zeste de séduction (deirdre)

Elle l’hypnotisait, voilà, il ne pouvait pas nier le contraire ni prétendre autre chose. Depuis qu’il la connaissait, il avait tout le temps envie de la voir, de lui parler. Pourtant, cela ne lui ressemblait pas. Scully n’était pas comme cela avec les femmes. Il s’en fichait la plupart du temps, les ignoraient et les malmenaient une fois qu’il avait tiré son coup. Etait-ce la culpabilité ou autre chose qui empêchait l’héritier de se comporter en parfait goujat avec Deirdre ? Pourtant, Scully s’entendit lui demander de rester, ce qu’elle accepta sans l’ombre d’une hésitation, provoquant un large sourire sur les lèvres abîmées de Scully. Puis, il entreprit de débarrasser mais refusa en bloc l’aide de la jeune femme. — J’ai une invention superbe appelée lave-vaisselle, s’exclama-t-il en l’ouvrant par ailleurs pour y mettre la vaisselle sale, au moins, cela serait déjà fait. Pourtant c’était un adepte de la procrastination… Il invita, pendant ce temps là, Deidre à choisir un film à regarder ou une série parmi sa très large collection, presque exagérée. Terminant sa tâche ménagère, Scully vint rejoindre Deirdre dans le salon, effleurant son épaule dépassant de l’assise de son fauteuil au passage. Sans vraiment réfléchir à ses gestes, il se plaça derrière elle et se pencha. D’un geste habile de la main, il repoussa ses cheveux pour dégager son cou et y déposa un baiser, remontant doucement à son oreille. — Je suis content que tu restes, souffla-t-il, sa bouche effleurant son lobe. — Tu me dis si tu as besoin de quoi que ce soit, okay ?

S’il écoutait ses désirs, bien entendu qu’il l’amenerait dans sa chambre et qu’après un vague moment de panique lié à son handicap, il ferait les choses de manière plus classique chez les Petterson. Deirdre lui demanda qu’il la prenne dans ses bras. Scully opina du chef même s’il se demandait comment s’y prendre sans lui faire de mal. Doucement, il passa un bras derrière son dos, l’autre sous ses genoux et la souleva ainsi. Elle était légère bien qu’il n’en ait jamais douté. Il vint s’asseoir sur le canapé, Deirdre sur ses genoux et tenta, du mieux que possible malgré une lacune sur ce sujet, de bien caler ses jambes pour qu’elle n’ait pas mal. — Je ne t’ai pas fais mal ? s’inquiéta-t-il. Alors non, bien sûr qu’elle n’était pas en sucre mais Scully se sentait déjà suffisamment coupable, il ne souhaitait pas en rajouter. Il se cala dans le canapé, Deirdre sur ses genoux, contre lui. Son coeur battait à tout rompre et il craignait qu’elle ne perçoive ce trouble inédit chez lui. Il posa son menton sur son épaule, tentant de se plonger dans le film mais le parfum de Deirdre qui lui chatouillait les narines rendait les faits compliqués si bien qu’il abandonna très vite pour glisser une main sur sa hanche et venir embrasser sa nuque, de nouveau. — Arrête-moi, souffla-t-il alors que sa main glissait sous son pull pour que ses doigts ne rentrent en contact avec sa peau, douce comme de la pêche. Il se mordit la lèvre, essayant de reffreiner cette sacrée pulsion qui lui torpillait l’estomac. Merde, il allait trop vite, il fallait qu’il se tempère.

Scully fut rassuré d’apprendre qu’il n’avait pas blessé Deirdre et qu’il s’y était plutôt bien pris. Il afficha un sourire satisfait avant de se perdre dans la douceur de sa peau. Il voulait qu’elle l’arrête, il ne voulait pas craquer, pas si tôt. Il voulait être patient, faire les choses correctement. Heureusement, Deirdre l’arrêta. Il lui fit un sourire, lui assurant ainsi, implicitement, qu’il n’était en rien vexé, au contraire. La gardant au creux de ses bras, il tenta de se focaliser de nouveau sur le film, son menton sur son épaule, la main de la jeune femme dans la sienne. Son coeur continuait de battre follement dans sa cage thoracique. Mais de nouveau, ses pensées dévièrent sur ce foutu courrier dans sa commode. Et s’ils allaient plus loin, s’ils se lancaient ? Scully devrait cacher à Deirdre la vérité sur son accident mais également continuer à lui mentir alors que déjà, si vite, c’était difficile de supporter le poids de la culpabilité. Et si ce corbeau balançait tout ? Son père, il en était convaincu. — Ne t’excuses pas d’être aussi mignonne, plaisanta Scully pour voiler la face sur ses sentiments, sur la culpabilité qui lui tiraillait le coeur. D’avoir Deirdre sur les genoux, d’avoir dû la porter pour qu’elle s’y installe lui avait brutalement fait prendre conscience qu’en plus d’avoir tué Tim sur le coup, il avait brisé la vie de Deidre et s’il le savait depuis sept ans, il venait de le réaliser réellement, là. — Si Daniel ne t’avait jamais amené avec lui, je ne t’aurais jamais rencontré, constata Scully. — Et ça aurait été dommage…

