zeste de séduction (deirdre)

Scully était nerveux. C'était la première fois qu'il invitait une femme à dîner chez lui un plat cuisiné par ses soins mais également sans aucune arrière pensée derrière, à savoir coucher avec. Après son habituelle séance de sport de l'après-midi, ce qui pour lui était en fait le matin, Scully était allé faire quelques courses puis avait rangé son appartement, dans un désordre presque chaotique. Afin de ne pas effrayer la naturelle Deirdre, il avait pris soin de cacher ses substances illicites ainsi que son matériel ; en effet, souvent, des seringues traînaient ici et là. Il avait même descendu les bouteilles de verre pour qu'elle ne voit pas à quel point il avait une bonne descente. Suivant scrupuleusement une recette donnée par sa mère, Scully s'activa derrière les fourneaux en début de soirée. Il avait préféré faire dans la simplicité avec un rosti et ses pommes au four puis un dessert chocolaté, ayant bien vu lors de leur café que Deirdre était une fille gourmande. Scully se surprenait à être nerveux comme cela ne lui était pas arrivé depuis longtemps. Il regardait par la fenêtre, la rue, régulièrement ou jetait un coup d’œil sur le palier pour voir si on avait pas appelé l'ascenseur ou s'il fonctionnait toujours correctement pour Deirdre. Tournant en rond, Scully fumait cigarettes sur cigarettes. Ce n'était clairement pas dans ses habitudes. Scully ne faisait pas de détours mais c'était différent, cette fois, sans qu'il ne sache réellement expliquer pourquoi et il se surprenait à constater que Deirdre lui plaisait, aussi rapidement et de façon impromptue soit-il. Afin de penser à autre chose et de passer le temps, Scully appela sa mère qui s'extasia sur un repas au restaurant avec son sénateur de mari. Scully crut vomir. Cet enfoiré lui payait des tables étoilées pour masquer le fait qu'il couchait avec une gamine de vingt-cinq ans qui s'était également envoyé son fils. Putain de connard. Il ne se détendit pas pour autant lorsqu'il entendit frapper à la porte, signal d'arrivée de son invitée, Deirdre Behell.

Dès qu'on frappa à la porte, Scully se précipita pour ouvrir à Deirdre qui n'était pas venue les mains libres : elle avait apporté une bouteille de vin. Aussitôt, il afficha un large sourire sur ses lèvres, sincèrement heureux de la revoir même si le fait qu'elle soit dans son antre l'angoissait particulièrement surtout que ce n'était pas simplement pour aller directement sous ses draps. Scully se déroba sur le côté afin de laisser passer le fauteuil roulant de Deirdre. Il passa une main dans ses cheveux blonds foncés avant de balbutier : " Bon et bah ... bienvenue chez moi, hein ". Ouais, cela se lisait clairement sur son visage qu'il était intimidé et c'était suffisamment rare lorsque l'on connaissait particulièrement bien Scully Petterson, le mec exubérant et tête brûlée. Il ne faisait jamais dans la dentelle, dans les chandelles et dans les dîners. Pourtant, c'était ce qu'il faisait avec Deirdre, ce soir-là. Son loft était un open-space et de là où ils étaient, ils pouvaient voir le salon, la salle à manger, la cuisine et même la porte restée ouverte de la salle de bain où l'on pouvait apercevoir une grande baignoire. " Fais comme chez toi ", invita Scully. Ce dernier s'empara de la bouteille de vin pour la poser sur le plan de travail, la reléguant certainement pour accompagner le rosti. Il fit tourner le plateau où était disposé toutes ses bouteilles d'alcool. " Tu veux boire quoi ? " demanda Scully tout en prenant la bouteille de whisky pour son verre d'apéritif à lui. Son regard s'arrêta sur le mur face à lui, couvert d'une centaine et d'une centaine de photos de ses amis, de sa jeunesse, de sa famille - sauf son père -. Clairement peu à l'aise, Scully se décida d'être honnête avec Deirdre au moins sur ce point-là et c'est ainsi qu'il vint à faire un aveu maladroit. " Hm, j'suis désolé, j'suis un peu nerveux, d'habitude les femmes qui viennent ici c'pas pour dîner, c'est pour ... euh, aller dans ma chambre, tu vois. J'dis pas que je n'ai pas envie de ... mais 'fin ... merde, je m'enfonce ", s'esclaffa-t-il tout en passant une main sur sa barbe. " C'est la première fois que j'ai un rencart "

