rp arrangé / maisy and kyle

Le diner était parfois trop calme. Maisy, elle aimait bien quand ça grouillait de monde, les soirs de week-end, lorsqu'elle n'avait pas le temps de s'ennuyer. Elle enchaînait les services et les cafés, dans une bonne humeur qu'on admirait souvent. Mais ce soir-là était loin d'être le meilleur jour de la semaine. Il était tard, presque vingt-trois heures, et son service de nuit s'achevait dans plusieurs heures encore. Elle s'affairait à effectuer des tâches inutiles – trier les serviettes, organiser les verres, ranger les bouteilles par ordre alphabétique – dans l'espoir de combler l'ennui qui l'assaillait inévitablement. Elle servait du café presque machinalement, toutes les dix minutes, aux deux clients avachis sur la banquette d'une table, qui fortifiait leur boisson chaude de quelques gouttes d'alcool bien planqué dans leur veste. Elle n'était pas stupide, Maisy, elle avait senti l'odeur dès la première tasse. Ils riaient fort, faisaient des messes basses que le quartier entier pouvait entendre, et lui jetaient des regards pas toujours très neutres. Mais elle avait l'habitude, alors elle ne répliquait rien, et se contentait de faire son travail. Outre les deux bedonnants un peu trop éméchés, elle faisait attention à ce que le troisième client, un homme de la trentaine, comme elle, à quelques tables de là, ne manquait pas de café non plus. C'était presque un réflexe, de se présenter aux clients cafetière en main, presque dès qu'ils avaient avalé la dernière goutte de leur tasse. - Du café ? Demanda-t-elle à nouveau, avant de le servir sans réellement attendre sa réponse. Puis, après un sourire poli, elle se dirigea vers les deux premiers clients pour les servir à nouveau. - Merci ma jolie. La voix grave s'évanouit dans un rire rauque, et Maisy grimaça, ennuyée par ces comportements dont elle avait pourtant l'habitude. Alors qu'elle s'apprêtait à se tourner pour retrouver son poste derrière le comptoir, elle sentit une main sous sa jupe, accompagné de deux grognements. Ni un ni deux, elle se dégagea, et attrapa le poignet en question entre ses doigts. - Ne me touchez pas. Elle était frêle, peu encline à la violence, mais elle avait quelques séances de self-défense à son actif. L'homme lâcha une grimace alors qu'elle lâchait son poignet. - Roh, allez, t'es pas marrante. C'est quoi l'intérêt de mettre une jupe aussi courte si on a pas le droit de toucher ? Elle serra la mâchoire, exaspérée par ses mots, prête à se défendre s'il posait de nouveau la main sur elle, mais parfaitement consciente que seule face à deux hommes de quatre-vingt-dix kilos, elle ne pourrait pas grand-chose. Et son cœur accéléra.

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FT MAISY & KYLE

Assis au bar, Kyle avait commandé un café. Il était épuisé. Littéralement. La salle de ventes était comble aujourd'hui et Kyle avait jonglé entre plusieurs acheteurs toute la journée, présentant parfois le même objet en différentes langues. Il n'aurait jamais cru que ça s'éterniserait autant et pourtant, il était là maintenant. Fatigué, à la recherche d'un verre de caféine pour reprendre un peu de force avant de rentrer dormir. Juste dormir. Parce que de la force, il en avait besoin s'il voulait rentrer chez lui en morceaux tant il n'avait pas envie de monter sur son vélo pour parcourir la ville. Il en profitait du coup pour arranger son agenda. La tâche ultime d'un mec de bureau. C'était un peu bête, mais il n'était pas du tout paperasse et il oubliait le plus souvent de noter les informations quant à ses futurs rendez-vous ou événements importants. Il finissait par se souvenir, à un moment où à un autre de la semaine, qu'il devait faire le point pour ne pas se retrouver dans une situation embêtante - ce qui lui était déjà arrivé. Stylo rouge en main, il rayait les rendez-vous passés et modifier les pauvres notes qu'il avait sans doute ajoutées la dernière fois qu'il s'était attardé sur le petit agenda. Il était en train de s'étirer, quand il entend la voix de la serveuse dans un ton peu aimable.

