chaos and peace -ft levi

LEVI & MILA

Mila façonnait l’argile avec ardeur. Disposée sur une grande table de bois, écouteurs aux oreilles, elle venait à peine de commencer cette nouvelle sculpture. Aucune idée précise en tête, de toute manière elle préférait largement ses créations quand elle ne dessinait pas de croquis au préalable. Il était presque une heure du matin, et cela faisait presque six heures qu’elle était dans son atelier. Becca passait la nuit chez son père, et la jeune artiste avait préféré encore une fois son art à une sortie avec ses amis. Vêtue d’un jean boyfriend délavé et d’un t-shirt gris qui portait manifestement des traces d’argile sèche, elle avait épargné ses cheveux en les attachant en un chignon défait sur le haut de sa tête. Des soirées comme celle-ci elle en passait des tonnes. Bien consciente qu’elle n’aurait pas sommeil en rentrant, elle focalisait son énergie en sculptant ce bloc d’argile. Cela se passait très fréquemment lorsque sa fille est chez son père. La jolie blonde perdait parfois ses repères loin de Becca, et cela ne s’arrangeait pas en la voyant grandir aussi rapidement. A croire que c’était elle l’enfant et non Becca. Mais cela avait du bon pour son travail. Récemment elle a lancé un projet de thérapie artistique pour les enfants de quartiers défavorisés. L’idée lui est venue au cours d’une crise d’insomnie comme celle-ci. Elle avait fait des recherches, puis contacté le lendemain plusieurs associations pour mettre tout cela en place. Après quelques semaines de préparation son idée s’était concrétisée. Et aujourd’hui, Mila avait accueilli, avec l’aide d’une psychologue qui supervisait la séance, un petit groupe d’enfants assez curieux et très excités de jouer à la « pate à modeler géante » comme ils adorent l’appeler.
Quelques formes commençaient à se faire voir sur son bloc, Mila s’arrêta un moment pour contempler, tout en marmonnant une chanson de sa playlist. Elle se décala de son tabouret pour aller se chercher une bière dans le mini-frigo de son bureau. La jeune maman remarqua tout de suite le mouvement des rideaux de sa fenêtre qui était grande ouverte. Perplexe, elle se remit en question étant pourtant sure de l’avoir fermée il y a quelques heures. Ne prenant pas en compte ce détail, elle se résigna à la refermer prendre sa bière et sortir dans le hall principal de l’atelier. C’est à cet instant qu’elle l’aperçut. Une grande silhouette noire devant la porte, un homme vraisemblablement. Sous l’effet de surprise, Mila n’avait pas tout de suite compris. « Qu’est ce que … » Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase, elle avait remarqué le couteau dans sa main. Son corps se raidit, et sa gorge se noua tandis qu’elle échangeait un bref regard paniqué avec son ravisseur. Elle réalisa rapidement ce qui se passait, avant de laisser sa bière s’échapper de sa main et de se fracasser sur le sol. La jeune femme courut jusqu’à la salle qu’elle utilisait pour donner des cours. Trop lente, elle se fit tirer par l’épaule  alors qu’elle criait de toutes ses forces au secours. Tout en se débattant, elle fit tomber toute sortes de céramiques sur le sol, essayant de faire le plus de bruit possible avant qu’il ne l’attrape.  Le souffle court, les yeux larmoyants, elle sentit la lame sous sa poitrine. Il avait enroulé un bras sur son cou, la bloquant ainsi de tout mouvement. « Tout ce que tu as à faire c’est de m’ouvrir le coffre qu’il y a dans le bureau … » Son ravisseur avait collé son visage sur sa joue, ce qui l’a remplit de dégout surtout en écoutant la suite de ses paroles.  « … t’es jolie, peut être même qu’on s’arrangera tous les deux. Et tu pourras crier tant que tu veux, personne ne viendra, j’aime plutôt ça, les femmes qui crient. » Elle n'avait aucune idée de ce qu’elle faisait, mais elle enfonça de toute ses forces son coude dans son abdomen, se libérant ainsi de son emprise. La jeune artiste l’entendit tousser alors qu’elle quittait la pièce en courant pour regagner le hall et la porte de sortie, son unique issue. Il était à sa trousse, tandis qu’elle essayait d’ouvrir la porte avec ses mains tremblantes. De toute façon cela ne servait à rien, elle l'avait fermée à clé en début de soirée. Clés qu’elle a soigneusement rangées dans son bureau et qui étaient loin d’être à proximité. Tandis que son ravisseur avançait vers elle, elle crut percevoir des coups extérieurs sur sa porte. Mila n’était plus sure de rien à cet instant, elle voyait sa fin. Et pensait surtout à sa fille.

Les mains enfoncées dans ses poches, Levi errait dans les ruelles de Brooklyn. Il lui était impossible de rester chez lui, lui qui avait été enfermé depuis de trop nombreuses années. Etouffant dans son appartement miteux, l’ancien champion de boxe avait besoin d’air, d’espace, et chaque soir, il se mêlait à l’agitation de la ville tel un pèlerin à la quête d’une croisade vaine mais ô combien désespérée. Selon lui, son existence n’avait plus de sens et il ne méritait aucune considération. C’est pour cela que la métropole de New-York avait été son choix premier lorsque le juge l’avait relaxé ; un écorché vif au coeur de millions d’âmes passerait forcément inaperçu. Wade ne recherchait aucune compagnie et aujourd’hui, la solitude demeurait sa seule alliée. Sans réellement le vouloir, ses pas vinrent le conduire au pied son immeuble ; le jeune homme toisa sa montre et une heure du matin s’affichait sur son cadran. Il était tôt, beaucoup trop tôt … Levi avait pris pour habitude de marcher jusqu’à l’aube et chaque jour, il appréciait le lever de soleil sur l’east river. Ses plans n’allaient guère changer sauf qu’un petit plaisir manquait fatalement à l’appel. Tâtant frénétiquement les poches de sa veste et de son jean, l’ancien détenu leva les yeux au ciel et jura dans un murmure. « Merde … » ; son paquet de clopes était resté près de la fenêtre, dans son salon.
Résigné et aussi parce qu’il n’avait rien d’autre à faire, il entama son ascension jusqu’au dernier étage, préférant les escaliers à l’ascenseur. Perdu dans ses pensées, le jeune homme arriva jusqu’au palier, sortit sa clé lorsqu’un immense fracas se fit entendre. Stoppant sa course, Wade tenta de se convaincre que son imagination lui jouait des tours et pourtant, les cris désespérés d’une femme lui glacèrent le sang. En l’espace d’une fraction de seconde, il se retrouva quelques années en arrière devant son club de boxe, incapable de sauver son âme-soeur, lacérées par les flammes d’un incendie criminel. Il avait tout perdu cette nuit là et les cris agonisants de sa femme ne cessaient de marteler son esprit. Sa voisine de palier avait besoin d’aide mais devait-il lui porter secours ? Le bruit d’un objet qui se fracassa au sol acheva de le convaincre. Levi savait de quoi les hommes étaient capables, il l’avait appris à ses dépens durant ses années de prison. Prestement, il tenta d’ouvrir la porte et sans grande surprise, Wade constata que celle-ci était verrouillée de l’intérieur. Qu’à cela ne tienne … D’un puissant coup de pied, il fragilisa les charnières et après deux coups d’épaule, la porte s’affaissa avant de se fracasser au sol. Levi pénétra dans le hall et sur sa gauche, une jeune femme mortifiée, se plaquait au mur. Face à eux, l’assaillant resserra ses doigts autour du couteau et s’avança dangereusement vers la voisine et son sauveur. « T’es qui toi ? » Sans même prendre le temps de lui répondre, l’ancien boxeur plongea sur son rival et l’assena d’un uppercut. Wade n’avait rien perdu de sa rage et en matière de combat, il était un fléau pour ses adversaires. L’homme chancela avant de s’écraser au sol, sonné par ce premier assaut. Il ne se relèverait pas, Levi en était convaincu. Faisant volte-face, il s’approcha de la frêle créature et dans un murmure, il se risqua à lui demander. « Ca va ? » Il plongea son regard dans le sien avant de s'y perdre l'espace d'une nano-seconde, sans réaliser que son assaillant venait de se relever derrière eux.

