa à sourire à son tour qu'après lui avoir tourné le dos pour le guider sans un mot vers un box d'auscultation. Bien qu'elle soit satisfaite qu'il ait enfin décidé de se montrer, la jeune femme ne pipa pas un mot et se contenta de préparer son matériel pour lui prodiguer les soins qui l'attendaient aujourd'hui. Elle devait prélever un peu de son sang pour vérifier que son corps continuait de bien fonctionner malgré son coma et stimuler ses sens et ses muscles afin de s'assurer qu'aucun membre ou organe n'était défaillant. Après un si long sommeil, il était préférable de s'assurer que la machine était toujours en état de marche. Bien que le corps humain ait une incroyable facilité à s'adapter à beaucoup de situations, il était tout de même préférable d'assurer un suivit des patients à leur sortie du coma. Encore fallait-il pour cela bien évidemment, que les patients se montrent coopératifs et daignent honorer leurs rendez-vous...
Une fois Ralph installé sur la table d'auscultation, Dove s'installa sur un tabouret à roulette et s'approcha de lui, une petite lampe dans les mains.« Je vous ai manqué ? ». Elle cliqua sur le bouton pour allumer la petit ampoule et esquissa un sourire amusé tout en relevant les yeux vers lui pour scruter ses iris sombres vers lesquelles elle orienta le faisceau lumineux : « J'en sais trop rien...J'ai été pas mal occupée à être fâchée contre vous parce que vous n'êtes pas venu à vos derniers rendez-vous...». Son sourire s'accentua tandis qu'elle étudiait le mouvement de ses prunelles qui rétrécirent sous l'effet de la lumière avant de retrouver une taille normale. Il lui avait un peu manqué oui c'était vrai. Elle aimait lui parler lorsqu'il était plongé dans le coma, elle lui racontait sa vie, comment les choses évoluaient là dehors pendant qu'il était là allongé en sécurité entre ces quatre murs. Elle s'était confiée à lui lorsqu'elle était chagrinée mais aussi lorsqu'elle était heureuse. Même si il n'avait pas eu d'autre choix que de subir ses bavardages, Dove avait trouvé en lui une personne à qui parler. Elle avait continué à lui parler lorsqu'il s'était réveillé. Elle avait seulement troqué les conversations trop intimes pour des informations plus générales. Désormais, leurs conversations, et parfois même ses monologues lui manquaient. Tout comme le fait de ne plus avoir à prendre soin de lui tous les jours. Elle s'était habituée à sa présence constante dans sa vie. Elle n'arrivait pas à se lier à ses autres patients comme elle s'était sentie liée à lui. Satisfaite de la réponse des yeux de Ralph à son test, elle cliqua à nouveau sur le bouton pour éteindre la lumière. Elle redressa alors la petite lampe et la positionna devant le visage de son patient. «Vous pouvez suivre la lampe des yeux pendant que je la déplace?» Demanda-t-elle tandis qu'elle commençait à faire bouger le bâton de gauche à droite, puis de bas en haut. «Vous êtes chanceux vous savez, quelques minutes de retard de plus et c'était Martha qui s'occupait de vous... Et elle est de très, très mauvaise humeur aujourd'hui...»Elle esquissa un sourire. Elle avait eu vent du fait que l'avocat n'était pas un fan inconditionnel de sa collègue et avait demandé à ce qu'elle ne s'occupe plus de ses séances. Dove s'en était sentie flattée tout en étant désolée pour Martha qui semblait pour autant ne pas avoir été réellement affectée par la perte de son patient.

Les choses seraient plus évidentes, si Ralph ne faisait pas sa mauvaise tête, mais il était ainsi depuis son réveil. Il avait l'impression d'être une autre personne. Il ne se reconnaissait pas, il ne reconnaissait pas sa propre vie. Il se sentait comme un acteur dans un rêve ou plutôt un cauchemar. Parfois, il se demandait même s'il n'était pas encore dans le coma à rêver d'une réalité alternative. Malheureusement lorsqu'il se réveillait le matin et qu'il se regardait dans le miroir il devait revenir à la dure réalité. C'était sa vie maintenant. Il oscillait entre son appartement, l'hôpital et parfois le travail pour reprendre une activité à temps partiel. Ralph apprécierait le moment où il n'aurait pas à revenir ici. Après tout ça ne fait que lui rappeler de mauvais souvenirs. La seule chose positive est la présence de Dove qui agit comme un remède sur lui. Avec Ralph, la jeune femme ne se gênait pas pour lui dire ce qu’il pensait. Elle le disputait parce qu’il n’était pas venu à ses derniers rendez-vous. C'était un signe qu'elle tenait à ses patients et c'était une bonne chose. Parfois, il avait l'impression qu'elle flirtait doucement avec lui, mais il n'en était pas sûr. Il fallait dire qu'être cinq ans dans le coma vous rouilles sur ces questions. De plus, elle devait penser qu'il était encore en couple puisque Mara était venue régulièrement s'occuper de lui. Si elle était maigne elle devait se rendre compte que ses visites s'étaient espacés et que son cœur n'était plus avec lui. Si on en revient à ses absences, Dovene