Il avait cette fâcheuse super concentration. Quand il avait quelque chose à faire, rien ne pouvait vraiment l'arrêter. Il avait toujours su garder ses sens en alerte, mais n'avait pas vu le danger. Ces deux idiots n'étaient pas un danger, en tout cas, pour lui. L'image qu'il avait sous les yeux désormais, était toute autre chose. La serveuse tenait la main d'un des types, en colère, les mots explicites. Il l'avait touché et pas d'une manière amicale. Sa prise de poignet était assez forte pour que l'inconnu grimace. Kyle senti tout de suite qu'elle avait sans doute déjà eu de l'expérience en la matière de défense ou qu'elle a tout simplement pris des cours. Vu la ville, cela n'était pas du tout étonnant. « - Et c'est quoi l'intérêt de venir boire des cafés si c'est pour y verser de la vodka pas chère ? » Kyle resta à sa place, mais sa voix était assez portante pour qu'ils l'entendent. « - Vous savez que c’est illégal, non ? » Pas certain que ça soit le genre de choses qui arrête les abrutis, mais Kyle gagner du temps. Il attrapa sa tasse, faisant signe à la serveuse. Voilà qui lui donnait une excuse pour s’éloigner et faire son travail. Et qui permettait à Kyle de continuer de capter l’intention de deux vieux ploucs. « - Et avant que vous me posiez la question… » Il fouina dans ses poches, à la recherche d’un objet bien particulier. Il ressortit alors un badge collé sur un bout de cuir noir qu’il posa sur sa table. C’était drôle, parce qu’il n’avait utilisé ce badge que lors de ces visites chez son supérieur. L’objet se retrouvait ensuite oublié dans un coin de sa maison et un jour, Arya était tombé dessus. Il lui avait raconté qu’il avait acheté ça pour un déguisement d’Halloween à l’époque où il était à la fac. Les histoires de sororité, ça fonctionnait toujours. Aujourd’hui, il avait essayé de prendre contact, une nouvelle fois il s’était retrouvé à attendre pendant trois heures un rendez-vous qu’on ne lui donnera jamais. Plus de trois ans qu’il est là, plus de trois que la CIA l’ignore. C’est peut-être le moment de laisser tomber.