Scully apprit donc que Deirdre ne voulait pas se rendre à cette soirée. Il opina du chef et esquissa un petit rire lorsqu’elle déforma une expression. Ainsi, il la reprit doucement, sans once d’autorité. — On dit habillés sur son 31, rectifia-t-il. Il ricana. La tête de chien battu de Daniel, Scully la connaissait bien. Son regard dériva sur leurs mains, que Deirdre caressait doucement, machinalement, naturellement. Il sourit, touché par son compliment. Scully avait l’habitude qu’on lui dise qu’il était beau mais dans la bouche de Deirdre, cela prenait une toute autre allure. Deirdre posa une question pertinente. Daniel avait-il fait exprès ? Sans doute mais pas pour le caser, lui. Pour la caser, elle. A choisir, Daniel n’aurait pas dit à l’un comme à l’autre de jeter son dévolu sur le blond, fils de sénateur. Il avait une réputation trop sulfureuse et traitait trop mal les demoiselles pour qu’un ami digne de son nom ne lui confie une jeune femme douce, comme Deirdre. — Oula, non, répondit aussitôt Scully. Il passa une main gênée dans sa nuque. — Je pense que tu as commencé à cerner mon caractère même si c’est assez peu flatteur pour moi. Généralement, mes amis évitent de me présenter des femmes. Mais allez savoir pourquoi, Scully se comportait différemment avec Deirdre. Naturellement, surtout. Il ne se mettait aucun costume de gamin de riche, de fils à papa, de p’tit camé fêtard. Il se sentait lui. Et curieusement, il avait l’impression que Deirdre arrivait à lire en lui au-delà des apparences qu’il s’évertuait à mettre en place depuis des années, davantage depuis le jour où leur vie avait basculée. — Je n’sais pas pourquoi, j’essaie de faire les choses biens avec toi mais d’habitude, j’suis pas un mec carré avec les nanas.

Scully la dévisagea. Alors ainsi, Deirdre pensait qu’il la préservait à cause de sa condition, de son handicap ? Non. Peut-être qu’il la protégeait de son attitude à cause de ce qu’il lui avait fait subir, en 2007, fait qu’elle ignorait éperdument mais certainement pas par pitié ou quelque chose comme cela, en trait avec son handicap. Certes, Scully ne savait pas comment gérer cela, il n’avait jamais fréquenté quelqu’un de paralyser mais cela ne changerait rien au fait qu’il l’appréciait, elle, pour ce qu’elle était dans son caractère et sa nature, pas physiquement. — J’en ai rien à foutre de ton fauteuil, articula cruement Scully. Au moins, peut-être comprendrait-elle par cette verve, sa sincérité. — Si c’est ça qui t’inquiètes, il ne m’a pas dérangé pour te prendre dans mes bras et ce qui m’intéresse, c’est pas ta paralysie ou ta façon de te déplacer. T’es pas une bête de foire. Ce qui m’branche, c’est ton caractère, ton humour, ce que tu es, Deirdre, débita-t-il en prenant son visage en coupe dans sa main, par le menton, pour la contraindre à détourner le regard de l’écran de télévision pour qu’elle la regarde. Scully l’embrassa, à nouveau. Un peu brutalement, avec un peu d’empressement mais beaucoup de sincérité. Il ne faisait pas cela pour son corps, pour coucher avec elle ou bien par pitié vis à vis de son handicap ou de l’accident dont il était l’auteur. — Ok ?, demanda Scully comme pour s’assurer qu’elle était convaincue de ce qu’il disait.

Le baiser échangé s’enflamma sur une impulsion de Deirdre, plus sauvage et moins réservée qu’à l’accoutumée. Cela n’étant pas pour déplaire, au passage, à Scully qui l’approfondit sans hésitation, sa langue venant à valser avec la sienne. Ils échangèrent des baisers langoureux et sensuels pendant de longs moments avant que Scully ne se sente sur le point de craquer et de céder à ses pulsions. Il y mit fin, à contre-coeur, calant le visage de la jeune femme contre son torse, sa main dans la sienne, leurs doigts entrelacés. — Cela commence à être une très mauvaise idée que tu sois sur mes genoux, plaisanta Scully, en référence à un désir qu’il commençait à éprouver. Le jeune homme était sans tabou. Il avait une sexualité débridée et originale, marginale, dont il parlait sans crainte avec ses amis et surtout, sans honte aucune. Amusé, Scully constata que la bouche naturellement pulpeuse de Deirdre était un brin plus gonflée et rouge qu’à l’ordinaire, à cause de leurs échanges. Toutefois, il frotta son nez contre le sien, taquin, un large sourire aux lèvres. Il commençait à se faire tard. Le lendemain pointait bientôt le bout de son nez et il deviendrait compliqué pour Deirdre de rentrer. Scully lui aurait bien proposé de rester dormir mais il voulait patienter et il savait que si elle restait ici, même s’il prenait le canapé, il craquerait, viendrait la rejoindre et essayerait quelque chose. Face à Deirdre, le blond restait difficilement de marbre. Ainsi, il appela un taxi en s’arrangeant pour leur laisser encore plusieurs minutes pour discuter et descendit avec elle en bas de son immeuble pour continuer à discuter encore. Lorsqu’il vit le taxi, Scully se pencha pour embrasser Deirdre en lui faisait promettre un sms, bientôt.