Plaquée contre le mur, Mila faisait face à son agresseur. Submergée par la peur, elle se sentait réellement impuissante. Elle ne pourrait rien contre un homme qui la dépassait d’une tête. La fuite n’était plus une option, car sans le savoir elle s’était elle-même enfermée avec son cauchemar. Son assaillant la traitait de tous les noms en s’avançant vers elle pour l’attraper. Non Mila tu ne pourras pas t’échapper cette fois. Le coup sur la porte qu’elle entendit, était comme une lueur d’espoir bien qu’elle n’avait aucune idée de qui cela pouvait être. Peu importe, elle voulait que tout cela s’arrête. Ces quelques secondes passaient comme des heures. Le visage blême, elle était tellement pale qu’on la confondrait presque avec la couleur du mur derrière elle. Un second et un troisième coup sur la porte avant que celle-ci ne s’affaisse à coté d’elle. La jeune femme eut un sursaut, avant d’essayer de reconnaitre la personne qui venait de défoncer sa porte. Un homme élancé et assez sportif se tenait près d’elle. Son visage lui était familier et elle mit quelques secondes pour le reconnaître. Elle l’avait croisé une ou deux fois dans l’immeuble, sans vraiment s’attarder. Le détraqué fut dépassé par ce qui venait de se produire. « T’es qui toi ? » Avait-il dit avec un brin d’hésitation. Sans lui répondre, et avec toute l’assurance qu’il avait, le jeune homme qui venait d’entrer assena un coup de point remontant qui déstabilisa complètement l’agresseur. Mila, dépassée par tout ce qui se passait avait porté sa main sur sa bouche un peu effrayée de la suite. L’assaillant s’écrasa violemment au sol, ce qui permit à la jeune artiste de souffler. Son sauveur s’avança vers elle, la jeune femme ne pouvait pourtant pas quitter l’agresseur des yeux, sous le choc. Son cœur battait tellement fort, qu’elle était sure de l’entendre. Sur un ton faible, presque en murmurant il lui demanda. « Ça va ? » Elle plongea son regard toujours effrayée dans le sien pendant un court instant. Elle ne répondit pas tout de suite, et finit par hocher activement la tête pour dire oui. Son attaquant avait quand même réussi à se relever après ce coup de poing spectaculaire, il n’allait pas les laisser tomber apparemment. Son regard en disait long sur sa crainte mais Mila a eu le réflexe de dire. « Attention derrière toi »

« Attention derrière toi » Ses mots résonnèrent dans son crâne et alors qu'il détachait son regard de la jeune femme, Wade tenta d'esquiver un coup de couteau en s'écartant prestement sur la gauche. Une technique de combat qui ne porta malheureusement pas ses fruits. La lame aiguisée lacéra sa chair et un puissant grognement résonna dans le hall. La plaie n'était pas profonde mais celle-ci saignait avec abondance. Un sourire narquois se dessina sur le visage de l'assaillant visiblement ravi de lui avoir tranché la peau. L'ancien champion de boxe avait perdu en vitesse mais sa hargne ne l'avait certainement pas abandonné. Levi, de par sa profession, possédait un net avantage et il lui ferait payer cet affront. « C'est ta meuf ? Elle est plutôt bonne. Tu sais quoi ? J'vais t'sécher et après j'vais m'la faire. Elle va en redemand ... » Son rival n'eut pas le temps de terminer ses affirmations abjectes que Wade fondit à nouveau sur lui, para sa défense avant faire tomber son arme au sol d'un coup de coude. Cet enfoiré parlait trop et par chance, il n'avait rien vu venir. Le jeune homme redoubla de violence et ses directs se firent plus rapides et précis. Avec habileté, Levi frappa son foie, son abdomen avant de l'achever par un uppercut au menton ; le malfaiteur vacilla avant de s'écraser au sol. Sous l'effet de la colère, l'ancien détenu n'avait pas réalisé qu'une telle agressivité pouvait remettre en question le fondement de son jugement ; sa liberté conditionnelle en dépendait mais après tout ... son geste avait été brave et courageux. S'il se faisait coffrer à cause d'elle, c'est avec la tête haute qu'il retrouverait sa cellule. Dans une maladroite douceur, Wade s'approcha une nouvelle fois de sa voisine avant de l'inviter à s'écarter du mur. « Il est KO. Je te conseille d'appeler la police. » La jolie blonde s'exécuta, puis en attendant les forces de l'ordre, l'étonnant couple demeura silencieux, veillant sur la léthargie du resquilleur. De longues minutes plus tard, la sonnerie de l'ascenseur se fit entendre et quittant son poste, Levi brisa le silence. « Tu ne risques rien, il s'agit de légitime défense. Je serai à côté si tu as besoin. » Offrant un infime sourire à cette délicieuse créature, il passa l'encadrement de la porte avant de retrouver son appartement.