se doutait pas qu’il n’avait eu aucune envie de venir ici. Il appréhendait ce moment parce qu’il savait qu’il ne récupérait pas aussi vite qu’on pourrait le penser. Le moral jouait beaucoup sur le reste c’est ce qu’on lui avait dit. Il devait être entouré, épaulé, mais il avait fait le contraire. Il s’était éloigné de ses proches et il avait perdu sa fiancée. Alors au lieu de demander de l’aide il se renfermait sur lui-même. Il savait que ça n’était pas une bonne idée, mais pour le moment c’est tout ce qu’il se sentait capable de faire. Il préférait alors rester mystérieux histoire de ne pas se faire encore disputer par la jeune femme. L’humour, la répartie voilà ce qu’il aimait chez Dove. Elle n’y allait pas par quatre chemins. Elle savait comment lui répondre et ça lui redonnait tout de suite le sourire. Il en oubliait presque qu’il était de nouveau à l’hôpital. Il fallait dire que l’idée qu’elle pense à lui n’était pas désagréable. Elle était très jolie et en plus elle était intelligente. Bien sûr, il ne se prenait pas au sérieux il savait bien qu’elle faisait ça simplement pour être gentille et agréable. « Si vous étiez fâché c'est bien parce que je vous manquais. Je ne peux vous en blâmer, un rayon de soleil comme moi créer le manque. » Lui fit remarquer Ralph avant de se mettre à rire légèrement. Il était bien au courant qu'il n'était pas la personne la plus joyeuse, mais c'était ainsi. Il essayait tant bien que mal de retrouver une joie de vivre cependant, c'était plus facile à dire qu'à faire, mais la jeune femme facilitait grandement les choses. « Je peux me faire pardonner et vous tenir compagnie, vous savez juste pour éviter le manque… » Rajouta le beau brun. C’était bien la première fois depuis longtemps qu’il se surprenait à flirter ainsi. Il ne pensait pas en être capable et ça lui faisait du bien. Il y allait cependant doucement il ne voulait pas la mettre mal à l’aise. Il fallait dire qu’elle était un peu son rayon de soleil en ce moment. Il savait qu’en venant dans cet horrible endroit il aurait au moins la chance de la voir et de passer un bon moment. Ralph se sentait comme un idiot. Tout l’hôpital devait savoir que sa fiancée avait rencontré quelqu’un d’autre et qu’en se réveillant il avait déchanté. Il se demandait si Dove avait pitié de lui parce qu’il aurait pu être l’acteur d’un mauvais scénario. Dove continua sur l'humour en lui rappelant qu'il avait failli tomber sur une autre infirmière beaucoup moins sympathique. A cette pensée, il ne pu s'empêcher de grimacer. Il préférait largement passer son temps avec la jolie blonde. D'ailleurs, il avait même demandé à ne jamais avoir l'autre. Ralph n'était pas difficile, mais le courant ne passait vraiment pas. Il s'autorisait à faire quelques caprices en tant que patient. « Parce qu'elle a déjà été de bonne humeur ? » Lui demanda Ralph avant de laisser échapper un léger rire. Il se rendit compte qu'il amusait la jeune femme. Elle n'était pas insensible à son humour. Il savait que ça n'était pas très gentil de critiquer sa collègue, mais au moins elle comprenait qu'il appréciait la chance qu'il avait d'être traité par elle.

Dove savait ce que c’était, de se réveiller un matin et de découvrir que tout ce que l’on avait cru immuable, tout ce à quoi l’on était attaché, avait disparu en une fraction de secondes. C’est tout ce qu’il avait fallu à ce camion pour percuter la voiture de ses parents et leur arracher la vie, une seconde d’inattention. Par chance, elle n’était qu’une enfant lorsque le drame s’était produit, elle n’avait gardé que peu de souvenirs de ses parents, et si le manque avait été bien réel, toute sa vie n’avait pas été remise en question. La chose était différente pour Ralph, cinq ans de coma étaient parvenus à chambouler trente années de vie. Elle ne pouvait qu’imaginer la confusion dans laquelle l’avocat devait vivre désormais. C’est pour cette raison qu’elle ne lui tenait pas rigueur de sa mauvaise humeur. N’importe qui dans la situation de son patient aurait eu toutes les raisons du monde d’en vouloir à la terre entière. Plus encore quand on savait -comme c’était le cas pour Dove-, que le temps passé dans le coma avait eu raison de sa relation avec sa fiancée. La jolie blonde avait été témoin malgré elle, de cette relation qui s’était étiolée peu à peu. La belle brune qui le visitait presque chaque jour les premiers temps avait fini par espacer ses visites, puis pour finir, Dove ne l’avait quasiment plus croisée dans les couloirs de l’hôpital ou au chevet du malade. Si elle s’était sentie désolée pour lui, comme pour cette jeune femme, elle ne l’était plus désormais. Avoir pitié pour ces deux êtres que la vie avait séparé ne les réunirait pas. Elle estimait qu’il était plus logique de se réjouir que l’ex fiancée de l’avocat ait trouvé la force de poursuivre sa vie et de s’accorder le droit d’être heureuse à nouveau. Quant à Ralph, elle espérait seulement qu’il finirait par