Elle avait l'habitude, Maisy, des clients comme ceux-là. Elle les voyait défiler tous les jours, une parade de rires rauques, d'odeur de bière et de cigarette, les gestes déplacés et les mots qui vont avec. Elle avait appris à passer outre, ne pas y faire attention, se défendre lorsqu'elle le pouvait, et laisser couler le reste du temps. Elle avait le réflexe de prendre sur elle, parce qu'elle avait toujours la voix du patron en fond sonore dans le crâne, qui soulignait que le client était roi. D'où les tenues peu appropriées. Le business avant tout. Les cours de self-defense qu'elle avait à son actif lui permettait la plupart du temps de s'en sortir indemne. Un client passait encore, deux, c'était plus délicat. L'autre n'avait qu'à se lever, et en une pichenette, Maisy volait à l'autre bout du diner, et personne ne serait là pour en attester. Personne, sauf la voix grave et blasée qui fit tourner les trois visages vers son propriétaire, assis à quelques mètres. Maisy n'eut aucun doute que ses yeux criaient son soulagement. Il était rare qu'on intervienne dans ce genre de situation. Le plus souvent, on jetait des regards en coin, sans bouger le petit doigt. Elle tenait toujours le poignet de l'ivrogne entre ses doigts fins, et cligna des paupières alors que son sauveur agitait sa tasse. Elle hésita, une seconde, peu certaine de vouloir le laisser gérer la situation. S'ils se battaient, elle serait virée. Et pour autant qu'elle sache, trouver un job sans avoir de diplôme n'était pas une tâche facile. Pourtant, elle s'exécuta, lâcha le bras du client pour se précipiter derrière le comptoir et y faire chauffer du café. Elle observa la scène du coin de l'oeil, cachée derrière le bar, un petit sourire espiègle collé au visage. Sa curiosité naturelle prit le dessus, et elle se pencha légèrement dans l'espoir de mieux entendre l'échange entre les trois hommes, ou plutôt le monologue de celui qui était venu à sa rescousse. Elle écarquilla légèrement les yeux, surprise, étonnée, lorsqu'il posa sur la table sa plaque. Maisy avait vu assez de séries et de films policiers pour savoir de quoi il s'agissait. NYPD ? FBI ? CIA ? Elle fixa le petit objet brillant, les paupières plissées, tentant d'apercevoir quoi que ce soit qui pourrait indiquer sa provenance. Elle en connaissait beaucoup, des flics. Nombreux étaient ceux qui raffolaient des hamburgers trop gras du diner, et s'y déplaçaient régulièrement. Maisy était leur serveuse attitrée, parce qu'elle était la plus ancienne ici. Mais lui, elle ne l'avait jamais vu avant. Elle s'arma de sa cafetière et se râcla la gorge pour capter son attention. - Le café est chaud, annonça-t-elle, un sourire poli au visage. Elle n'avait pas envie que l'affront dégénère, et tant pis pour sa satisfaction personnelle d'avoir sa revanche sur les deux hommes. Une revanche non-violente, évidemment, Maisy avait hérité de son côté pacifiste de son père. Elle attendit qu'il termine ses affaires et aille s'installer de nouveau à sa table pour venir le servir. Elle prenait son temps, laissant ses yeux bruns scanner l'homme en question. Puis, alors qu'elle était sur le point de retrouver son poste derrière le comptoir, elle fit volte-face et vint s'asseoir face à lui. Elle plissa les paupières, réfléchissant un instant avant de lâcher, sans avertissement ni introduction : - FBI ? Elle marqua une pause, mais n'attendit pas qu'il réponde pour continuer. - Merci en tout cas. C'est pas souvent que les clients se déplacent pour voler au secours de la serveuse. Elle sourit, sincèrement.

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FT MAISY & KYLE

Quelque part, Kyle ne pouvait pas rester indifférent. Il faisait partie de ces gens qui n'aimaient pas les injustices, le manque de respecter, de savoir-vivre. Il ressentait toujours le besoin unique et féroce de foncer sur ceux qui dépassent les limites comme des idiots illettrés. Alors quand il réalise ce qui se passe, il n'attend pas pour agir. Pour faire quelque chose. Ils étaient deux contre une fille qui faisait simplement son travail et qui n'avait rien demandé. Rapidement, il met en place un plan dont il était le seul à savoir l'étendue, gagnant à la fois du temps et l'attention nécessaire de ces abrutis. Il se battait pour son pays et pour les gens qui vivaient ici. Alors Kyle avait naturellement un esprit de sacrifice. Il était prêt à tout pour les autres, considérant que sa vie valait moins que celles des autres. Là où, une personne lambda, n'aurait sans doute rien fait.

Il se doute que la serveuse a déjà vécu la situation. Travailler tard, seul, c'est le genre d'opportunité pour les crétins de la ville et New York était rempli d'idiots dans le genre. De fou, aussi. Alors Kyle a l'arme ultime. Il pose sur sa table sa vieille plaque et reste tout à fait serein. Un comportement qui peut facilement énerver, ou impressionner. Une partie de lui semble s'être réveillé. Instinctivement. Comme si Kyle était toujours le même. Comme si l'agent qui s'était endormi, n'attendait que d'être réveillé. Un frisson avait parcouru tout son être, comme assoiffé du danger qui avait animé ses missions par le passé. Cette partie de lui, elle espérait qu'ils essayent de lui faire du mal. Qu'ils essayent de lever le doigt, rien que pour qu'il puisse se défouler sur eux.

