ain't nobody home

Invité

❝You can’t pray the gay away.❞
benbow, marlene
|spidehman@tumblr /jessica verdi|

─ patronyme complet: Ruth Marlene Benbow. Elle a très vite viré le Ruth initial pour adopter Marlene. ─ âge, date et lieu de naissance: Marlene a 33 ans, et est née à Smyrna, Tennessee, le 27 juillet 1983 ─ métier, études et situation financière: artiste dans l'âme, Marlene a appris le métier de graphiste sur le tas, grâce à la palette graphique que lui avaient offert quelques amis de lycée et à une version piratée de Photoshop 7.0 et d'InDesign 2.0. Presque quinze ans plus tard, elle travaille en freelance pour de gros projets, et gagne fichtrement bien sa vie. ─ statut civil: elle était en couple jusqu'à récemment. Et ça s'est fini sans même qu'elle ait été mise au courant. ─ à new-york depuis: douze, treize ans peut-être. ─ caractère: audacieuse, obstinée, perfectionniste, flegmatique créative, impulsive ─ groupe: yankees ─ avatar choisi: natalie dormer

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Marlene n'a jamais éprouvé qu'une attirance limitée vis à vis des hommes. Quand ses parents – sa mère – s'en sont rendu compte, alors qu'elle avait dix-sept ans, ils lui ont offert un superbe séjour en camp d'été dans un centre de "thérapie de conversion". Traumatisée par les pratiques auxquelles elle a été confrontée, elle a fini, après des semaines de silence, par tout raconter à sa mère. Qui ne l'a pas franchement crue. Pendant trois ans, elle a continué à vivre avec ses parents, faisant croire qu'elle était guérie, accumulant autant d'argent que possible en enchainant les petits boulots ingrats. Et puis elle est partie. ✦ Elle avait toujours aimé dessiner et avait même réalisé quelques commandes pour des évènements locaux à Smyrna, mais ses débuts à New York n'ont pas franchement été glorieux. Elle a pas mal galéré, puis a fini par gagner en notoriété à force de s'obstiner à contacter à peu près tout le monde. Elle a tout fait – affiche de festival douteux, couverture de livre pour enfants, publicité pour whisky dégueulasse, tout. ✦ Il y a cinq mois, on lui a diagnostiqué une dépression. Ce ne fut pas vraiment une surprise. Pas pour elle, en tout cas. Elle avait déjà eu plusieurs passages à vide depuis ses dix-sept ans, mais là, il s'agit d'une dépression, d'une vraie, de celles qui vous collent au lit pendant des jours à vous dire que peut-être qu'un comprimé de plus réussira à tout changer mais à ne pas avoir la force de vous redresser pour attraper le flacon de médicaments qui est juste là, à quelques centimètres de vos doigts, juste sur la table de chevet. ✦ Et quand Olive a disparu, ça a été la fin. Marlene a cessé au bout de trois jours de tenir son journal de suivi émotionnel. Elle a augmenté les doses de ses médicaments, tout en sachant depuis pratiquement deux mois que de toute manière ils ne fonctionnent pas. Elle s'est mise à jouer aux Sims toute la journée et à travailler sur ses projets la nuit. Elle a arrêté la boxe, aussi. ✦ Marlene est une grande adepte des réseaux sociaux. Elle prend grand soin de son Instragam, tweete des débilités à ses copines boxeuses, et partage régulièrement sur Facebook les derniers articles postés sur son blog – un blog de graphisme où elle file quelques astuces et propose des tutoriels sous forme de BD.

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pseudo|prénom: enimoe|noémie
âge|pays: 23 ans|france
fréquence de connexion: quotidienne normalement
personnage: inventé
dernier commentaire: ain't nobody home 2582779563

Invité

‘ welcome to new york ’

Elle essaye de ne pas broncher lorsqu'elle voit le nom s'afficher sur l'écran. Elle jette un coup d'oeil à Olive, qui fait des pancakes alors que Marlene a déjà un toast défraichi coincé entre les dents. Rassurée de voir qu'Olive n'a rien vu, elle reporte son attention sur son écran. Elle sent son coeur tambouriner contre ses côtes mais elle ne peut s'empêcher d'ouvrir le mail. C'est le premier mail en plus de quinze ans.

Chère Ruth – elle serre les dents et son toast à moitié croqué vient s'écraser sur son clavier.
Après toutes ces années, je me permets de revenir vers toi en cette période cruciale – elle fronce les sourcils, ne voit pas ce qu'il y a de crucial en ce moment. Elle se demande d'un coup coment ils ont pu trouver son adresse mail. Peut-être qu'ils la surveillent. Peut-être qu'ils savent qu'elle vit une vie de déviante et qu'ils veulent la reprendre. Non. Jamais. Dans quelques semaines se tiendra notre camp d'été, et nous voudrions savoir s'il te serait possible de venir nous rencontrer, afin que tu témoignes de ton expérience parmi nous il y a toutes ces années auprès de ceux qui, à leur tour, ont besoin de retrouver la lumière.
Tu peux me contacter par mail à cette adresse.
Mon bouclier est en Dieu, Qui sauve ceux dont le coeur est droit. (Psaume 7:10)
Martha Reynolds

Le choc de voir le nom de cette saloperie de Martha juste sous ses yeux met un moment à se dissiper. Mais finalement, il s'en va, et elle prend le temps de relire, alors qu'Olive est en train de lui parler vaguement. Elle se rend compte qu'il n'y a pas d'adresse, pas de nom du groupe, pas de numéro de téléphone. C'est l'adresse mail personnelle de Martha qui a été utilisée. Ils doivent pas vouloir laisser trop de traces apparemment. Hmm. Elle fixe l'écran, souffle sur son trackpad pour le débarrasser des miettes de pain qui lui sont tombées dessus, et supprime le mail. Et on n'y pense plus.

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Elle ne peut penser qu'à ça pendant des semaines. Elle crée une nouvelle adresse mail. Elle vérifie les paramètres de confidentialité de son profil Facebook. Elle raconte à Olive – qui connait déjà presque toute l'histoire par coeur – ce qu'ils ont fait à cette pauvre gamine, là-bas, pendant le camp. Elle se réveille, la nuit, pantelante, presse ses poings contre ses paupières pour effacer l'image de Mr. Martin qui presse la gamine contre son bureau, qui leur dit à tous de sortir. Elle titube jusqu'aux toilettes, les cris se répercutant en écho dans son crâne tandis qu'elle vomit. Elle se sent progressivement glisser, perdre pied. Elle sent quelque chose la bouffer de l'intérieur, gagner du terrain, lui ronger le cerveau jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien. Elle reçoit un mail lui reprochant d'être en retard sur le délai qui avait été fixé pour le projet Bamboo-je-sais-pas-quoi. Elle finit par ne plus regarder ses mails. Et puis un jour, quand son réveil sonne, elle l'éteint, et ne se lève pas.