s’octroyer lui aussi les mêmes droits. Vivre dans le passé ne l’aiderait pas. Il devait avancer pour guérir, et c’est ce à quoi elle s’évertuait à l’aider lors de chacune de ses visites. Plutôt que de répondre à sa mauvaise humeur par plus de mauvaise humeur, Dove s’efforçait à se montrer la plus gentille possible, ce qui en soit n’avait rien d’un effort incommensurable quand on la connaissait. Un sourire léger sur les lèvres, elle le réprimanda malgré tout pour son manque d’assiduité. Il avait raté, sciemment, plusieurs de ses rendez-vous à l’hôpital et lui avait fait perdre son temps tout en repoussant un peu plus l’heure de sa guérison complète. Si elle s’était remise du fait d’avoir perdu quelques heures de sa vie à l’attendre, elle n’acceptait pas de le voir gâcher ses chances de retrouver une vie normale. Pour autant, elle n’eut pas le cœur à lui faire beaucoup plus de reproche lorsqu’il joua la carte de l’humour : « Si vous étiez fâché c'est bien parce que je vous manquais. Je ne peux vous en blâmer, un rayon de soleil comme moi créer le manque. » Amusée, elle leva néanmoins les yeux au ciel et réprima un sourire en se mordant la lèvre inférieure. Il n’aurait pas du pouvoir s’en sortir seulement en la faisant rire. C’était pourtant le cas. Il lui était difficile d’en vouloir à cet homme plus que charmant malgré le mauvais caractère dont il pouvait parfois faire preuve. «Je vous trouve bien prétentieux Monsieur Henstridge…» commenta-t-elle avec un sourire tout en reposant la petite lampe sur la desserte installée près d’elle. « Je peux me faire pardonner et vous tenir compagnie, vous savez juste pour éviter le manque… »  Visiblement, les yeux de l’avocat avaient autant de répondant que son cerveau et Dove sentit le rouge lui monter aux joues lorsqu’il proposa de lui tenir compagnie, pour éviter le manque Etait-il en train de flirter avec elle ? Se doutait-il qu’il lui plaisait plus qu’elle ne voulait bien l’admettre ? Le trouble de la jolie blonde s’intensifia à cette seule pensée et elle préféra ne pas répondre à la proposition de son patient afin de ne pas se mettre dans l’embarra en répondant trop prestement. Aussi se contenta-t-elle de chasser le chat qui s’était installé dans sa gorge et d’inspirer profondément le plus discrètement possible avant de se concentrer à nouveau sur son travail. Evoquer l’irascible Martha l’aida à chasser la gêne de son esprit et elle ne put s’empêcher de rire en même temps que Ralph lorsqu’il la questionna à propos de sa collègue : « Parce qu'elle a déjà été de bonne humeur ? » . Lorsqu’elle remarqua qu’elle était en train de se moquer plutôt méchamment de Martha, elle cessa pourtant de rire et laissa échapper un petit toussotement afin de reprendre une certaine consistance. Un léger sourire étirait pourtant toujours ses lèvres lorsqu’elle répondit : « C’est une femme charmante en réalité, elle a juste du mal avec les patients grognons qui ne viennent à leurs rendez-vous que quand ça leur chante…» . Ses yeux pétillaient de malice lorsqu’elle croisa le regard de Ralph qu’elle n’avait aucun scrupule à taquiner de nouveau à propos de ses absences. Elle tenait à ce qu’il comprenne derrière ses traits d’humour qu’il était important qu’il soit plus sérieux dans ses soins. Autrement, ils risquaient de se revoir dans ce même box pendant encore longtemps, et même si cette idée ne l’ennuyait pas le moins du monde, elle n’était pas certaine qu’il en soit de même pour lui. «Vous pouvez prendre ma main et serrer le plus fort possible avec votre main gauche ?» Questionna-t-elle en lui tendant sa propre main droite afin de tester sa préhension. «Enfin… Pas trop fort quand même, j’en ai encore besoin…» Ajouta-t-elle avec un petit sourire malicieux.

En passant un moment agréable avec Ralph, il commençait à se demander pourquoi il remettait toujours ce moment à plus tard. Il appréhendait souvent de venir, de se faire examiner. Il préférait encore rester chez lui dans son coin. Finalement ça n’était pas si terrible que ça. Dove était patiente, drôle. Il aurait pu tomber sur bien pire. Pourtant, il n’aurait pas envie de revenir. Elle avait beau être très attirante, ça ne lui donnerait pas envie de passer son temps à l’hôpital. Il se sent oppressé ici surement parce qu’il y a passé cinq ans de sa vie sans le vouloir et le savoir. Il aurait envie de s’enfuir, mais il ne pouvait pas. Tant qu’il n’était pas entièrement remis il était condamné à revenir. Heureusement, Dove faisait passer le temps plus rapidement. Il préférerait cependant, qu’elle le fasse rire à l’extérieur de l’hôpital plutôt que dedans. D’ailleurs, il n’aurait pas été contre cette idée, mais il n’avait aucune idée de comment on faisait ça. Il ne savait pas draguer, inviter une femme à sortir. Il n’avait pas fait ça depuis près d’une dizaine d’années. En effet, il avait été cinq ans dans le coma et les cinq années d’avant il avait été en couple. A cette pensée, il se sentit d’un coup