L’assaillant était plutôt coriace, bien plus qu’il n’en avait l’air. Malgré son avertissement, l’intrus avait réussi à profiter du petit moment d’inattention de son sauveur. En tentant de l’esquiver, le jeune homme se fit lacérer la chair, suivi d’un puissant grognement. Mila étouffa un petit cri, parcourue par un sentiment de culpabilité. « C'est ta meuf ? Elle est plutôt bonne. Tu sais quoi ? J'vais t'sécher et après j'vais m'la faire. Elle va en redemand ... »A cet instant, elle eut l’impression que la colère de son sauveur avait doublé, enchaînant avec dextérité ses coups plus violents que le précédant.   L’agresseur perdit connaissance une fois pour toute. Le jeune homme s’approcha de nouveau d’elle, toujours plaquée contre le mur. Son corps frémissait encore, essayant de réaliser encore la tournure qu’a prise sa soirée. Il l’invita à se décoller du mur, ce qu’elle fit encore déboussolée. Elle s’attarda sur sa plaie qui saignait abondamment, avant de fixer son regard avec culpabilité. « Il est KO. Je te conseille d'appeler la police. »  Avait-il reprit dans un ton rassurant. Son courage l’impressionnait, ne réalisant pas comment ce jeune homme est passé d’un simple visage connu dans l’immeuble à l’homme qui venait de lui sauver la vie. Un merci était beaucoup trop faible pour le gratifier ce qu’il venait de faire pour elle. Et puis elle se sentait bloquée par la peur qui l’avait ébranlée quelques minutes plus tôt. « Je … je ne sais pas ce que j’aurais fait ou passé si tu n’étais pas intervenu … » Bingo Mila! Ce jeune homme vient de te sauver la vie et c’est tout ce que tu trouves à sortir. Pensa-t-elle. Consentant ensuite à ses instructions, elle retira son téléphone de sa poche arrière en composant le fameux 9-1-1.  Se concentrant sur sa conversation avec l’agent au bout du téléphone, elle ne cessa de faire de petits va-et-vient pas très loin de son sauveur. Elle resta silencieuse après avoir raccroché le téléphone, les agents n’allaient pas tarder. Le bruit de l’ascenseur retentit, le jeune homme brisa le silence en disant « Tu ne risques rien, il s'agit de légitime défense. Je serai à côté si tu as besoin. » Cela la rassura étrangement qu’il lui dise qu’il était à coté. Il n’attendit pas que les policiers entrent pour aller retrouver son appartement juste à coté. Elle s’attela à donner son témoignage, puis elle se fit expliquer la procédure. On lui demanda s’il y avait une autre personne avec elle, elle parla du courage de son sauveur. Après avoir coffré son agresseur, on lui demanda de passer au poste pour porter plainte et de demander au jeune homme pour donner son témoignage également. En quittant les policiers, elle prit conscience des dégâts de cette intrusion. Ne s’attardant pas dessus, elle s’empressa d’aller se rafraîchir le visage, de lâcher ses cheveux les libérant de ce chignon qui ne ressemblait plus à rien. La jeune femme s’empressa d’attraper une trousse de pharmacie, et de quitter ses toilettes. Elle fit un passage par son bureau pour prendre une bouteille de whisky. Elle garde souvent de l’alcool sur son lieu de travail, pour ses nuits de création et pour des nuits comme celle-ci, elle trouvait que cela était parfaitement adapté. La minute qui suit, elle se trouvait devant la porte de l’homme qui l’avait sauvé du pire. Elle frappa à la porte, et attendit quelques instants pour que le jeune homme lui ouvre. Une fois face à elle, elle plongea son regard dans le sien quelques secondes avant de lui adresser un sourire timide. « Je pensais t’aider à soigner ta blessure … » Dit-elle dans un premier temps en brandissant la trousse d’une main. « … Et puis il y a ça aussi, qui pourrait être d’une grande aide. » C’est en montrant la bouteille de Johnnie Walker dans l’autre main.

Fuyant les deux agents, l'ancien boxeur, non sans avoir lancé un dernier regard à sa voisine, s'enferma chez lui. La soirée avait pris une drôle de tournure et désemparé, Levi glissa une main nerveuse parmi ses épis bruns. Il s'était juré de ne pas attirer l'attention sur sa condition et en sauvant la jeune femme, il avait déshonoré cette promesse. Qu'allait-il dire aux agents si ceux-ci se présentaient à sa porte ? Comment la jolie blonde réagirait-elle si elle apprenait que son atelier se trouvait à côté du domicile d'un ancien détenu ? Tant d'interrogations qui ne cessaient de marteler son esprit et pourtant, les faits demeuraient bien présents. Inconsciemment, le jeune homme espéra que sa bravoure l'épargne, son rival n'était pas dans un état critique et après quelques points de sutures, cet enfoiré serait à nouveau sur pieds. L'interrogatoire ne dura pas plus d'un quart d'heure et stoïque, Wade attendit patiemment que la sonnerie de l'ascenseur annonce le départ des officiers. Lorsque la chose fût faite, il poussa un long soupir de soulagement ; il l'avait clairement échappé belle. Quittant l'espace exigu de son entrée, l'ancien champion vint s'asseoir sur le canapé lorsqu'une vive douleur lui décrocha un nouveau grognement. Lors de la rixe, son assaillant l'avait blessé d'un coup de couteau et bien trop inquiet par la présence des policiers, Levi avait totalement négligé de panser sa blessure. Son tee-shirt déchiré était foutu et le sang n'arrangeant rien, celui-ci avait déjà commencé à coaguler sur le tissu. Wade l'enleva, le ficha à la poubelle avant de s'allumer une clope. Et dire qu'il n'avait même pas de trousse de secours ... Un comble pour un ancien boxeur. Son regard s'aventura vers l'extérieur avant de se planter sur le panneau luminescent de la petite pharmacie du quartier. Une fois que sa cigarette serait achevée, il n'aurait pas le choix que d'aller déranger l'employée de garde. Soudain, un bruit timide le tira de sa léthargie ; une main féminine semblait doucement frapper à sa porte. Avait-elle pris ses mots au pied de la lettre ou était-ce son imagination qui lui jouait des tours ? Sans même réaliser qu'il ne portait pas de tee-shirt, Levi ouvrit la porte avant de se trouver nez à nez avec sa voisine. La nymphe avait détaché ses cheveux, lui donnant ainsi un air faussement sauvage. Depuis que l'ancien boxeur avait emménagé dans l'immeuble, il ne s'était jamais arrêté devant la beauté de sa voisine de palier. Il préférait fuir les regards, s'effacer pour ne rien laisser d'indélébile et quelle erreur ... l'artiste était divine et scandaleusement séduisante. « Je pensais t’aider à soigner ta blessure … » Ses dires résonnèrent avec douceur et prévenance et alors qu'il allait prendre la parole, elle ajouta « … Et puis il y a ça aussi, qui pourrait être d’une grande aide. » Un léger sourire se dessina sur le visage de l'ancien taulard et non sans appréhension, il s'écarta pour laisser entrer l'ange. Il n'expliqua pas son geste, car depuis la mort de Nora, Levi s'était interdit de fréquenter une autre femme et à l'idée de se retrouver seul avec elle, l'imposant boxeur fût pris de malaise. Maladroit, il surenchérit « J'allais descendre à la pharmacie ... » Son interlocutrice ne semblait pas l'entendre de cette oreille et prestement, elle farfouilla dans la petite malette. Bien décidée à panser ses plaies, elle se rapprocha de lui avant d'analyser l'ampleur de sa blessure. « … je réparerai ta porte ... si tu le veux bien. »

