family talk -w/delfinos

FAMILY TALK

« Et donc, comme vous pouvez le constater, la luminosité de cet appartement... c'est tout simplement fabuleux. Pour le prix, vous ne trouverez pas mieux. » Dit-elle, un large sourire étirant ses lèvres rosées par son maquillage. « Alors, vous le prenez ? » Elle leur tendit un stylo, l'oeil brillant de savoir la vente déjà dans la poche. Julia était excellente dans son domaine et elle ne le savait que trop bien. Néanmoins, elle fut soudainement prise d'un vilain mal de ventre, de nausées désagréables qui la mirent particulièrement mal à l'aise face à ses clients, un drame pour cette jeune femme qui aimait avoir le contrôle sur tout, tout le temps. Elle posa sa main sur ses lèvres et s’éclipsa en courant, sa jupe crayon et ses talons hauts l'empêchant d'aller à l'allure qu'elle souhaitait, pour rejoindre les toilettes les plus proches.

Quelques heures et un détour par la pharmacie plus tard, Julia se trouvait chez l'une de ses meilleures amies, Lena. Elle n'avait pas envie de traverser cette épreuve toute seule et avait besoin d'être entourée. « J'ai peur. » Avoua-t-elle à voix basse, sa fierté prenant le dessus. Oui, elle avait peur. Peur de se tromper, de se faire une fausse joie en pensant être enceinte, pour finalement n'être que victime d'une intoxication alimentaire. Pour la première fois dans sa vie, Julia se sentait pétrifiée par la peur et cela n'avait rien de plaisant. « Tout va bien se passer. » Son amie lui adressa un regard apaisant qui lui réchauffa le cœur. C'était l'heure de vérité, elle avait besoin de savoir. Assise sur la cuvette des toilettes, elle avait le regard perdu dans le vide. Toute sa vie, elle avait rêvé d'être maman, mais les choses ne s'étaient pas déroulées dans le bon ordre. Elle n'était pas mariée et fréquentait vaguement quelqu'un qui n'apprécierait certainement pas de sortir avec une femme enceinte, d'un enfant qui n'est pas le sien, qui plus est. Elle ignorait même l'identité de son donneur de sperme. Elle ignorait tout. Et ces cinq minutes d'attente furent les plus longues de toute sa vie. « Je suis enceinte ! » S'écria-t-elle en sortant des toilettes, se jetant dans les bras de sa meilleure amie. Son rêve devenait finalement réalité, après toutes ces années. Mais très vite, la joie laissa place aux doutes. Et les doutes menèrent à l'anxiété.

Sur le chemin entre l'appartement de Lena et le sien, Julia ne cessa de se gratter l'avant-bras, signe que quelque chose n'allait pas, la dérangeait. Elle était soudainement victime d'une vague, d'un tsunami de stress car elle réalisa à quel point sa vie était bordélique et instable. Elle n'avait pas de réelle relation et n'était donc pas mariée (ce qui pour une enfant de catholiques pratiquants, était quelque peu honteux) et elle hébergeait son frère ainsi que sa sœur, qui n'avaient pas ou plus de lieux où habiter. Mais la plus jeune des Delfino n'était pas capable de refuser quoi que ce soit à sa famille qu'elle considérait être son pilier dans la vie. Surtout pas quand ceux-ci se trouvaient dans la galère et qu'elle avait la possibilité de les aider. Néanmoins, l'annonce de cette grossesse remettait tout en question. Arrivée chez elle, elle hésita un long moment à leur en parler. Ce n'est qu'en tombant sur les affaires de Vittoria éparpillés partout dans la chambre et sur les verres vides de Valentino qu'elle se décida à réunir tout le monde dans le salon, afin d'avoir une discussion, voir comment tout le monde se portait. En réalité, elle trempait simplement son orteil, avant de se jeter à l'eau et de leur avouer la vérité. Assise dans un fauteuil face à eux, elle entama la conversation. « Alors, Val, tu as trouvé un boulot ? » Elle souriait à son frère, se voulant douce, pas agressive. Mais elle avait besoin de savoir où tout cela allait mener.

FAMILY TALK

Il avait passé la journée dans les pensées, à tenter de trouver un moyen de retourner à ses activités principales sans attirer trop d'attention. Plus important, il devait réussir à reconnecter complètement avec Devon sans pour autant attirer trop de regards sur elle. Il savait très bien que s'il passait trop de temps avec elle, les flics finiraient bien par faire le rapprochement. Il avait déjà l’impression qu’ils suivaient les moindres de ses mouvements, grâce au bracelet en métal qui entourait sa cheville depuis sa sortie. Il se pensait enfin libéré de toutes ces conneries ; il avait été bien naïf de croire des idioties pareilles. Il sentait ce petit objet comme un véritable boulet de bagnard qui l’empêchait de se déplacer normalement. L’envie de le retirer était forte, mais il savait que les conséquences seraient désastreuses. Le lendemain de sa sortie, il avait passé dix bonnes minutes à fixer une pince coupante avant de se résigner. Il venait de sortir, il n’avait pas envie de replonger pour quelque chose d’aussi con.

Les heures se sont succédé, à une vitesse dingue. Les verres aussi d'ailleurs. Il avait l'impression de rattraper six années sans alcool. Fallait vraiment qu'il ralentisse sur la dose. Il passa sa main sur son front, restant comme ça pendant quelques secondes. Tenter de se remettre les idées en place. Boire à longueur de journée n'allait pas l'aider à se remettre dans le business. Il ne savait pas trop par où commencer à vrai dire. Il pensait reprendre doucement. Ne pas se lancer dans quelque chose de trop intrépide. Quelques petits vols par-ci, par là. Rien de trop grande envergure. De toute façon, il ne pouvait pas faire grand-chose en étant observé de cette manière. Il entendu la porte d'entrée s'ouvrir. Il releva la tête, abaissant sa main. Sûrement Julia qui rentre du travail. Quelques secondes après le claquement la porte, il fut invité à la rejoindre dans le salon. Valentino déposa sur la table de cuisine la bière qu'il tenait depuis plusieurs minutes déjà. Elle était sûrement tiède depuis tout ce temps-là. Il s'installa dans le fauteuil en face de celui occupé par sa cadette. Un léger sourire se dessina sur son visage à la suite de sa question. Le travail. Si elle savait. Un boulot, il en avait toujours eu un. Pas le genre qu'on déclare à l'Etat. Il se voyait mal répondre qu'il avait déjà quelques plans, mais qu'aucun d'eux n'impliquait quelque chose de légal. Ses sœurs n'étaient pas nées de la dernière pluie, elles avaient toujours été au courant de ses activités, mais peut-être espéraient elles qu'il passe à autre chose, après la prison. « Je regarde. Rien de fixe pour le moment. » C'est pas vraiment un mensonge, dans un sens. Il cherche bien quelque chose à faire. Il sait très bien qu'il possède assez de compétences pour trouver quelque chose, mais c'est juste pas dans ses projets. Il ne veut pas choisir la solution de facilité. Trop peu pour lui de marcher dans le droit chemin. « Je vois mon agent de probation dans deux jours. Elle m'a dit qu'elle avait peut-être quelque chose pour moi. On verra bien si quelqu'un veut bien m'engager malgré le magnifique bijou qui squatte ma cheville. » Il releva légèrement le bas de son jean, faisant apparaître le bracelet de métal comme pour illustrer son propos.

Je réserve la place pour mon rp de ce soir.