plus vieux et ça ne lui plaisait pas. Il savait qu’il était passé à côté d’une grande partie de sa vie à cause de cet accident. Il ne pourrait malheureusement jamais revenir en arrière. Dove le fit ensuite sortir de ses pensées en parlant. C’était une bonne idée puisque ça lui évitait de broyer du noir. En voyant la jeune femme se mordiller la lèvre inférieure Ralph cru entrevoir une ouverture. Elle semblait assez réceptive à son humour et ses sous-entendus. Il devait bien s’entrainer quelque part et avec une jeune femme aussi ravissante qu’elle. « Si je vous dis que c’est grâce à votre présence, ça passe mieux ? » Lui demanda Ralph avant de laisser échapper un léger rire. Il continuait de flirter doucement avec elle. Il ne se trouvait pas si nul que ça, mais il ne voulait pas trop en faire. Elle se mettait à rougir et c’était une preuve que ça marchait, mais aussi qu’elle était gênée et ce n’était pas son but. « J’arrête de vous mettre mal à l’aise c’est promis. » Rajouta le beau brun avec un sourire en coin. Il doit être naïf pour penser qu’une si belle jeune femme soit libre et qu’elle puisse avoir un quelconque intérêt autre que professionnel avec lui. Il décidait alors de se ressaisir sans autre signe de sa part d’encouragement. Dove défendait sa collègue et en profitait pour tacler légèrement Ralph qui l’avait bien mérité. Cela en disait beaucoup sur sa loyauté et c’est quelque chose qui ne lui déplaisait pas.  Elle le piquait avec ses absences parce qu’elle savait que c’était important. Il devait être plus sérieux sur sa convalescence, elle devait aussi se douter que quelque chose se cachait derrière ça. Il n’avait personne pour le pousser à se bouger. Il se sentait diminué et il savait qu’il n’avançait pas aussi rapidement qu’il le devrait. Il n’avait pas envie qu’on le lui dise. Il avait l’impression de faire ce qu’il pouvait. Son moral jouait aussi sur sa rééducation. On le dit souvent que le cerveau humain a de nombreux pouvoirs et puisqu’il ne se sent pas comme avant cela le ralenti. Cependant, il n’avait pas très envie de se confier sur sa solitude avec son infirmière. « Peut-être que je n’avais pas envie qu’on me dise ce que je sais déjà. J’aurais dû récupérer plus rapidement. » Lui fit remarquer Ralph.  Il se demandait ce qu’il devrait faire pour avancer, mais il n’en avait aucune idée. Il en voulait pas entendre parler de patience. Sa dose de patience était déjà dépassée depuis qu’il devait voir son ex-fiancée avec un autre. Désormais, il était assez à cours de patience. Dove lui demanda ensuite de lui serrer la main afin de le tester avec toujours une dose d’humour. Ralph s’exécuta avant de regarder sa main gauche et de trembler légèrement.  Il voyait cette main, ce doigt qui devrait porter un anneau, mais qui était si vide. Sa vie avait pris un tournant différent et il l’acceptait petit à petit. Il devait aller de l’avant.

Dove n'étais pas habituée à ce qu'on lui témoigne de l'attention. Elle était persuadée qu'elle n'était pas vraiment le genre de femme sur laquelle les hommes se retournaient dans la rue, et ça lui convenait. Pudique, discrète, la jeune femme détestait attirer l'attention. C'est probablement la raison pour laquelle elle était encore célibataire à trente ans passés. Une donne qui en soit, ne la dérangeait pas tellement. Elle estimait ne pas avoir besoin d'un homme dans sa vie pour se sentir épanouie. Elle adorait son travail, recevait l'amour inconditionnel de deux adorables boules de poils, voyait régulièrement sa grand-mère et sortais parfois avec quelques amis. Rien ne manquait réellement à son bonheur. Pourtant, malgré le trouble occasionné par la tentative de flirt de son patient, Dove se sentit flattée d'être pour une fois le centre de l'attention de quelqu'un. D'un bel homme qui plus est, aux charmes duquel la jolie infirmière n'était pas tout à fait insensible. Déjà rougissante, elle sentit une légère chaleur irradier dans ses pommettes lorsque Ralph reprit la parole:« Si je vous dis que c’est grâce à votre présence, ça passe mieux ? ». Elle releva furtivement ses iris claires sur lui et lui adressa un sourire timide avant de détourner prestement les yeux. S'amusait-il seulement à la taquiner ou était-il réellement en train d'essayer de flirter avec elle? Perdue, Dove reporta son attention sur ses instruments d'examen. Elle en déplaça quelque uns pour s'occuper les mains plus que par réelle nécessité avant de finalement trouver le courage de se retourner vers l'avocat: «Dois-je me réjouir de faire de vous un homme prétentieux, ou bien du fait que vous sembliez de bien meilleure humeur en ma présence?» questionna-t-elle avec un sourire à son attention. Elle espérait vivement qu'il opte pour la seconde option même si au fond, elle ne savait pas réellement comment interpréter ce changement de comportement. Elle ne tenait pas à se faire des idées. C'était tout à fait son genre, s'emballer pour des broutilles, easy girl!.