Naturellement, ils se regardèrent. Les deux vieux sont leur alcool pas cher. Un léger coup d'oeil entre eux, comme s'ils communiquaient en silence. Puis finalement, ils s'en vont, rapidement, déposant même quelques billets sur la table. La peur des problèmes, c'est sans doute ce qui les a forcées à partir aussi vite. Kyle aurait pu poser un jouet sur la table, qu'ils n'auraient rien compris. L'alcool devait jouer aussi. Il n'en doutait pas. Il avait relevé la tête pour les suivre du regard, avant que la voix de la serveuse ne l'interpelle. « - Merci. » Il déplace sa tasse pour qu'elle s'occupe de lui verser du café, puis retourne à son agenda. Ce qui le fatigue par avance, mais il faut dire que dans son métier, ce n'était pas une très bonne idée de ne pas s'organiser. Il en profite pour ranger sa plaque, avant de voir la serveuse d'installer devant lui. Il n'a pas le temps de lui dire qu'elle se trompe, qu'elle le remercie. Un léger sourire apparaît sur le visage de l'ancien agent. « - J'avais juste terriblement envie d'un café... » Il hausse les épaules, appréciant le geste de la jeune femme. Il en profite pour prendre la tasse et souffler légèrement. « - C'est une fausse plaque. » Dit-il alors. Il ne pouvait pas dire la vérité de toute façon. Même si c'était fini. Même si ses tentatives pour reprendre contact avec son supérieur échouaient à chaque fois. Il devait se faire une raison, renoncer. Ce n'était pas un choix facile, mais c'était ce qui devait être fait. Trois ans maintenant, trois ans où l est chez lui, qu'il se construit une vie. « - J'vous rassure, je me balade pas avec pour sauver les demoiselles en détresse. »

Maisy, elle était un peu tête brûlée. On le lui avait toujours dit, elle devait prendre le temps de réfléchir avant d'agir. Elle y travaillait encore, depuis toujours en fait, et elle avait toujours du mal à garder sa jolie bouche fermée, ou ses mains dans les poches. Il ne lui en fallait jamais beaucoup pour qu'elle parte au quart de tour – une réplique un peu limite, une main mal placée et elle se faisait un plaisir de remettre un client trop avenant à sa place. Même lorsqu'elle était seule, qu'il était tard, et qu'elle était face à deux bonshommes de deux fois sa taille et sa largeur, qui empestaient l'alcool dans leurs rires rauques. Alors forcément, elle fut plus que soulagée lorsque Monsieur Muscle, son sauveur, vint à sa rescousse, calmant les deux autres d'un simple regard. Il faut dire qu'il en imposait, avec sa mâchoire carrée, ses cheveux noirs et ses yeux trop bleus. Elle aurait pu avoir peur de lui, si elle n'était pas certaine qu'il était de son côté. Parce qu'il l'était, n'est-ce pas, sinon pourquoi voler à son secours. Elle était intriguée, animée par cette curiosité trop grande qui la faisait mettre les pieds dans le plat, voir ce qui devait rester cacher, découvrir ce qu'elle aurait préféré ignorer. Il était mystérieux, et il n'en fallait pas plus à Maisy pour avoir envie d'en savoir plus. Elle s'installa face à lui, sans s'annoncer, sans demander la permission, et posa la question qui lui brûlait les lèvres. Mais son expression, les paupières plissées, les traits tendus en une grimace de concentration, changea du tout au tout lorsqu'il dévoila l'origine de sa plaque. Elle écarquilla les yeux, recula son visage, bouche-bée, elle n'en revenait visiblement pas. Une fausse plaque. Elle s'attendait à tout, sauf à ça. - Wow ! Lâcha-t-elle dans un cri étonné. - C'est pas vrai ! Vous voulez dire que… Wow. Elle s'attendait à ce qu'il avoue être dans le FBI, la police, ou n'importe quel métier du genre, mais non, il se baladait avec une fausse plaque, un jouet, qui, il fallait l'avouer, lui avait plutôt bien servi ce soir. Elle sourit à sa réplique, lâchant ensuite un petit rire. - Bah ça alors. C'était un sacré coup de bluff. J'espère que vous jouez au poker, ça serait dommage de gâcher un tel talent. Elle lui lança un regard amusé, joueur, l'imaginant déjà autour d'une table de poker, à rafler toutes les mises, peut-être même qu'il était joueur professionnel, elle n'y connaissait rien en joueurs de poker, Maisy. - Bon, c'est plutôt bizarre, de se trimballer avec une fausse plaque, mais je vais pas poser de questions, parce que ça a été plutôt utile. Elle sourit, posa la cafetière sur la table, puis tendit sa main dans un geste poli. - Maisy, au fait. Maisy Hopkins. Mais il devait le savoir, il lui suffisait de regarder son badge pour connaître son prénom. C'était plutôt un moyen pour elle d'entamer une conversation, et d'espérer mettre un nom sur les yeux bleus à la fausse plaque. Peut-être même qu'en rentrant chez elle, elle taperait son nom sur Google. Histoire de.