L’attente fut de quelques secondes avant que son voisin. Et surprise, c’est torse nu qu’il l’accueillait. Loin de lui déplaire, au contraire, la jeune artiste détailla la beauté du corps du jeune homme et les tatouages qui jonchaient le haut de son torse. Elle remarqua rapidement sa blessure qui saignait toujours aussi abondamment, ce qui la préoccupa. Il lui rendit un sourire à sa proposition, avant de lui frayer un passage pour la laisser entrer. Elle s’exécuta avant de constater qu’il cherchait nerveusement à la priver de sa tache en disant « J'allais descendre à la pharmacie ... »   Sauf qu’il était loin de connaitre l’entêtement de la jeune femme, qui fit mine de ne pas l’entendre. Mila contempla rapidement son appartement, qui était assez grand pour une ou deux personnes. La décoration était assez simple et masculine, loin de penser que son voisin de palier était adepte du feng shui. Elle posa la bouteille d’alcool sur le premier support à proximité, commençant à farfouiller dans la trousse. Après avoir déniché de quoi nettoyer sa plaie, elle remonta son regard sur son interlocuteur. « … je réparerai ta porte ... si tu le veux bien. »  Sa remarque le fit sourire, sa porte était le cadet de ses soucis, d’ailleurs il n y avait pas pensé un instant entre l’altercation et la venue des policiers. Elle trouva quand même cette attention assez touchante. Le jeune homme, bien qu’elle ne se fût pas attardée sur lui auparavant, lui avait donné l’impression de froideur lorsqu’elle le croisait au sein de l’immeuble. Cette impression avait étrangement disparue ce soir.  «  Oh ne t’en fais pas pour ça, je la ferai réparer et puis je me fais bien plumer par mon assurance pour qu’elle serve à quelque chose » Dit-elle ironiquement en posant son regard sur le sien avec un sourire. Elle l’invita d’un signe de la main à s’assoir sur son canapé pour qu’elle puisse nettoyer sa plaie et la panser correctement.  Une fois assis cote à cote, la jeune femme posa la trousse ne laissant que l’antiseptique et des compresses à l’extérieur. Elle commença à imprégner une compresse du liquide puis se tourna vers le jeune homme, sans croiser son regard. Elle se concentra sur les pourtours de la plaie nettoyant les traces de sang avant de relever son regard vers lui, se rappelant d’un détail peu futile. « Je m’appelle Mila au fait » Avec tout ce qui venait de se produire, elle avait oublié de se présenter proprement à son voisin dont elle ne connaissait toujours pas le prénom. Une fois les contours de sa plaie nettoyés, elle répéta ses gestes en imprégnant une nouvelle compresse. La tenant entre ses doigts, elle lui lança un regard. « Cette partie va être moins drôle » Dit-elle en faisant référence à la désinfection de sa plaie, et le risque de sensation de brûlure. Elle n’attendait pas réellement de réponse, il n’avait pas le choix. La jeune femme commença à tapoter doucement la plaie sur toute sa longueur.

La nymphe le remercia d’un sourire avant de s’avancer dans son modeste salon. Levi n’était jamais chez lui, quel était l’intérêt de se ruiner en meubles et autres accessoires décoratifs ? Norma avait toujours été meilleure que lui pour ce genre de choses, elle savait marier les couleurs et les objets, rendre les pièces expressives et agréables à vivre. Avec douceur, le jeune homme referma la porte avant de se rapprocher de sa voisine ; d’ailleurs, celle-ci s’entêtait à vouloir le panser. Des compresses et une bouteille d’alcool venaient de glisser sur le canapé ; Wade n’échapperait visiblement pas aux soins promulgués par ses doigts de fées. « Oh ne t’en fais pas pour ça, je la ferai réparer et puis je me fais bien plumer par mon assurance pour qu’elle serve à quelque chose » Peut-être, mais à cause de l’incompétence de ces firmes, son atelier resterait sans doute plusieurs jours ouvert, à vue de tous les résidents. « Dans ce cas, laisse-moi veiller à ce que personne ne rentre avant leur intervention. » Il était plus prudent que quelqu’un veille sur ses oeuvres et face à son imposante carrure, personne ne viendrait défier l’ex-taulard et sa colère à fleur de peau. La délicieuse créature l’invita par la suite à prendre place sur le sofa. Levi prit garde de ne pas tacher le tissu de gouttelettes de sang et non sans une once d’appréhension, il attendit que ses mains fines ne s’attèlent à le soigner. Dans une extrême douceur, elle imbiba le coton avant de l’apposer sur sa peau. Perdu dans ses gestes, Wade détailla chacun de ses mouvements et lorsqu’elle releva le visage, il fit mine de regarder ailleurs. Quel con ! « Je m’appelle Mila au fait » Sa voix claire venait de rompre le silence ; son prénom lui sied à merveille et grâce à cette petite révélation, le jeune homme avait le sentiment de lui être moins étranger. « Levi. » Lâcha-t-il dans un murmure. Leurs deux regards se reposèrent sur la plaie et dans un silence religieux, Mila s’appliqua à essuyer le sang avant s’attaquer au plus gros de sa blessure. « Cette partie va être moins drôle » Amusé par ses propos, l’ancien champion ne pût s’empêcher de répliquer. « J’ai connu pire, ça va aller. » Visiblement rassurée par son affirmation, son interlocutrice appliqua le coton imbibé d’alcool sur sa chair lacérée. Le corps du boxeur se contracta sous la chaleur de l’antiseptique avant de s’habituer très rapidement à ce léger picotement. L’artiste pansait sa blessure de la même façon qu’elle pansait son âme ; depuis la mort de Norma, jamais une femme n’avait eu de geste doux ni même prévenant à son égard. Il avait même préféré la solitude à des nuits de débauche qu’une scandaleuse brune ne cessait de lui proposer … La douceur de Mila était salvatrice et rien que pour ça, Wade mourrait d’envie de la remercier. Lorsque la plaie fût entièrement désinfectée, sa voisine vint la recouvrir d’un épais morceau de gaze. Ce pansement ferait largement l’affaire. Sans mot dire, Levi la gratifia d’un sourire reconnaissant avant de se lever et de passer un nouveau tee-shirt. « Merci … pour ça. » Puis, il traversa le salon pour se rendre à la cuisine avant de s’emparer de deux contenants . « Tu … tu restes pour un verre ? »

Une fois assise sur le canapé, le jeune homme insista quand même à veiller sur son atelier. Son attention la fit sourire, ne pensant pas qu’il arriverait à se préoccuper de ce détail. A cet instant, ce qui la préoccupait, c’était la blessure du jeune homme. Elle se sentait un peu coupable, même si ce n’était pas elle qui portait le couteau. Son voisin s’était mêlé à son problème pour l’aider et il en a subit les conséquences. Pour se rassurer, elle se disait que cela aurait pu être plus grave. Elle s’appliqua dans les soins qu’elle lui portait, se présenta rapidement, se rappelant de ce détail de prénoms qu’a cet instant. « Levi. » Elle fut contente de pouvoir poser un nom sur le visage de son sauveur. Mila aurait préféré le connaitre dans des circonstances moins dramatiques. Mais le jeune homme ne lui avait jamais donné l’impression qu’il cherchait à connaitre du monde, c’est pour cette raison qu’elle ne s’est jamais attardée sur son voisin de palier. Lui annonçant que cela risquait de picoter intensément, il l’a rassura en lui disant qu’il avait connu pire. Ses muscles se contractaient sous le contact du coton au début. Une fois terminé, elle pansa le tout délicatement. « Merci … pour ça. » Un sourire accompagnait ses paroles, qu’elle lui rendit machinalement. Elle rangea calmement la trousse de secours qu’elle avait apportée. Entre temps Levi avait quitté ses cotés pour aller enfiler un t-shirt. Mila se passa les mains sur ses genoux nerveusement, suivant Levi du regard. Elle ne savait pas si cela était du au choc, ou qu’elle appréciait tout simplement sa présence, mais elle en voulait pas quitter le jeune homme a cet instant. Elle se sentait rassurée et en sécurité en sa présence, chose qu’elle ne ressentirait pas en rentrant chez elle pour rester toute seule. Perdue dans ses pensées, c’est la voix du jeune homme qui fit reporter son regard sur lui. « Tu … tu restes pour un verre ? » Elle lui adressa un sourire, lui répondant machinalement tout en se levant du canapé. « Oui, j’en ai tellement besoin » Elle traversa le salon, pour se rendre de l’autre coté opposé de la cuisine où se trouvait Levi. Elle s’arrêta devant la petite baie vitrée, contemplant le ciel. New York n’offrait pas de vue étoilée, ou du moins il fallait quitter le centre pour contempler les étoiles. En attendant son verre, elle se retourna de nouveau vers Levi, les bras croisés adossée contre le mur. « Ca fait longtemps que tu es en ville? » Elle avait remarqué qu’il n’avait pas d’accent new-yorkais, que Mila aurait pu déceler à des kilomètres.