S'appliquant à lui servir un petit verre de whisky comme le désirait Deirdre, Scully s'insultait intérieurement. Elle allait le prendre pour un véritable don juan qui n'avait aucune manière. C'était le cas, effectivement, sauf peut-être avec Noha et désormais, elle. Deirdre semblait flattée là où d'autre serait révoltée par une telle allusion à la sexualité débridée du presque trentenaire. Elle réclamait son verre. Scully leva théâtralement les yeux au ciel tout en soupirant, prenant une mine faussement agacée face à tant d'impatience puis, prenant son verre et invitant d'un geste de la main Deirdre à s'installer autour de la table basse, il commença à lui apporter son verre de whisky, léger, comme demandé. Au passage, il ébouriffa les longs cheveux auburn de la demoiselle. Ils étaient doux et aussi bref fût le mouvement, Scully l'apprécia. " Tiens, mon altesse ", lança-t-il en lui tendant son verre puis resserrant sa prise autour de son propre verre, Scully alla s'asseoir à ses côtés sur un fauteuil de designer acheté par sa mère pour son emménagement. A lui seul, il valait une petite fortune. Une fois assis, Scully leva son verre pour trinquer avec la jeune femme. " A la tienne " s'exclama le blond avant de boire une première lampée. Il s'empara de son tabac en vrac et vérifia rapidement que c'était le bon pot et pas celui contenant des substances illégales puis commença à se rouler une cigarette, avec application. Scully s'empara d'une cacahuète et la lança pour la rattraper. Comme un gamin mais ça l'amusait toujours et c'était un vieux réflexe de gamin. " Tu as passé une bonne semaine ? " s'enquit le fêtard avant d'ajouter : " Tu avais hâte de me voir, hein ? ". Il ajouta un clin d'oeil.

Scully aimait la simplicité et le naturel avec lequel ils échangeaient. Ce n'était pas comme avec la plupart des femmes qui cherchaient à lui plaire à tout prix ; non, Deirdre était franc-jeu comme si c'était un ami. " J'ai surtout réussi à réparer mon bmx ", répondit Scully. Sa chute n'avait pas amochée que lui. La fourche était complètement tordue et d'autres trucs aussi si bien que ses derniers jours, Scully avait bossé sur son bmx dans le garage d'un copain mais il avait également planché sur autre chose, sur sa promesse faite à Deirdre. "... et avec les copains, on a commencé à bosser sur un fauteuil, on a presque fini " annonça-t-il avec un grand sourire empli de fierté d'avoir respecté cette promesse. Au moins Deirdre verrait qu'il avait une parole d'or, qu'il tenait à ce qu'il disait. " D'ici deux jours, je le testerai avec un mec pour voir si c'est assez solide avant que tu ailles dedans ". Scully ne voulait pas prendre le risque d'une chute ou d'un accident qui pourrait empirer l'état de Deirdre. Il culpabilisait déjà suffisamment de l'avoir mise dans ce fauteuil, chose qu'elle ignorait totalement.

Attentif aux moindres gestes de Deirdre, il l'observa se déplacer sur le canapé et s'y installer, visiblement plus à l'aise que sur son fauteuil. Il était impressionné par la force qu'elle avait dans les bras pour se porter toute seule mais plus qu'une force physique, Deirdre semblait avoir une force mentale. Scully but une nouvelle gorgée de son whisky tout en continuant à l'observer. " Ouais, j'avais envie de te voir ", répondit Scully tout en haussant des épaules pour se donner un côté plus négligent et je m'en foutiste que la réalité. En fait, Scully avait trépigné pendant tout ses quelques jours comme un gamin avant Noël. " J'ai passé un super moment avec toi dans ce café, j'ai très envie d'apprendre davantage à te connaître ", confessa-t-il.

Deirdre semblait aussi folle de joie qu'une gamine au réveil, le matin de Noël et cela, ça fit sourire Scully. Elle rayonnait de bonheur en parlant de ce fauteuil aménagé pour la pratique de quelques sports et en quelque sorte, le blond se rachetait de l'accident en l'aidant sur ce point-là. Puis, elle était sacrément mignonne, encore plus, avec ce foutu sourire creusant deux fossettes sur ses joues. —  Ouais et bientôt, je t’amènerai avec moi faire du vélo en sortie de la ville, rajouta Scully. Bien entendu, Deirdre ne pourrait jamais pédaler : le vélo de Scully pousserait son fauteuil, afin qu'elle profite et de la vitesse et du vent frais ainsi que des paysages. Il était fier et pour une fois, il ressentait le sentiment d'avoir accompli quelque chose de bien pour les autres, pas seulement pour lui.