Finalement, c'est avec un sourire de soulagement que la jolie blonde accueilli la promesse de son patient de ne pas essayer de la mettre plus mal à l'aise qu'elle ne l'était déjà: « C'est gentil... ». Elle n'avait rien contre le fait qu'il puisse se montrer charmeur avec elle, bien au contraire, seulement, elle n'était pas certaine d'avoir envie de réaliser qu'il n'agissait ainsi avec elle que dans le seul but de la taquiner gentiment. Quelque chose au fond d'elle lui disait qu'elle ne l'aurait probablement pas supporté. Aussi estimait-elle préférable qu'ils conservent, l'un comme l'autre, un comportement professionnel, tant qu'ils étaient coincés entre les murs de l'hôpital tout du moins. Préférant changer de sujet, Dove évoqua Martha, sa collègue pour qui Ralph ne semblait pas éprouver une grande sympathie. A vrai dire, la jeune femme n'en était pas réellement étonnée. Rares étaient les gens qui appréciaient réellement Martha. Contrairement à Dove qui s'attachait toujours à ses patients quelle que soit la durée de leur séjours aux soins intensifs, Martha mettait un point d'honneur à les traiter le plus stoïquement possible. Peut-être était-ce une façon de se protéger. Toujours est-il que la vieille infirmière n'en était pas moins une femme très gentille lorsque l'on apprenait à la connaitre. Encore pour cela fallait-il honorer ses rendez-vous avec elle, ce qui évidemment, n'avait pas été le cas de Ralph, chose que Dove ne manqua pas de faire remarquer avec humour. Elle ne tenait pas à froisser le convalescent, seulement à lui faire prendre conscience de l'importance de cette rééducation qu'il semblait prendre à la légère. Son regard doux posé sur lui, Dove baissa brièvement les yeux lorsqu'il parla à nouveau:« Peut-être que je n’avais pas envie qu’on me dise ce que je sais déjà. J’aurais dû récupérer plus rapidement. » L'air sombre et résigné qu'il avait adopté pour lui répondre lui serra le coeur. Elle se mordit légèrement la lèvre inférieure, ne sachant pas réellement quoi répondre à cela mais reprit très vite du poil de la bête et inspira profondément avant d'afficher son sourire le plus convainquant. «Si je promet de ne pas vous dire ce que vous savez déjà, vous voulez bien me promettre de venir à vos prochaines séances? Je vous jure qu'avec un peu plus d'assiduité vous n'aurez plus à me supporter très longtemps...» Souffla-t-elle avec un petit sourire encourageant. Elle n'était pas vraiment enchantée à l'idée de ne plus le revoir une fois ses soins terminés. Elle s'était attachée  à lui. D'abord à l'idée qu'elle s'était faite de lui durant son coma, et par la suite, à l'homme bourru mais profondément gentil qu'elle avait apprit à connaitre au fil de leurs conversations. Seulement, elle savait qu'un jour viendrait où ils devraient se dire au revoir pour de bon, parce qu'il serait guéri et qu'il n'aurait plus besoin d'elle, et elle savait aussi que plus tôt ce jour viendrait, mieux il se sentirait, même si la réciproque n'était absolument pas vraie...
Ralph prit finalement sa main comme elle le lui avait demandé et serra ses doigts entre les siens. La chaleur de sa peau sembla se mêler à la sienne et elle ne put s'empêcher de se mordre légèrement la lèvre inférieure, troublée par ce contact pourtant anodin. Lorsqu'elle releva les yeux vers lui, satisfaite de l'exercice, elle planta son regard dans le sien et resserra à son tour la pression de ses doigts autour de ceux de l'avocat. «Marché conclu?» Questionna-t-elle en l'interrogeant du regard, prête à secouer sa main pour sceller le pacte qu'elle était en train de lui proposer.

Ralph était assez étonné de l’attitude de Dove. Elle semblait très pudique, étonnée qu’il lui témoigne de l’attention comme si elle n’avait pas l’habitude. Elle était bien loin de l’image qu’on peut avoir d’elle au premier abord. En effet, avec sa belle chevelure, son visage d’ange et son sourire on pouvait s’imaginer qu’elle aurait énormément confiance en elle. Finalement il n’en était rien et elle semblait sur la retenue. Il savait qu’il devait se montrer plus subtile. Il n’avait aucune envie de l’embarrasser après tout c’était elle qui lui faisait ses piqures. Il n’avait pas envie qu’elle se mette à piquer la mauvaise veine. « Vous m’encouragez toujours à prendre les choses du bon côté alors je dirais que vous devriez vous réjouir du fait que je semble de meilleur d’humeur en votre présence. » Lui expliqua Ralph avec un sourire en coin. Il ne savait pas vraiment ce qui lui prenait aujourd’hui. Quelque chose changeait en lui. Il était en pleine expérimentation et Dove semblait réceptive. Même si elle était sur la retenue il y a certains signes qui ne trompent pas. Ralph savait que Dove était professionnelle et elle n’hésitait pas à supporter sa collègue. Elle avait des arguments, mais il en avait aussi. Elle semblait touchée par ses paroles et très compréhensive. Elle pouvait comprendre qu’un homme se sente diminué de ne pas être sur pied plus rapidement. Elle tentait de le remotiver, de lui donner une solution simple. « C’est un deal ! » Lui lança le beau brun, mais quelque chose avait vraiment fait écho en lui. Dans quelques temps, s’il était assidu il n’aurait plus l’occasion de la revoir et ce n’était pas si simple. Etrangement, elle lui manquerait sûrement. Pas au point d’avoir envie de continuer des séances, mais au point d’avoir envie de la revoir à l’extérieur, dans un autre cadre. Ralph était en train de se rendre compte qu’il ne pouvait pas continuer à vivre autant dans le passé. Il devait commencer à penser à son avenir. Mara ne reviendrait pas et ces derniers temps, il a eu le courage de s’en éloigner. Il sent les progrès qu’il fait même si ça n’est pas facile aujourd’hui. Lorsqu’il regardait Dove il sentait une certaine alchimie et il n’avait pas envie de continuer à jouer à l’autruche. Il avait envie de l’inviter à boire un verre et il se demandait ce qui le retenait. Il savait bien que la jeune femme était une professionnelle et qu’elle ne voudrait pas tout mélanger. Ralph avait bien envie de lui dire qu’il était prêt à changer d’infirmière, mais il ne voulait pas non plus lui mettre une quelconque pression. Il devait trouver un compromis pour l’inviter prochainement. Ralph ne savait pas vraiment comment s’y prendre. Aujourd’hui tout se faisait sur Tinder, derrière un écran. Il se sentait comme un has been. Il n’avait aucune envie de le faire ainsi. Il était peut-être vieux jeu. Il sentait une connexion avec Dove alors il décidait de se lancer puisqu’il n’avait rien à perdre mise à part sa dignité. Il préférait lui demander à elle qui semblait équilibrée plutôt qu’à une inconnue. « Je sais que notre relation est professionnelle, mais il arrivera un moment où je n’aurais plus besoin de vos services. » Lui confia le beau brun avant de s’arrêter. La jeune femme ne semblait pas se douter d’où allait cette phrase. Il prenait son temps pour le faire parce qu’il n’était pas vraiment sûr de lui. Il tentait cependant, de faire illusion. « Est-ce que ça serait déplacé de vous inviter à boire un café à ce moment ? » Lui proposa Ralph. Il n’en revenait pas d’avoir eu le courage de lui proposer ça. Il savait que ça n’engageait à rien, mais c’était énorme pour lui puisqu’il n’avait pas fait ça depuis si longtemps. Il était à la fois terrifié à l’idée de s’humilier devant la jeune femme, mais aussi fier de lui. Au moins il se serait lancé sans se poser des milliers de questions.