Surpris par ses propres propos, l'ancien champion de boxe se mordit la lèvre en gage de punition. Sa requête et même le ton qu'il avait employé étaient désespérés ; cette attitude ne lui ressemblait pas et pourtant, préférant habituellement la solitude à de grand discours, Levi n'avait étrangement pas envie qu'elle quitte son appartement. Il l'avait rencontré dans d’étonnantes circonstances et tout d'abord soucieux de son état, voici que cette superbe plante venait d'attiser son intérêt, par la douceur de quelques soins prodigués. Quittant ainsi le moelleux de son canapé, Wade se dirigea vers la cuisine avant de s'emparer de deux verres et de la bouteille que Mila avait apporté. Contre toutes attentes, la jolie blonde accepta son offre, visiblement peu effrayée par l'engouement de son sauveur. Un léger sourire se dessina sur le visage du jeune homme et avec douceur, il se plut à servir l'alcool non sans lancer quelques œillades à l'artiste qui toisait les lumières de la ville. Mila se fit curieuse quand à l'identité de son voisin de palier et calmement, elle lui demanda depuis combien de temps il avait emménagé à côté de son atelier. Il est vrai qu'en véritable loup solitaire, Levi n'avait jamais porté attention à ses voisins. Lorsqu'ils les croisaient dans l'ascenseur ou même dans les couloirs, il se plaisait à baisser yeux, évitant tout contact, toute discussion ... Le jeune homme avait d'ailleurs animé de nombreuses rumeurs et celle du serial killer était de loin la plus lamentable. Haussant les épaules avec détachement, Levi poussa un soupir de désarroi ; il n'aimait pas parler de lui et encore moins de sa vie passée mais pour les beaux yeux de la naïade, il accepta de se dévoiler un peu. « Quelques semaines tout au plus. Je viens de Chicago, j'avais besoin de changer d'air, d'où la raison de mon emménagement. » Il fit quelques pas qui le séparait de sa voisine avant de lui tendre un verre de whisky. « Tiens, ça te fera du bien. » Ajouta-t-il dans un léger grognement. Wade fit tourner son verre jusqu'à ce que l'alcool se mette à danser au fond de son contenant et plongeant son regard sur l'alcool ambré, il surenchérit. « Et toi ? Tu es donc une artiste ? » Il lui avait semblé remarquer quelques sculptures au fond de son atelier, mais la rixe ayant dégénéré, Levi n'avait pas eu le temps d'en apprendre beaucoup sur sa voisine de palier. « Tu habites à côté d'ailleurs ? »

La jeune maman avait accepté sa proposition sans trop penser. Chose qu’elle ne se serait jamais permise en temps normal, mais rien n’était normal dans ce qui s’était passé quelques heures plus tôt  ni même dans les circonstances de leur rencontre. Mila ne faisait pas de choix hâtifs,  depuis qu’elle est devenue mère, elle est naturellement devenue quelqu’un d’assez raisonnable. On suppose que les grands changements de la vie se déroulent lentement, avec le temps. Mais ce n'est pas vrai. Ces choses là arrivent en un instant. Devenir adulte, devenir parent. Seule chose dont elle était sure, c’est que son destin était lié au sien, sans lui elle aurait subi un viol ou pire ne serait même pas là. Non, elle n’allait pas refuser un verre, autant en profiter encore de sa présence. Et si le lendemain, ils revenaient à se traiter comme les parfaits inconnus qu’ils étaient l’un pour l’autre, elle ne bronchera pas. Mila se fit curieuse, en cherchant à savoir un peu plus sur son interlocuteur. Les rumeurs de l’immeuble lui étaient parvenues une ou deux fois, elle ne s’y attardait pas trop trouvant que c’était tellement invraisemblables .A vrai dire elle ne connaissait pas grand monde ici non plus mis a part le concierge et la vieille dame aux chats du troisième. A son soupir, Mila remarqua que Levi n’était pas enclin à parler de lui, mais il finit par lui répondre confirmant ainsi sa théorie sur ses origines.  Levi finit par la rejoindre à l’autre bout de la pièce, lui tendant machinalement son verre. La jeune maman détourna son regard de la vue pour les poser sur le jeune homme, lui lançant un sourire ainsi qu’un faible Merci reconnaissant. Elle prit machinalement une bonne gorgée de whisky, appréciant d’abord le gout puis la sensation de picotement au fond de sa gorge. Levi lui retourna une question qui l’amusa. « Et toi ? Tu es donc une artiste ? » Elle lui adressa un sourire tout en le fixant du regard quelques secondes, avant de pencher sa tête sur la vitre en regardant la vue. « Oui, ça m’arrive parfois, lorsque l’inspiration est là. Je donne aussi des cours de sculpture. »  Elle avait fait le choix de vivre de sa passion il y a des années, et bien que parfois cela pouvait être assez dur à assumer, elle ne changerait ça pour rien au monde. « Tu habites à côté d'ailleurs ? »  Elle releva son regard sur son interlocuteur, avant de lui répondre doucement.  « Non, j’utilise l’appartement en tant qu’atelier. » Le loyer n’étant pas très cher, Mila s’était permise de rajouter cette dépenser à sa liste. Elle scruta le jeune homme avant de prendre une seconde gorgée.  « Et toi ? Tu fais quoi, mis à part fracasser des portes et sauver la voisine en détresse ? »  Demanda-t-elle en le taquinant, elle lui adressa un sourire doux cherchant son regard qui s’amusait à la fuir depuis l’altercation.

La jeune femme s'empara du verre avant d'en apprécier une longue gorgée. Après une telle altercation, Mila ne pouvait qu'être choquée par tant de violence, de brutalité et d'incivisme. Jusqu'où cet homme aurait pu aller pour satisfaire ses désirs primaires ? Levi lui avait offert une douloureuse correction et il n'était pas prêt de s'en remettre. D'ailleurs, les forces de l'ordre s'étaient-elles prononcées à ce sujet ? La voix cristalline de sa voisine le tira de ses réflexions. La jolie blonde donnait des cours de sculpture - ça semblait finalement bien coller au personnage. « Et du coup, elle est souvent là l'inspiration ? » Alors qu'il rebondissait sur ses propos, l'ancien boxeur apprécia une nouvelle gorgée d'alcool ; celle-ci était plus que salvatrice. La séduisante blonde lui avoua par la suite qu'elle n'habitait pas l'appartement d'à côté. Les quelques pièces disponibles lui servaient seulement d'atelier. Tout ceci expliquait le calme apparent qui régnait entre ses murs ; jamais Wade n'avait été dérangé par la jeune femme. « Raison de plus pour être doublement vigilant. Ce serait dommage que l'on vienne te voler tes œuvres. Quoiqu'il en soit, c'est un luxe de posséder un atelier. Tu dois être très douée. » Ajouta-t-il dans un murmure. Un compliment sincère et peu déguisé. Une nouvelle lampée lui brûla la gorge et contres toutes attentes, sa blessure le tirailla quelque peu. Il ne doutait pas du talent de son infirmière mais sa plaie était sûrement plus profonde qu'elle n'y paraissait. Avec douceur, il glissa ses doigts sur le coton avant de les passer dans ses cheveux. Face à lui, sa voisine de palier se fit taquine. Après tout, il était plus que normal de vouloir en savoir davantage sur l'identité de son sauveur. Wade, maladroit, se racla la gorge, avant de surenchérir. « Pas grand chose en fait. J'ai quitté Chicago et de ce fait mon boulot. Je n'ai pas de projet précis en tête mais j'aimerai bien trouver quelque chose qui m'empêcherai de stagner. » Levi fit quelques pas en direction du salon, il attrapa son paquet de cigarettes avant de le tendre à son interlocutrice. « Tu fumes peut-être ? »