Il sourit, bienheureux alors qu'elle lui disait être contente de le revoir. Scully se sentait empoté et intimidé. Il souriait bêtement mais malgré tout, il était bien, là, avec elle, à discuter simplement. En fait, c'était la première fois qu'il se sentait autant lui-même avec une femme. —  C'est l'repas du mec qui avait trop de ménage à faire : rosti, pomme de terre, rétorqua le blond, naturellement. —  Un appart' de célibataire de vingt-huit ans, fêtard et bordélique, c'est moche à voir et ça prend un temps fou à ranger. Scully n'était pas un as du ménage et généralement, il recevait dans le bordel mais pour Deirdre, il avait fait un effort. Puis, fallait dire qu'en général, ils ne traînaient pas tellement dans le salon mais passaient directement sous la couette. Depuis que Deirdre s'était assise à ses côtés sur le canapé, Scully n'osait plus bouger, trop intimidé. —  Séduction ?, demanda-t-il en se tournant vers elle, un sourire malicieux (et séducteur) au coin des lèvres. —  Vous essayez de me draguer, Mademoiselle Behell ?, demanda-t-il en posant une main sur sa cuisse, oubliant totalement qu'elle ne devait certainement rien sentir. —  Parce que vous savez ... je vous ai déjà dans mes bonnes grâces.

— Promis, juré, moi, je mens jamais ! rétorqua Scully en rigolant. En fait, c'était un artiste prodige dans l'art de mentir mais ça, il ne lui dirait pas. Il mentait depuis son plus jeune âge et à elle, indirectement, depuis le départ car il aurait pu lui dire, lui avouer mais il se protégeait du danger. Sept ans, il n'y avait pas encore prescription sur l'affaire. Son coeur battait la chamade. Deirdre le draguait. Ils se draguaient mutuellement et Scully se sentait comme un adolescent vivant son premier flirt. D'un côté, c'était légèrement le cas. Parce qu'ils jouaient tous deux la carte de l'humour, Scully décida d'en faire de même après avoir avalé une nouvelle fournée d'amuse-gueules ainsi qu'une nouvelle gorgée de whisky. — Si t'étais un sandwich à McDo, tu serais le Mac-nifique. Pour flouetter un rire malgré le ridicule de sa réplique, Scully ravala une gorgée du liquide ambré. — Ou attend ... Ton regard de braise me rend merguez !. Scully ne séduisait pas comme cela, rassurez-vous. En général, il usait de belles paroles et de ses sourires aux dents blanches ainsi que quelques battements de cils et hop ! Au lit. Là, avec Deirdre, c'était différent. Il ne voulait pas lui faire trop de rentre dedans. Bizarrement, Scully voulait faire les choses convenablement. Brusquement, Scully retira sa main, se souvenant qu'elle ne sentait rien. Gêné, il la passa sur sa nuque puis ébouriffa ses cheveux blonds. — Je te rassure, je ne drague pas comme ça, se sentit-il obligé de préciser. Il se mordilla la lèvre. — Mais sincèrement, t'as pas besoin de me draguer, tu me plais déjà comme ça, avoua-t-il, se sentant étrangement soulagé par cet aveu.