« Vous m’encouragez toujours à prendre les choses du bon côté alors je dirais que vous devriez vous réjouir du fait que je semble de meilleur d’humeur en votre présence. »Les yeux baissés, Dove se mordit l'intérieur de la joue avant d'esquisser un petit sourire en direction de son patient. Elle était vraiment satisfaite d'apprendre qu'elle arrivait à rendre cet homme taciturne et grognon plus optimiste et de bien meilleure humeur. Elle s'étonnait toujours du pouvoir qu'un simple sourire ou quelques mots gentils pouvaient avoir sur les gens mais n'était pas mécontente de constater que finalement, il suffisait de bien peu pour apporter un peu de douceur dans le vie des autres. C'est ce qu'elle espérait apporter à la vie de Ralph, un peu de douceur. Elle était parfaitement consciente qu'avoir à venir à l'hôpital n'avait rien d'une partie de plaisir pour une majorité de personnes et que rares étaient celles et ceux qui comme elle aimaient cet endroit, mais elle espérait rendre le séjour des hommes et des femmes qu'elle côtoyait entre les murs de l'établissement plus supportable. C'est ce qu'elle s'efforçait à faire en cet instant même, rendre le séjour de l'avocat moins pénible. Elle n'était pas là pour lui rabâcher les mêmes phrases insupportables que son entourage ou les médecins avaient sans doute dû lui répéter des centaines de fois. Elle n'avait pas envie de lui rebattre les oreilles du même sempiternel refrain à propos de ses progrès ou de son absence de progrès. Non, tout ce que Dove souhaitait pour son patient, c'était qu'il aille mieux, et pour cela, il devait se montrer le plus assidu possible à ses séances, ce dont la jeune femme comptait bien s'assurer en passant un marché avec lui. « C’est un deal ! » Le visage de la jolie infirmière se fendit d'un sourire radieux lorsqu'il lui rendit sa poignée de main. Il avait promis et désormais, Dove était bien déterminée à lui faire tenir sa promesse même si elle devait venir le chercher et le trainer elle même jusqu'ici. Elle ne le laisserait plus se débiner. « Parfait, c'est un plaisir de faire des affaires avec vous Monsieur Henstridge! » souffla-t-elle avec un sourire tout en secouant la main de l'avocat d'une poigne légère mais déterminée. Lorsqu'elle relâcha la pression de ses doigts sur celle de Ralph, Dove lui sourit plus largement encore avant de se détourner vers son plateau devant lequel son sourire se fit progressivement moins joyeux jusqu'à laisser place à un léger soupir. Elle était vraiment heureuse que Ralph ait accepté son offre, mais moins enthousiaste à l'idée qu'il finisse par ne plus avoir besoin d'elle. Peut-être que finalement, c'était elle qui avait besoin de lui. Elle avait prit goût à leurs conversations, aux visites régulières de son patient, à lui tout simplement. Il lui plaisait, c'était certain, et même si elle n'oserait jamais le lui dire en face, il lui manquerait. Beaucoup.