Le whisky était d’une grande aide, la jolie blonde s’apaisait lentement avec ce verre. C’est drôle, il n'y a aucun moyen de savoir à quel point le choc est important avant que tout ne s'arrête. Les images de la scène défilaient en bribes dans son esprit, ses cris, ses mots tout lui semblait si réel dans sa tête que les battements de son cœur s’accéléraient. La jeune femme se perdit quelques instants, plongeant son regard au fond de son verre. Le jeune homme rebondit sur ses mots, elle eut un faible sourire sur ses lèvres avant de répondre machinalement. « Cette nuit elle y était, avant que … que … ‘fin bref » Son sourire se fit nerveux avant de passer une petite mèche blonde derrière l’oreille et vider son verre. Elle n’était pas sure de vouloir en reparler, ni à lui ni à personne. Elle était épuisée, manquait de sommeil, et avait toujours peur au fond. Ce n’était pas achevé, elle pourrait le recroiser demain au commissariat lorsqu’elle déposera sa plainte. A ce même moment elle se rappela qu’elle avait zappé complètement les consignes des policiers. « D’ailleurs on m’a demandé de te dire qu’il faudrait que tu témoignes, c’était évident que je ne m’en suis pas sortie toute seule » Elle était gênée de lui demander cela, désolée de l’avoir entraînée encore plus dans cette spirale de drame. Mila acceptait difficilement l’aide des autres, très fière un peu trop d’ailleurs. Elle eut un sourire doux lorsqu’il lui conseilla encore de protéger ses œuvres. Son attention envers elle la touchait, même s’il se trompait à la traiter comme créatrice de chef-d’œuvre. « Je me débrouille, ce n’est pas un domaine facile. Et puis mes créations sont tellement encombrantes qu’on aurait du mal à passer inaperçu pour les voler. » Dit- elle avec un sourire aux lèvres. Cet atelier est parfois un luxe qu’elle avait du mal à se permettre, la grosse pomme est chère surtout pour une femme seule avec un enfant à charge. Il lui confia qu’il avait quitté sa ville au même moment que son boulot.
Elle l’observa, et ne put s’empêcher de remarquer que sa blessure le gênait ce qui l’inquiéta. La jeune artiste posa rapidement son verre derrière elle. Le jeune homme s’était éloigné de quelques pas pour atteindre son paquet de cigarettes, et lui en proposa une. Mila avait été une grande fumeuse avant de tomber enceinte. Depuis quelques années elle avait repris ses mauvaises habitudes, elle ne fumait plus aussi excessivement, jamais en présence de sa fille mais cela lui arrivait d’en brûler une sur le toit de l’immeuble ou elle habitait le soir. Elle tira une cigarette du paquet qu’il lui tendait en s’approchant de lui. Elle scruta sa blessure, frôla le tissu de son t-shirt avec ses doigts, avant de soulever son regard vers le sien. « Il faudrait peut être que tu te fasses examiner »  Dit-elle sur un ton inquiet.
 

« Je sais que c'est plus facile à dire qu'à faire, mais tu ne dois plus penser à ce qu'il s'est passé. Le gars ne reviendra pas, tu peux me faire confiance. » Car oui, les hommes étaient lâches. L'assaillant avait trouvé plus fort et violent que lui et revenir dans son atelier relèverait du suicide ou de la stupidité. Mila ne s'écarta pas pour autant du sujet et désireuse de lui faire passer un message, elle lui avoua qu'il devait se rendre au poste le lendemain même. Merde ... Wade avait totalement négligé les conséquences de ses actes. Quelle correction allait-il recevoir pour avoir sauvé une femme des griffes d'un forcené ? En liberté conditionnelle, l'ancien boxeur demeurait sur la sellette et un seul faux pas pouvait le renvoyer en cellule. Dissimulant son trouble avec une habileté étonnante, il glissa une main dans sa chevelure avant de répondre franchement. « Je m'en doutais oui ... J'irai demain. » Ou pas d'ailleurs ... Risquait-il gros à ne pas se présenter ? Après tout, sa voisine de palier n'avait pas pu révéler sa véritable identité ... Levi était sauf sur ce point. La délicieuse créature parla de ses œuvres, ce qui attisa chez le jeune homme, une curiosité sans nom. Wade ne s'était jamais intéressé à l'art, non pas qu'il y était insensible, il n'avait tout simplement jamais réellement pris le temps de se rendre dans un musée. La remarque de son interlocutrice l'amusa puis, avec enthousiasme, il vint lui offrir une cigarette. L'ange blond s'en empara avant de se rapprocher de lui. Son regard clair vint se perdre sur les mailles de son tee-shirt et contre toutes attentes, ses doigts glissèrent sur le tissu, à l'endroit même où se cachait sa blessure. Par pur réflexe, Wade apposa sa main sur la sienne avant de la relâcher prestement. Ce simple contact n'avait duré qu'une fraction de seconde ... Assez pour que le jeune homme s'en veuille d'avoir agi de la sorte. Nerveux, Levi se racla la gorge avant de sortir un briquet de la poche arrière de son jean. Il alluma l'extrémité de la cigarette de Mila, puis la sienne avant de ponctuer. « Pas besoin, ça cicatrisera rapidement ... Tu sais ... je veux pas te retenir si tu as des choses à faire. »

Les paroles du jeune homme étaient rassurantes, il avait raison, c’était plus facile à dire qu’à faire. Et s’il y a bien une chose qu’elle désirait effacer c’était cet épisode, la peur et le sentiment d’insécurité qui l’avaient frappé. Le beau jeune homme lui confia qu’elle pouvait lui faire confiance, il ne pesait peut être pas ses mots, mais Mila était étrangement induite par son instinct à le faire. Une chose dont elle était sure, c’est que sa présence aidait beaucoup en la calmant. Elle lui lança un sourire ainsi qu’un regard brillant très reconnaissant. Elle le regardait droit dans les yeux pour lui montrer qu’elle était sincère, même si elle pensait qu’il le savait déjà. La jeune femme peut être très bavarde pour parler de faits ou autres, néanmoins lorsque cela concernait ses émotions elle bloque généralement. Mila aurait aimé le rencontrer plus tôt ou du moins dans d’autres circonstances, toutefois le monde est mal fait et le destin s’adaptait à cela. Mila décelait la sensibilité et la douceur qui émanaient de lui, et elle mentirait si elle vous disait que cela ne la séduisait pas. La jeune femme a été tellement imprudente dans ses anciennes relations, qu’elle maitrise assez bien la psychanalyse masculine à présent. Sous cette froideur, qu’il avait exposée les rares fois où elle l’avait croisé, n’était peut être qu’une façade à sa vraie personne.  « Je suis désolée que tu sois entraîné dans tout cela » Dit-elle sincèrement, car elle savait très bien que les passages au poste de police n’est pas le détour d’une jolie promenade, pour elle aussi. Mila était loin de se douter de toute l’histoire derrière. Sa cigarette entre les doigts d’une main, la jeune femme était venue frôler  l’emplacement de sa blessure de ses doigts, inquiète. Un instant après la main de Levi était sur la sienne, le contact fut de quelques secondes assez pour que tout sa peau frémie. Il la lâcha aussi rapidement qu’il l’ait prise. Mila rétracta ses doigts avant de ramener sa main sur le bas de son cou, tapotant sur sa clavicule. Manifestement gêné, Levi se racla légèrement la gorge avant de sortir un briquet pour allumer sa clope qu’elle avait posé entre ses fines lèvres. Tirant une longue taffe, l’effet de la nicotine fut presque immédiat, n’ayant pas fumé depuis quelques jours. Elle eut un sourire réconfortant à ses paroles. Puis  laissa la fumée ressortir avant de reprendre la parole.  « J’ai plus l’impression que c’est moi qui abuse de ta compagnie. »
 