Entendre Deirdre rire aux éclats le fit également rire malgré la bassesse de ses plaisanteries. C'était sans doute un petit retour de médaille - certes très faible - pour l'avoir certainement fait pleurer lors de l'accident et de la perte totale de la mobilité de ses jambes. Beaucoup de filles. Visiblement, la jeune femme ne se faisait pas d'idées sur les fréquentations de Scully et elle n'avait pas tord. Chaque semaine, c'était une femme différente qui passait sous ses draps - ou n'importe où -. Scully avait une sexualité débridée, depuis des années mais cela s'était empiré avec le début de ses consommations illicites, en 2009, après l'accident. Il n'était pas regardant tant que la jeune femme acceptait de s'envoyer en l'air avec lui. —  Si tu ne sais pas quoi répondre, souris-moi, ça me convient parfaitement, rétorqua Scully. Deirdre avait un sourire contaminant qui lui donnait envie d'en faire de même. Chaque fois, son coeur se serrait et il en venait à se demander ce qu'il se passait car il n'avait jamais éprouvé cela auparavant. —  Ouais, c'est lui, répondit Scully en se levant pour aller chercher sa tablette sur laquelle il avait une centaine d'autres photos. Il retourna s'asseoir auprès d'elle, s'installant plus près, sans vraiment calculer son coup et posa la tablette à cheval sur leurs jambes. Il ouvrit le dossier du dernier anniversaire en date de Daniel, leur ami commun. Une photo de Scully avec sa cravate autour de la tête, torse nu et en boxer, ivre (et sans doute défoncé), s'affichant. La suivante était l'exacte réplique mais avec Daniel. —  Je te l'envoie pour que tu l'affiches dans les chiottes du boulot pour l'humilier, ricana le blond. Du bout des doigts, il effleura ceux de Deirdre mais à sa grande surprise, il se sentit rougir, ce qui ne lui arrivait jamais, à lui, le grand et arrogant Scully Petterson. Il tourna la tête vers elle pour la regarder et à nouveau, répéta, les yeux dans les yeux : —  Tu me plais beaucoup.

Un frisson parcourut l'échine de Scully, dressant également les poils blonds qui parsemaient son bras, tout cela par le simple contact de ses doigts avec ceux de la jeune femme. Il ressentit plus ou moins la même réaction du côté de cette dernière, ce qui fit emballer son petit coeur de pierre, du moins, c'était ce qu'il croyait jusqu'à peu. Serait-il possible que cela cache un vrai coeur ? Ils échangèrent un long regard avant que Scully ne remarque qu'elle regardait ses lèvres. Il passa instinctivement sa langue sur celles-ci pour les humidifier mais également parce qu'il avait la gorge sèche et la bouche pâteuse avec l'appréhension. Son dieu intérieur fit une danse de la joie ainsi qu'un salto arrière en entendant Deirdre lui envoyer la réciprocité de ses mots. Il lui plaisait. Toutefois, il était nerveux et visiblement, cela se voyait et se confirma avec la question de Deirdre. — Ouais, ça va, t'en fais pas, répondit-il avec un petit sourire pour appuyer ses propos. Scully baissa les yeux pour observer leurs doigts, crochetant l'un d'eux à l'un de ceux de la jeune femme. Puis, il leva les yeux vers les siens, ceux de Deirdre et replaça vivement une mèche châtain derrière son oreille. Il en profita pour caresser doucement sa joue, sa pommette rebondie. Scully hésitait entre la raison et le désir. Sa raison le rappelait à l'ordre, lui intimant de ne pas le faire, de s'éloigner de Deirdre, comme le demandait cet anonyme dans ce courrier qu'il avait reçu, caché dans sa table de nuit. On lui demandait de prendre ses distances avec la jeune paralysée sous peine de tout révéler. Scully soupçonnait son père, le seul à être au courant de cette sordide affaire mais comment le serait-il qu'il fréquentait la jeune victime de son accident de la route ? De l'autre, son désir lui hurlait, comme Sébastien dans la Petite Sirène à Eric, de l'embrasser. Finalement, Scully prit une inspiration et vint déposer délicatement ses lèvres sur celles de Deirdre pour un bref baiser auquel il mit fin rapidement, de sa propre initiative, pour ne pas la brusquer. Puis, gêné, il changea radicalement de sujet : — Je t'en resserre un ?