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FT MAISY & KYLE

Kyle n’a jamais été le genre à se mettre en avant. A intervenir entre deux personnes. Il a toujours préféré rester en retrait, invisible parfois. Quelque part, il souhaitait être discret ou faire le bien sans qu’on le remarque. C’est sans doute pour ça que l’armée lui a tout de suite fait de l’œil. D’une part, une avait une forte volonté à l’utilité, d’une autre, il préférait une équipe et une organisation. Il préférait être un soldat dont les objectifs étaient clairs et précis. Avec le temps il avait développé autre chose. Une capacité à vouloir sauver le monde, mais à sa façon. Rien n’avait prédit que la CIA s’intéresserait à lui, mais c’est ce qui se passa. Comme d’autres, il avait suivi une formation et avait découvert qui il était vraiment. Et c’était ça le plus important : savoir qui on est. Surtout pour lui, qui pendant des années, avait joué des rôles plus différent les uns que les autres. Cela n’avait eu cependant aucun impact sur celui qu’il était. Sur sa volonté à toujours réussir du mieux possible chacune des missions qu’il entreprenait. Il était devenu une force de la nature, un atout idéal, une arme redoutable. Et Kyle avait perdu ça. En revenant à New York, il avait accepté un retour temporaire dans sa vie « normal » et loin du superficiel de ses absences à l’étranger. Il avait accepté quelque chose qui ne devait pas durer. Aujourd’hui, il savait que c’était complétement fini. Il avait toujours du mal à le croire, mais il était prêt à laisser tomber. A ranger définitivement tout ce qui le rattacher à cette vie-là pour embrasser la normalité qui était sienne depuis trois ans. Pourtant, Kyle le savait : il souffrirait toujours de ce vide. Parce qu’il n’était plus le même et qu’on lui avait enlever ce qui le caractérisait. Ce qui faisait de lui, l’homme qu’il était réellement.

En aidant Maisy, il apercevait celui qu’il était autrefois. Il adorait ça. Il aurait même souhaité que les choses soient plus compliqués. Il ne suivait plus les entrainements d’autrefois. Il n’avait plus d’armes. Il n’avait plus accès à rien, mais il ne se sentait pas rouillé pour autant. Il avait la sensation qu’il pouvait encore être utile. Il espérait l’être encore.

