(april) hope here needs a humble hand

Je suis sûre que son côté mystérieux doit intriguer pas mal de monde. Les femmes doivent se battre pour le séduire, pour briser cette carapace qui l’entoure. Je n’ai pas la prétention de vouloir la briser, d’avoir cette relation privilégiée que beaucoup aimerait avoir avec lui. Il l’ignore surement mais beaucoup de femmes de notre orchestre l’admire et le désire, attirée par son côté ténébreux. Ces côtés ténébreux et mystérieux font partie de lui mais ce n’est pas cela qui m’attire personnellement. Il dégage bien plus que cela, des choses que je ne saurai expliquer mais qui m’attirent énormément. Jedediah préfère en rire en m’avouant que cela n’est absolument pas voulu, ce dont j’ai parfaitement conscience. Le voir aussi amusé me fait chaud au cœur car j’ai la vague impression qu’il se livre à sa façon, qu’il fait tomber ses barrières ne serait-ce que pour me faire passer un bon moment. Il accepte de m’en dire un peu plus sur lui et me parle de sa cadette, à peine plus âgée que moi. Etrangement, cela m’effraie. Car dans mes désirs les plus fous, je me demande s’il serait prêt à vivre quelque chose avec une femme plus jeune que sa propre sœur. A-t’il envie des mêmes choses ? J’en doute fortement. Jedediah se fiche pas mal des filles comme moi, je suppose qu’il doit être marié à une femme de caractère, aussi intelligente et douée que lui. Jamais je ne pourrais prétendre à une telle relation, car je n’aurai jamais la force d’avouer mes sentiments. Ne serait-ce qu’à moi-même, je peine à réaliser que je suis en train de tomber sous son charme envoutant. Les mots m’échappent à nouveau et je pousse ma curiosité un peu plus loin, regrettant rapidement mes paroles. Je n’ai pas le droit d’entrer aussi profondément dans son intimité, dans sa vie. Je décide alors de me lever, gênée par la situation et prend la fuite comme à mon habitude. Trouvant refuge dans ma cuisine, non loin du salon, je remarque rapidement qu’il m’a suivie. Jedediah se tient de nouveau dans l’encadrement de la porte, prêt à se livrer davantage sur ce qui explique sa façon d’être. Je n’ose le regarder, écoutant avec attention ses confidences. Il m’explique avoir une relation complexe avec son père – ce qui nous rapproche davantage puisque je connais parfaitement cela – avant de me confier qu’il a peur. Je ne peux m’empêcher de le regarder à cet instant précis, touchée par tant de révélations. Jedediah ne me regarde pas, fixant le sol comme s’il allait tomber sous ses pieds. « Je suis sincèrement désolée. Je… Je n’ai pas confiance envers les autres moi non plus. Non pas parce que j’ai perdu l’être aimé mais parce que je refuse justement de connaître une telle déception. » Je me confie à mon tour, sachant pertinemment que je suis loin d’avoir souffert comme lui. Je décide alors de m’approcher, posant tendrement ma main sur son torse. Un geste que je ne saurai expliquer. Son visage semble se relever légèrement, ses yeux se plongeant de nouveau dans les miens. « As-tu peur de moi ? » Je souffle, d’une voix tremblante.

Je ne m’attendais pas à tant de confidences. A dire vrai, je ne pensais pas que Jedediah serait prêt à me parler de lui de telle sorte, m’accordant ainsi toute confiance. Je savais son histoire difficile, mais j’étais loin de me douter que l’amour était responsable de sa façon d’être. Je ne peux m’empêcher de le regarder, ignorant totalement ce que la perte de l’être aimé peut être. Je n’ai jamais eu le cœur brisé, j’ai toujours préféré me préserver de tout cela. Mais face à cet homme qui semble si froid, si différent des autres, j’ai envie d’y croire. Mes sentiments sont désormais totalement clairs dans mon esprit : Jedediah est loin de me laisser indifférente. Je ne sais pas pourquoi mais le savoir aussi écorché me brise le cœur. Je doute qu’il ne ressente toutes ces choses que je peux ressentir à l’heure actuelle, mais quelque chose me dit qu’il n’est pas indifférent non plus. Jamais il ne se serait confié à quiconque le lui aurait demandé, je commence suffisamment à la connaître pour le savoir. Il a fait un pas vers moi, pour me prouver qu’il est prêt à faire des efforts. Est-ce que cela signifie bien plus ? Je l’ignore, n’étant pas encore très douée avec ce genre de chose. Mon cœur bat beaucoup trop vite mais je m’en moque. Je m’approche doucement de lui, touchée par ses révélations et ne peux m’empêcher de poser ma main sur son torse. Sa peau est chaude, tandis que la mienne frisonne au simple contact de la sienne. Je lui demande alors s’il a peur de moi, essayant de lire davantage en lui. Ma question semble le perturbé mais ses yeux se posent enfin sur moi. Ses mots me touchent, faisant battre mon cœur davantage. Cet homme l’ignore mais il a déjà une sacrée emprise sur moi et je suis prête à me livrer, comme il l’a fait. « Je n’ai pas peur de toi. » Je répète, l’ayant déjà confié tout à l’heure. Cette fois, ma voix se veut plus ferme bien que toujours aussi tremblante. Je rêve que sa main se pose sur la mienne, que ses yeux ne me quittent plus. Submergée par tant d’émotions, mon visage s’avance dangereusement vers le sien. Jedediah est bien plus grand que moi, pourtant cela ne m’empêche pas d’aller vers lui. Ma main libre se pose alors sur sa joue, que je caresse tendrement, furtivement, avant de déposer mes lèvres sur les siennes. Je l’embrasse, de façon très tendre avant de reprendre mes esprits et comprendre ce qu’il vient de se passer. Mes joues s’empourprent à nouveau, tandis que mes mains se détachent. « Je.. Je suis désolée. Je n’aurais pas dû. » Ce n’était pas le bon moment, c’était beaucoup trop tôt. Et désormais, je risque bien de savoir ce que l’on ressent, lorsque notre cœur est brisé…