Scully était chamboulé par ce baiser. Il lui plaisait, surtout avec ce goût d'interdit mais ce qui le donnait l'effrayait. Comment pouvait-il composer avec son attirance mais cette menace planant au-dessus de lui ? Quelqu'un savait qu'il était attiré par Deirdre ou du moins, que le courant passait très bien, mais qu'il était responsable de l'accident l'ayant conduit à sa paralysie. Scully resservit Deirdre qui demanda où se situait la salle de bain ; il lui indiqua. Le blond se plongea dans ses pensées et sursauta même lorsque la jeune femme manifesta sa présence. Il se retourna et lui offrit un grand sourire pour recomposer la façade du type content et heureux, sans soucis. Et au fond, c'était ce que Scully était en sa présence. Il ricana même en entendant son estomac. Il retira une chaise pour qu'elle puisse placer son fauteuil. — Plaît-il, Deirdre, j'vais chercher le plat, indiqua Scully. Chose faîte, lorsque Scully fut assuré qu'elle était bien installée, il enfila un gant pour le four et retira le tout pour l'amener sur place, sur la table. En retirant son bras de la table, main désormais libre, il effleura délibérément l'épaule de la jeune femme tout en se mordillant la lèvre. Il avait apprécié ce baiser, indéniablement. (...) — J'ai pensé à toi pour le dessert, annonça Scully, fier, en haussant des sourcils à plusieurs reprises alors qu'il était effectivement temps de laisser place à la gourmandise. Tout fier, il alla chercher un fondant au chocolat qu'il avait préparé (merci les pâtes toutes faites) et le disposa sur la table. — Tadaaa !, s'écria-t-il joyeusement tout en servant une part conséquente à Deirdre. S'il s'écoutait, son dessert, ça serait elle mais Scully avait envie, pour une fois, la toute première de son existence, de faire les choses correctement, dans les règles de l'art ainsi que de la galanterie. Toutefois, il ajouta tout de même : — Si tu en as partout autour de la bouche, je ne répondrais pas de moi et me verrais dans l'obligation de t'embrasser de nouveau.

Deirdre rentrait dans le jeu de Scully et de nouveau, autour d'eux flottait ce parfum de séduction que le blond appréciait énormément. Il s'arma de sa fourchette pour partager la part avec la jeune femme. Il leva les yeux vers elle alors qu'elle lui disait carrément qu'il pouvait l'embrasser sans attendre. Scully se mordit la lèvre inférieure tout en l'observant. Il ne pouvait pas nier être flatté par les dires de la jeune femme qui sous-entendait clairement qu'elle voulait bien qu'il l'embrasse. Mais était-ce bien raisonnable ? Devait-il s'abstenir au risque de se priver de bonheur et de quelque chose de positif ? Scully n'était pas comme cela. Ce n'était pas un gars qui vivait dans un climat de peur et ça ne commencerait pas maintenant, merde ! C'était pour cette raison, pour ne pas se laisser envahir par la menace, que Scully repoussa l'assiette loin d'eux tout en fixant la jeune femme de ses pupilles dorées et en approchant son visage du sien. Finalement, il l'approcha tellement qu'il pouvait sentir son souffle sur ses lèvres. Délicatement, Scully pressa ses lèvres contre celles de Deirdre, les mouvant avec lenteur et délicatesse. Puis, insidieusement, sa langue vint se frayer un passage entre les lèvres naturellement rosées de Deirdre pour inviter sa propre langue à un duel. Penché vers elle, parce que sa mobilité était réduite, il passa sa main sur sa nuque, approfondissant ainsi l'échange et emmêlant ses doigts dans les mèches châtains qui tombaient sur sa nuque. Cela lui faisait un bien fou, le bonheur se propageant dans l'ensemble des cellules de son corps. Scully recula, se mordit la lèvre avant d'ajouter : — Je préfère le goût de tes lèvres à celui du chocolat.

Leurs langues valsaient d'un rythme effreiné et soutenu. Elles le firent pendant de longues secondes alors que la chaleur s'insinuait doucement dans le corps de Scully face à cet échange langoureux. Il rit à la blague de Deirdre avant de se sentir flatté qu'elle ne lui dise qu'elle passait une très bonne soirée grâce à lui. Il n'en était pas peu fier. Il reprit sa fourchette et reprit une bouchée de fondant en chocolat, le faisant couler avec une ultime gorgée de vin rouge. Scully avait encore envie de l'embrasser, cela le démangeait mais il ne voulait pas aller plus vite qu'il n'y allait déjà. Se levant, il entreprit de débarrasser tout en proposant une dernière collation à la jeune femme. — Un café ou un thé ?, s'enquit-il en l'observant attentivement. Il alla déposer la vaisselle sale dans l'évier et se hâta à préparer le final du repas. Tout en patientant, Scully s'empara d'une cigarette qu'il alluma après avoir ouvert la fenêtre afin de dégager l'odeur de tabac, ce qu'il ne faisait pourtant jamais. Puis, Scully vint se rasseoir auprès de Deirdre.