La réaction de Maisy lorsqu’il lance que c’est une fausse plaque le fait sourire. Elle est impressionnée. Il sait qu’il doit rapidement à réfléchir à des mensonges pour expliquer la situation, mais ne se démonte pas. Kyle sait gardait son calme et improvisé. C’est une base qui n’oubliera jamais. « - Parfois, mais je connais des gens bien plus doué que moi avec les cartes ! » Il avala quelques gorgés, amusé à l’idée de se retrouver autour d’une table de poker. Il ne jouait pas, ce n’était pas vraiment son truc. Il avait, une fois, compter les cartes lors d’une grosse partie de Blackjack, mais ce n’était pour le plaisir. « - Kyle Fleming. » Il cherche alors dans sa poche, l’une de ces fameuses cartes de l’entreprise de son père. Dans un style graphique parfaitement classe, Maisy pouvait lire qu’il était expert en salle des ventes pour Sotheby's. « - L’expert en antiquité qui se trimballe avec un souvenir vieux comme le monde. » Il rit légèrement, puis pose sa tasse pour regarder Maisy. « - Je faisais partie du Ivy Club à Princeton, et une année, on a fait cette compétition un peu dingue contre les trois autres clubs. Nous étions la CIA, il y avait le FBI, la DEA et la ICE. On a pas gagné, mais on a gardé nos costumes. C’était un bon cadeau souvenir de fin d’année. » Il paraissait vraiment nostalgie, comme s’il se souvenait de cette époque étudiante. Il avait exactement raconté la même chose à Arya et ne comptait pas dire quatre connerie différente sur un même objet. « - Je l’ai retrouvé, il n’y a pas longtemps. Ça fait des semaines que je me dis qu’il faut que je le fasse nettoyer un peu, lui rendre sa gloire d’autant… mais j’oublie. Et ça traine dans mes affaires ! »

Il lui tendit sa carte de visite, et examina le petit bout de carton un instant, alors qu'il se présentait. Elle releva les yeux en souriant, attendrie par sa façon de se décrire. Elle l'écouta parler avec attention, le fixant de ses yeux bruns. Sa mère lui avait souvent dit qu'elle fixait trop les gens, que ça pouvait rendre mal à l'aise, mais elle n'avait jamais pu se débarrasser de ce réflexe. Elle imaginait Kyle étudiant, à boire des bières et rire en présentant sa fausse plaque dans une fausse guerre avec les autres groupes, et ces images lui tirèrent un léger rire. - Ça a l'air fun. C'était plus calme, à la fac de médecine. Elle se rappelait les soirées de la fac, déguisées ou non, qu'elle passait avec James la plupart du temps, et elle ne doutait pas que ces souvenirs étaient très heureux pour Kyle. Les années étudiantes étaient souvent les meilleures pour beaucoup. Elle hocha la tête. - Je suis pas une experte, mais ma mère vous conseillerait sûrement du vinaigre blanc ou du dentifrice, pour la faire briller. Sa mère avait toujours été pleine de ressources, dans tous les domaines, et elle avait tellement accablé Maisy de trucs et astuces qu'elle avait tendance à les mélanger, et finissait par obtenir l'effet inverse de celui voulu. Elle grimaça à cette pensée, et corrigea : - Non, en fait, ne me faites pas confiance. Je vous dis sûrement n'importe quoi, et vous allez vous retrouver avec une plaque toute fondue. Elle rit, jetant un rapide coup d’œil aux alentours pour vérifier qu'aucun client n'était entré pendant qu'elle était distraite par les aventures de Kyle Fleming, et reposa son regard sur lui. - Alors, comment vous êtes passé de l'étudiant déguisé en agent de la CIA à l'expert en antiquités ? Elle était sincèrement curieuse, trop peut-être, mais elle aimait les gens, Maisy, elle aimait les histoires, les banales, les pas communes, et on lui offrait un inconnu sur un plateau d'argent, un mystère entier qu'elle mourrait d'envie de percer à jour. Elle avait toujours eu cette passion pour les gens, peut-être même que c'était ce qui l'avait poussée à entamer une formation d'infirmière, au début, le contact humain, se sentir utile. Enfant elle passait des heures à imaginer la vie des passants dans la rue, s'imaginer une vie à elle, aussi. Elle avait cessé, en grandissant, de jouer à ce jeu là. Mais sa curiosité n'avait jamais faibli, et elle sautait sur la moindre occasion donnée de découvrir de nouvelles histoires.