La mine moins enjouée, la jolie blonde s'appliqua néanmoins à préparer le nécessaire afin de prélever un peu de sang à Ralph afin de faire réaliser un bilan sanguin. Même s'il était réveillé depuis un certain temps désormais, il était indispensable pour le corps médical de s'assurer que son corps s'était parfaitement réveillé lui aussi et qu'aucun de dommage interne n'avait été causé par son long sommeil. Un coton imbibé d'alcool en main, Dove se retourna finalement vers Ralph au moment même où il reprit la parole: « Je sais que notre relation est professionnelle, mais il arrivera un moment où je n’aurais plus besoin de vos services. » Elle avait fait tout son possible pour rester concentrée sur son travail tandis qu'il lui parlait. Les yeux rivés sur l'avant bras de son patient dont la manche relevée jusqu'à la moitié du biceps laissait les veines de l'intérieur du bras à sa merci, l'infirmière avait inconsciemment commencé à retenir son souffle lorsqu'il avait abordé leur relation. Incertaine de savoir où il voulait en venir, elle évitait soigneusement son regard tout en nettoyant la peau avec le morceau de coton. Pourtant, elle finit par relever les yeux vers ceux de l'avocat au terme de quelques secondes qui lui parurent durer une éternité. Il faisait durer le suspens et Dove était au comble de l'impatience sans être certaine pour autant d'avoir envie d'entendre la fin de sa déclaration. Les incisives profondément plantées dans la chair de sa lèvre inférieure blanchie sous la pression de ses dents, la jeune femme laissa échapper finalement échapper un petit rire nerveux lorsque Ralph l'interrogea:« Est-ce que ça serait déplacé de vous inviter à boire un café à ce moment ? » Les joues rosies à la fois par le plaisir provoqué par cette demande mais aussi par la timidité, la jolie blonde hocha positivement la tête avant d'ouvrir la bouche à son tour. «J'adorerais ça... » Souffla-t-elle avec le plus de retenue possible. Elle avait beau essayer de rester le plus calme possible face à cette demande, ses yeux clairs pétillaient déjà d'une certaine impatience à l'idée de ce rendez-vous. Elle n'arrivait pas à croire qu'il venait réellement de l'inviter. Ca n'avait beau être que pour partager un café, Dove était finalement presque pressée de voir la fin des soins de son patient arriver. Un sourire aux lèvres qu'elle tenta de réprimer en se mordant la lèvre inférieure, elle se détourna finalement de son patient pour prendre la seringue avec laquelle elle devait effectuer son prélèvement sanguin. Le dos tourné, elle en profita pour laisser éclater sa joie silencieusement et son visage se fendit à nouveau d'un sourire éclatant qu'elle dissipa en prenant une grande inspiration avant de reporter son attention sur Ralph. Il aurait fallu de peu pour qu'elle se mette à trépigner de joie dans la salle mais lorsqu'elle posa à nouveau les yeux sur son patient, Dove avait retrouvé son professionnalisme et sa réserve. «Ca risque de piquer un peu... Dites le moi si jamais je vous fait mal...» annonça-t-elle avec gentillesse avant de poser un garrot autour du bras de l'avocat afin de faire affluer le sang dans la veine dans laquelle elle inséra l'aiguille avec le plus de douceur possible. « Est-ce que ça va? » Demanda-t-elle timidement tout en changeant de tube afin d'en remplir un second.

Ralph avait pris un risque en invitant la jeune femme à boire un café lorsqu’il serait guéri. Il aurait pu gâcher leur relation en allant trop vite, en comprenant mal les signes que lui envoyaient Dove. Il ne savait pas ce qu’il aurait fait si la jeune femme l’avait éconduit. Il aurait surement pris la fuite pour se cacher et éviter de s’humilier. Il n’avait pas envie de perdre la face devant elle. Il avait une image à tenir et il aimait la façon dont elle le voyait, elle le regardait. La réponse de Dove le surprenait. Ce n’était pas simplement le fait qu’elle dise oui, mais c’était la façon de le faire. Elle essayait de rester calme, mais elle ne faisait pas illusion. Ralph se rendait compte que la jeune femme n’attendait que ça puisqu’elle n’était pas insensible à sa demande. Il l’a sentait se radoucir d’un coup. Elle en serait presque devenue gênée, mais dans le bon sens du terme comme si elle ne s’attendait pas à ce qu’un homme comme lui l’invite à boire un café. Il prenait conscience qu’il avait pris la bonne décision puisque Dove semblait sous son charme. Il n’en avait eu aucune idée auparavant. Il savait que le courant passait bien entre eux, il y avait une certaine alchimie, mais il était si rouillé qu’il n’en avait pas tellement eu conscience. Les signes qu’elle envoyait n’étaient pas très clairs pour lui jusqu’aujourd’hui. Il était donc soulagé d’avoir osé lui proposer. Il se sentait comme un adolescent qui allait avoir très prochainement son premier rendez-vous. Il n’en avait pas eu depuis des années.Il ne lui dirait pas, mais il songeait à faire un test avant avec une autre femme juste pour être sûr de ne pas gâcher le leur. Il ne savait plus comment s’y prendre avec les femmes. Sa dernière expérience remontait à avant son accident et tout ce qu’il connaissait aujourd’hui c’était le drame.C’était la première fois depuis longtemps qu’il était réellement motivé pour guérir. Il avait une motivation. « Je sens que je vais guérir très vite ! » Lui lança Ralph avec un sourire en coin. Il savait comment être charmeur quand il voulait. La présence de Dove le rassurait. Elle lui prouvait que peut-être ce n’était pas la fin pour lui, mais le début d’autre chose. Il s’était convaincu qu’il finirait seul, que l’amour de sa vie était partie. Elle ouvrait une nouvelle fenêtre sur un avenir moins sombre. Ils ne se promettaient rien bien entendu, mais elle lui permettait d’avoir de l’espoir et c’était déjà beaucoup. Il savait que même si ça ne marcherait pas forcément Dove était la personne idéale. Elle était douce, gentille, généreuse, magnifique et drôle. Il s’entendait très bien avec elle. Elle avait aussi son petit caractère et s’il arrivait à tourner la page il aimerait le faire en compagnie d’une jeune femme comme elle. Bien sûr il ne le dirait pas pour ne pas mettre une quelconque pression. Dove était très prévenante avec Ralph. Elle s’inquiétait de savoir si elle ne lui faisait pas mal. Elle savait à la fois être professionnelle, généreuse. Elle savait passer d’un état à l’autre et reprendre son rôle. Il appréciait ça chez elle et ça prouvait qu’elle était équilibrée et qu’il ne risquait pas un jour de se retrouver charcuter si elle était de mauvaise humeur. « Oui ne vous inquiétez pas, j’ai l’habitude maintenant. » Lui confia Ralph avec un petit rire. Il avait eu l’habitude au fil des mois il avait eu l’impression de devenir un morceau de viande entre les examens, les piqûres et les prises de sang. Désormais, il avait pris le pli.