Levi, familier d’une existence monotone, refusait que la jolie blonde ne reste auprès de lui par politesse ou même par pitié. Si celle-ci avait d’autres chats à fouetter, qu’elle aille à sa guise. ; l’insolent garçon refusait toutes formes de compassion. Wade était un homme implacable et il lui était impossible d’agir dans la demi-mesure, aussi, à cette idée même qu’elle puisse avoir pitié de sa maigre situation, son sang ne fit qu’un tour, bouillonnant d’une colère sans nom. Baissant le regard, il alluma la cigarette de la jeune femme avant de se détacher d’elle. D’un pas vif, il se dirigea vers la fenêtre avant d’apposer ses deux paumes sur le rebord de celle-ci. Depuis l’assassinat de sa femme, une rage constante habitait son être ; Levi vrillait pour un rien, recherchant le contact physique, la folie, la souffrance et l’abnégation. Si Mila le prenait de haut ? Qu’elle aille se faire voir, il n’attendait rien d’elle … Ses doigts se crispèrent sur le bois lorsque la voix de son interlocutrice résonna dans l’atmosphère ambiante mais ô combien tendue. Elle avait l’impression d’abuser de sa compagnie … Ses quelques mots le touchèrent en plein coeur, stoppant ainsi ses élans destructeurs. C’était faux … Levi appréciait ses oeillades timides, sa chevelure indisciplinée qui tranchait avec la perfection de sa peau ou encore ses intonations fluettes mais clairement reconnaissantes. Sa présence était tout compte fait un cadeau inespéré. L’esprit du jeune homme était si chaotique et gangréné que chaque émotion se révélait sans filtre, faisant ainsi de lui un être d’une franche exagération. Un soupir s’échappa de ses lèvres et quelque peu apaisé, Wade brisa le silence à son tour. « Bien sûr que non … J’ai pas vraiment l’habitude de recevoir du monde … » L’ours vint se radoucir face au regard angélique de l’artiste avant de tirer longuement sur sa cigarette. La nicotine était salvatrice, pour son plus grand soulagement. Cette délicieuse créature n’était que douceur et gentillesse, alors pourquoi s’était-il mis dans un tel état d’énervement ? Instable, Levi avait beaucoup de mal à dominer ses émotions. L’ancien boxeur se retourna pour faire face à sa voisine avant de s’appuyer contre le mur de briques rouges. « Un autre verre ? »

Levi était définitivement une énigme pour Mila. Elle ne parvenait pas à lire en lui, et tout ce qu’elle voyait quand elle le regarde c’est des nuages et des orages. Elle ne voulait pas qu’il se sente obligé de parler de lui, et elle ne poserait pas les questions. Ce coté mystérieux faisait tout son charme, Mila a quand même décelé sa bonté, son courage et  la sensibilité dans son regard quand il l’a regardait. Cela suffisait à notre jeune artiste pour se sentir à l’aise en sa compagnie, malgré que leur rencontre soit toute fraiche. Levi avait marqué un imperceptible recul après avoir allumé sa cigarette avant de se détacher d’elle et de se diriger de nouveau vers la fenêtre. La jeune maman fixant son dos du regard, analysa chaque geste du bel apollon. Elle remarqua ses doigts se crisper, le genre de détails qui échapperait à n’importe qui mais pas à elle. Le corps était son sujet préféré en sculpture, la multitude de mouvements qu’elle pouvait façonner faisait d’elle une excellente observatrice dans la vie de tous les jours. Levi semblait avoir ses propres démons à combattre, en même temps personne n’y échappait, tout le monde, quelque part combattait quelque chose.
La voix de Mila le ramena vers elle, il laissa échapper un soupir à ses paroles tandis que la jeune maman appréhendait sa réponse en se pinçant ses lèvres en le fixant du regard. Jouant habilement avec sa cigarette entre les doigts, la réponse du bellâtre la réconforta directement, lui assurant qu’elle était loin d’abuser de sa compagnie, qu’il n’avait juste pas l’habitude de recevoir du monde. Elle lui adressa un grand sourire et son cœur s’emballa un instant. Mila sentit ses joues rosir légèrement avant de s’éclairer la gorge et de reprendre.   « Fais gaffe, je pourrais te prendre au mot et et tu risques de me voir souvent débarquer … je te rappelle que je travaille juste à coté » Bien qu’elle disait ça en plaisantant, Mila fit tourner cette pensée deux fois et l’idée de revoir le jeune homme la tentait plus qu’elle ne voulait l’avouer. Les yeux pétillants, elle ramena sa cigarette une nouvelle fois vers ses lèvres et tira sur celle-ci avant de se pencher sur un cendrier derrière elle et l’utiliser. Entre temps, Levi lui proposa un deuxième verre, Mila avait tellement été rapide sur son premier verre qu’elle avait oublié d’en avoir pris un. Les premiers effets étaient pourtant là, elle avait moins froid et ne frissonnait plus et était beaucoup plus détendue. Elle répliqua avec un sourire, en se dirigeant vers lui.   « Volontiers … je m’en occupe » Une fois à son niveau, elle glissa sa main sous son verre qui pendait entre ses doigts. Il eut un contact doux et bref, qui dura une fraction de seconde le temps d’attraper son  verre. La jeune femme se détacha de lui,  prit son verre à elle qu’elle avait vidé et posé sur la table. Ensuite elle se dirigea vers la petite cuisine, prenant en main la bouteille de whisky.