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FT MAISY & KYLE

Kyle avait un don. Un don pour captiver les gens, pour leur raconter des choses, leur faire imaginer des choses. Il mentait avec un naturel désarmant, une facilité qui depuis des années, lui avait permis de se tirer des affaires les plus compliquées. Alors, lorsqu'il disait d'où venait cette plaque, il avait l'excuse. Celle qui s'adaptait à chaque situation, celle qu'il pouvait réutiliser et qui, quelque part, semblait devenir une réalité. Il s'imaginait parfaitement dans cette vie qui n'a jamais été la sienne. Il se construisait un passé qui lui ressemblait, qui camouflait des choses qui n'étaient pas censées être connues. Il aurait aimé aller à la Fac, se faire une bande d'amis inoubliables, étudier encore et toujours pour se retrouver sans doute à l'exacte même place où il était aujourd'hui. Il se rendait compte qu'il avait la vie qu'il ne voulait pas avoir. Qu'il était de ce pour quoi il avait tout laissé derrière lui. Il n'était pas très utile en tant qu'expert en antiquité, vraiment. C'était même terrible comme travail, très enrichissant pour lui, très loin de ce qu'il faisait avant. Quelque part, c'était aussi parce qu'il ne pensait pas rester. Qu'il ne voulait pas se lancer dans autre chose. Mais maintenant…, devait-il envisager de quitter son emploi actuel – quitte à faire hurler son père – pour un métier qui ressemble davantage à son passé ? Pourquoi pas policier ou pompier ? Quelque chose dont l'utilité est évidente ?

C'est alors qu'il se rend compte qu'il a un peu sombré dans ses pensées et que les paroles de Maisy ont réussi à le sortir du trou dans lequel il était tombé. « - Vous avez fait médecine ? » L'étonnement dans sa voix était clair. C'était une serveuse, pourtant, si elle parlait de la fac de médecine, qu'elle avait eu le courage et l'ambition d'aller jusque-là.

Riant légèrement, Kyle était amusé par la façon dont Maisy avait de parler. Elle proposait quelque chose puis faisait marche arrière, comme si elle n'était pas certaine d'elle et qu'en même temps elle ne pouvait pas s'empêcher de vouloir aider. C'était une chose positive, une chose qui incitait à la confiance. « - J'vais éviter alors, j'y tiens à ce petit truc. Ça m'aide à sauver des vies parfois. » Le voilà qui souriait de nouveau, étant le seul à percevoir la réalité de ses paroles. Sauver des vies, c'était une histoire ancienne. Ce n'est pas en vendant un meuble qu'il sauvait des vies, qu'il protégeait son pays. « - J'ai d'abord joué les rebelles et j'ai refusé de suivre mon père dans son entreprise en entrant dans l'armée. » Il hausse les épaules, comme si c'était tout à fait normal. Il n'avait pas besoin d'en dire plus, c'était déjà bien privé comme information, n'était pas si loin de ce que Kyle avait vraiment fait. « - Je suis revenu il y a trois ans. Après une mauvaise chute. Et voilà. » Il croise les bras, repensant à ses années de parachutistes et se rendant compte qu'il n'avait pas forcément donné cette info-là à Maisy. « - J'étais dans la 173ème brigade aéroportée de l'armée. Les soldats du ciel, comme ils disaient. Classe, non ? » La pointe de nostalgie était de retour, de nouveau puissant, de nouveau légèrement triste. Comme souvent, ce qu'il disait était proche de la réalité. Il faisait bien partie de cette brigade, il avait évolué là-dedans avant d'accepter l'offre de la CIA. Il n'avait pas fait de chute, mais s'était bel et bien retrouvé blessé gravement il y a trois ans. Kyle était minutieux. Il faisait attention à ce qu'il disait et jouer avec sa sincérité pour qu'on y croit. Ça marchait toujours.

« - Je ne vais pas me plaindre, j'adore New York. C'est ma ville. Mais même après tout ce temps… » Il soupire. « - Je vais être honnête, ça me manque un peu. C'est dur, ce n'est pas facile, ce n'est pas fait pour tout le monde, mais c'était fait pour moi. J'adore le boulot que j'ai aujourd'hui, mais ça n'a pas la même saveur… en quelque sorte… »