De sa main libre, le blond effleura celle de la jeune femme à ses côtés. Il tira une latte sur sa cigarette. — Je crois que si Daniel apprend pour ces baisers, il ne se sentira plus. Leur ami commun était quelqu'un de très enjoué et un baiser entre deux amis à lui risquait de le faire décoller de bonheur. Pour le moment, par précaution vis à vis des menaces qui pesaient sur ses épaules, Scully ne souhaitait pas ébruiter la chose et il espérait que Deirdre garde cela pour elle. — Tu as un truc de prévu, demain ? demanda-t-il, avec dans l'idée de, pourquoi pas, la revoir le lendemain. Cela lui ferait énormément plaisir.

Au moins, Deirdre et Scully s'entendaient sur un point : il fallait à tout prix que l'existence de ce baiser ne parvienne pas aux oreilles de Daniel ou sinon, beaucoup de personnes seraient mise au courant. Et c'était un risque supplémentaire pour le blond que son corbeau l'apprenne et ne lui gâche que davantage l'existence si bien qu'il voulait vraiment que cela ne reste qu'entre eux. Oh non, il n'avait pas honte de ce baiser. Il en était fier et même conquis, dans son fort intérieur, avec l'envie mordante de réitérer, encore et peut-être plus même si ... il n'avait jamais flirté avec quelqu'un dans la situation de Deirdre. Mais au fond, qu'est-ce que cela changeait, qu'elle soit en fauteuil, à part deux ou trois détails techniques ? Absolument rien. Ce qui changeait, c'était que cette fois, Scully semblait découvrir un organe bien enfoui jusqu'à présent : son coeur.

— Si ça ne tenait qu'à moi, tu resterais ici jusqu'à demain mais je ne suis pas certain que ce soit ce que les gens font quand ils veulent faire les choses correctement, expliqua le jeune jet setteur. S'il s'écoutait, il aurait encore sa langue dans sa bouche et peut-être même que les premiers vêtements voleraient dans son salon. Or, Deirdre semblait être une fille sensible et fleur bleue, il fallait donc qu'il s'évertue à faire les choses proprement avec elle. Puis, comme elle s'en enquit, il avait effectivement de l'idée derrière la tête. — Si je me lève tôt, je peux tester le vélo aménagé et on pourrait faire une balade, expliqua-t-il. Il y tenait. Il voulait voir son putain de sourire, qui l'avait conquis, ce soir-là, à ce gala mondain. — Et j'veux pouvoir refaire ça, aussi, ajouta-t-il tout en reposant ses lèvres sur les siennes, visiblement trop faible pour résister à la tentation d'un nouveau baiser avec elle.

Deirdre posa sa main sur la joue de Scully. Il laissa aller son visage tout contre, fermant les yeux pour profiter de ce doux contact qu'il appréciait particulièrement. Une boule vint se loger dans sa gorge alors qu'elle évoquait le fait de se montrer en public ainsi que la presse à scandales. Qu'on l'apprenne, c'était ce qui l'angoissait particulièrement en raison de cette foutue lettre de menaces qu'on lui avait envoyé. De nouveau, Scully tenta de se reprendre en main. Il secoua la tête, imperceptiblement pour se ramener à la raison. Ce que cette personne voulait, c'était lui faire peur mais il n'allait pas le faire : il lui donnerait victoire. Scully se mordit la lèvre. — Je m'en tape, articula-t-il fermement. C'était plutôt à elle qu'il faudrait poser cette question : Deirdre supporterait-elle toutes les médisances sur le compte du fils du sénateur, roi des scandales et des dérapages en tout genre ? Et instinctivement, Scully vint à articuler une phrase qu'il ne s'attendait pas à lui dire, en début de soirée : — Alors reste.

Il garda ses yeux rivés dans les siens, sans cligner des yeux, sans fermer les paupières pour autant, toujours aussi proche d'elle, à sentir son souffle chaud sur sa bouche légèrement barbue. Scully essayait de ne pas s'écouter car s'il le faisait, il était indéniable qu'il l'amenerait dans son lit pour des faits peu catholiques. Du bout des doigts, il traça le contour des lèvres de Deirdre, en les fixant. — Qu'est-ce que tu m'as fais, putain ?, souffla-t-il. Ce n'était pas lui, si attentionné et doux, si patient même s'il n'y avait que deux baisers langoureux. Doucement, Scully frotta le bout de son nez contre celui de Deirdre avant d'y déposer un tout petit baiser bref puis de se reculer pour ne pas paraître trop collant.