Un rire cristallin s'échappa des lèvres de Dove lorsque Ralph lui confia qu'il pensait désormais guérir très vite. C'est tout ce que Dove espérait, et si la seule promesse d'aller boire un café avec lui lorsqu'il serait guéri pouvait aider, l'infirmière était prête à lui faire toutes les promesses du monde. Dans la limite du raisonnable. La vérité c'est que Dove attendait cette proposition depuis longtemps, inconsciemment au départ, puis avec plus d'envie par la suite, parce que l'homme qu'elle avait apprit à connaitre au fil de leurs séances ne l'avait pas laissée totalement insensible. Bien au contraire. Elle aurait aimé lui dire qu'elle avait hâte elle aussi qu'il soit guéri afin qu'ils puissent concrétiser ce rendez-vous qu'ils s'étaient donnés, mais elle se retint. La jolie blonde ne voulait pas le presser. Elle voulait avant tout qu'il guérisse pour lui, pas seulement pour elle. Pour elle, c'était un peu présomptueux d'imaginer que l'avocat puisse avoir envie de guérir plus vite dans le seul but de l'emmener boire un verre, mais cette idée la touchait malgré tout, bien plus qu'elle n'aurait bien voulu l'admettre.
Un sourire suspendu aux lèvres, comme si plus rien ne pouvait désormais venir gâcher cette journée, Dove s'appliqua à prélever un peu de son sang à son patient. Avec toute la douceur dont elle était capable, elle s'occupa de changer les fioles chaque fois que la précédente était pleine puis imbiba un coton d'alcool qu'elle appliqua d'une légère pression sur le bras de Ralph une fois la manoeuvre terminée. Elle avait évité de trop le regarder au cours de la prise de sang et ne savait plus très bien comment réagir désormais. Ce qu'elle avait redouté le plus était en train de se produire... Elle avait franchit la fine ligne qui séparaient le professionnel du privé et ne savait plus ce qu'il convenait de dire ou de ne pas dire. Elle craignait de se montrer trop familière, pas assez professionnelle, mais aussi d'avoir l'air trop froide tout à coup. Elle détestait cette sensation. "Voilà... C'est terminé..." Souffla-t-elle avec un sourire légèrement crispé qu'elle dissimula en détournant timidement le visage pour replacer une mèche de cheveux derrière son oreille. Elle se sentait intimidée, vulnérable maintenant qu'ils avaient franchit la barrière patient/soignant qu'ils s'étaient imposés jusqu'ici. Inspirant profondément pour se donner du courage, elle se força finalement à afficher un sourire plus large à l'attention de son patient. "Je suis fière de vous Monsieur Henstridge, vous avez été très sage! Est-ce que vous voulez un bonbon pour vous récompenser?" Questionna-t-elle finalement, un sourire taquin sur le visage.

Ralph avait envie d’aller boire ce café avec elle prochainement. Assez pour essayer de se remettre plus rapidement sur pied. Il devait sortir, profiter de la vie au lieu de survivre. Il était plutôt en bonne santé maintenant alors il devait arrêter de vivre dans le passé. Il avait pris une grande décision aujourd’hui. Il espérait cependant, qu’il n’allait pas tout ficher en l’air. Elle est le genre de femmes qu’on rappelle, qu’on revoit, mais pas celle d’un soir. Dove semblait intimidée par sa personne. Il ne comprenait pas tout à fait pourquoi. Il n’avait pas l’impression d’être quelqu’un qui intimide les autres. C’est ainsi qu’il ressentait qu’il ne le laissait pas indifférente et c’était une bonne chose parce qu’elle ne le laissait pas indifférent. Il n’avait pas non plus envie de la mettre mal à l’aise alors il se comportait sagement. Il savait que chaque chose devait se faire en son temps. Il n’avait pas envie de lui mettre une quelconque pression. Elle restait son infirmière pour le moment. Dans tous les cas, Ralph allait enfin pouvoir rentrer chez lui, il n’avait plus vraiment besoin de soin. C’était une bonne chose puisque ça ne faisait plus de lui son patient, mais il resta silencieux. « Je ne dis jamais non à un bonbon ! » Lui répondit Ralph avec un sourire en coin. La jeune femme le pris aux mots et alla lui chercher une friandise. Il ne pu s’empêcher de rire et de prendre le bonbon. Il n’allait quand même pas refuser. Ralph en profita pour se rhabiller, remettre son manteau et prendre ses affaires. Il savait que c’était le moment de lui dire au revoir, mais il n’en avait pas forcément envie. C’était drôle quand on sait qu’il ne voulait pas venir ici. Dove savait comment lui faire passer un agréable moment. Il espérait qu’ils pourraient remettre ça rapidement, mais dans un contexte plus amusant. C’est ainsi qu’il lui rappela gentiment : « N’oubliez pas, dès que je vais mieux, je vous appelle .. » Il n’avait pas envie d’être lourd sur la question et il ne l’aurait pas fait si la jeune femme n’avait pas été aussi réceptive. Il sentait qu’il y avait quelque chose qui se passait, un courant peut-être. Il n’avait pas envie de laisser passer sa chance. C’était bien la première femme depuis Mara qui lui donnait envie de sortir de sa zone de confort. « Bonne journée ! » Lui dit Ralph avec un sourire en coin avant de s’en aller.

Sujet terminé.