 
 

L’alcool apaiserait son caractère tempétueux, cela n’en faisait aucun doute. Peut-être, par quelques verres de plus, arriverait-il à se livrer davantage ? Brisant ainsi cette armure de glace qui lui servait de carapace … Une chose était sûre, Levi se devait de canaliser ses émotions pour ne pas faire fuir l’ange. Après tout, qui voudrait d’un instable colérique pour voisin ? Wade poussa un léger soupir et glissa ses doigts sur sa nuque ; il espéra secrètement que la jolie blonde n’ai rien décelé de son attitude changeante et que l’excuse prétextée serait suffisante à la convaincre. Mila joua quelques instants avec la fumée de sa cigarette avant d’ajouter avec détachement. « Fais gaffe, je pourrais te prendre au mot et tu risques de me voir souvent débarquer … je te rappelle que je travaille juste à coté » Contre toutes attentes, cette initiative l’amusa et un fin sourire glissa sur ses lèvres. Qu’elle vienne … lui parler de tout et de rien … Qu’elle vienne lui changer les idées et lui redonner goût aux choses simples de l’existence … Qu’elle vienne … lui prouver qu’il est tout sauf un raté … Désormais, sa porte lui était et serait toujours ouverte. « Ca me déplairait pas … au contraire. Tu es la bienvenue, si tu as besoin d’un service ou autre … » L’ancien champion s’était prononcé avec une franchise déconcertante. Il s’étonna avant de se racler la gorge. Désireux de cacher son trouble, il proposa à sa voisine un deuxième verre et celle-ci s’exécuta sans rechigner. Resserrant l’écart qu’il y avait entre eux, Mila vint lui faire face avant d’attraper le contenant du bout des doigts. A nouveau, leurs peaux se touchèrent dans un infime et doux contact. L’avait-elle délibérément désiré ? Car depuis qu’il l’avait sauvé, Levi avait l’impression que leurs deux corps ne cessaient de se défier. Le boxeur toisa la jolie blonde qui se dirigeait dans la cuisine. Sa silhouette féline contourna le plan de travail et dans une extrême douceur, elle vint remplir les deux verres d’un whisky pur malt. « Mais je ne pense pas que ton compagnon approuve tes visites … Tu ne crois pas ? » Répliqua-t-il avec curiosité. Les deux jeunes gens s’étaient peu de fois croisés dans l’immeuble, mais jamais Wade n’avait vu un homme sa compagnie. Etait-elle célibataire ? Mariée ? La naïade revint près de lui et instinctivement, l’ancien champion s’empara de son verre et en savoura une nouvelle gorgée. Habitué à cet alcool fort, il lui faudrait plusieurs services pour commencer à en ressentir les effets. Son regard se posa sur la belle, puis quelques mots s’échappèrent de ses lèvres. « Quoiqu’il en soit, même si tu es mariée, j’aimerai que tu passes de temps en temps … Ta compagnie est très agréable … »

Sa réponse l’avait amusé, Levi venait même de sourire. Moment de victoire, si Mila avait eut des pompons, elle les aurait agité dans tous les sens. Il était encore plus beau avec un sourire sur les lèvres. Le jeune homme ne pouvait pas lui inspirer de la peur, pas après ce qu’il a fait pour elle plus tôt dans la soirée. Sans ce drame, elle ne se serait surement pas aventurée chez lui ce soir, Levi lui avait longtemps paru comme le voisin qui cherchait à éviter toute tentative de socialisation et elle n’avait jamais cherché à perturber cela. Mila était tout le contraire, tout l’immeuble la connaissait même si cela fait moins d’un an qu’elle loue l’appart d’à côté, la jeune artiste est bavarde et peu difficile avec les caractères des gens.
Le bellâtre lui confia ensuite que sa proposition de revenir ici ne le dérangera pas, au contraire. Il s’était laissé allé dans ses paroles avec une franchise libératrice, qu’il s’était surpris lui-même d’avouer tout cela. Elle laissa un léger rire s’échapper de ses lèvres avant de lui adresser un grand sourire. S’étant emparée de son verre, la jeune maman remplissait les deux verres tout repensant, étrangement, au contact bref et doux de leurs mains. Elle ne saurait répondre si elle l’avait fait délibérément ou pas, mais elle avait aussi remarqué cette tension entre leurs corps. L’héros de sa soirée reprit la parole, mené par sa curiosité, il lui demanda si son compagnon apprécierait ses visites. De nouveau, un sourire fin et discret s’afficha sur ses lèvres tandis qu’elle rendait le verre rempli d’alcool au jeune homme. Il lui confia ensuite que même si elle était mariée, il aimerait qu’elle passe quand même car sa compagnie était agréable. La jolie blonde le fixait de regard en lui adressant un sourire, priant silencieusement que ses joues ne s’étaient pas empourprées. Elle reprit une gorgée de son verre, avant de répliquer sur un ton assez sérieux au début. « Il serait extrêmement jaloux peut être même bien possessif … enfin s’il existait. » Finit-elle sur un ton ironique, lui avouant ainsi qu’elle n’avait personne dans sa vie. Sa vie amoureuse était aussi catastrophique que la pile de factures de fin de mois qu’elle recevait. Elle reprit sa cigarette posée dans le cendrier, qui était presque totalement consommée, elle en profita pour tirer les dernières taffes dessus. Avant de porter son regard sur son hôte et de reprendre, toujours à propos de sa vie amoureuse. « J’ai un peu fait les choses de travers, enfin selon ma mère … » Dit-elle avec un léger sourire en repensant à elle, avant de continuer. « … j’ai eu un enfant seule et assez jeune. Mais ma fille est surement ma plus belle histoire d’amour. » Finit-elle en se perdant un peu en repensant à Becca qui devait être profondément endormie à cette heure-ci.
 
 

Les propos du jeune homme étaient clairement cavaliers et l’ancien boxeur se surprit à les avoir prononcé. Même s’il possédait un caractère rustre et renfermé, il n’en était pas moins curieux ; et cette délicieuse créature ne cessait d’attiser son intérêt. Après tout, il était légitime de savoir si un homme partageait sa vie. Wade ne craignait aucunes représailles, mais ce soir, au détriment de son possible compagnon, il l’avait sauvé d’une fin malheureuse. Depuis qu’il avait emménagé à New-York, personne n’avait traversé le pallier de son appartement. C’était une grande première et contre toute attente, il appréciait cela. La solitude était sa plus précieuse amie mais Mila s’avérait tout de même plus intrigante et intéressante à découvrir. Lorsque son verre fût plein, il la remercia d’un bref sourire avant d’apprécier une nouvelle gorgée. Déjà trois verres et l’alcool refusait d’échauffer ses sens. L’ancien champion avait l’habitude de boire, mais inconsciemment, ce soir, il avait espéré que celui-ci le rende un peu moins bougon. Les joues de la jolie blonde commençaient à rosir ce qui ajoutait à son charme certain, une pointe de malice. Lorsque son interlocutrice vint rebondir sur la question de son couple, elle lui avoua, non sans une teinte d’ironie, qu’elle était célibataire. Franchement surpris, Levi ne sût d’abord quoi répondre. Même s’il n’avait jamais croisé un homme en sa compagnie dans l’immeuble, il la pensait mariée. « Je suis assez surpris, j’étais persuadé que quelqu’un partageait ta vie. » Une affirmation non-déguisée puisqu’il tombait véritablement de haut. Haussant les épaules, sa voisine se laissa aller à quelques confessions. « Alors ça, les parents sont de vrais donneurs de leçons … » Toutefois, une révélation lui hérissa le poil ; Mila avait une fille … Non pas que cela le gêne, mais il n’avait jamais eu la chance de fonder une famille. Le décès de Norma l’avait écarté de toute volonté d’engendrer un enfant. Convaincu qu’il ne ferait pas d’un bon père, il avait relégué cette idée aux oubliettes. Croisant les bras avec nonchalance, il prit place sur le sofa en invitant la jeune femme à en faire de même. « Il n’y a rien à regretter, je suis sûr que tu dois être comblée à ce jour … »