please stay (scully) /hot/

Deirdre s’endormit pendant le film et sa tête bascula sur l’épaule du blond qui n’osait plus bouger si ce n’était à peine respirer par crainte de la réveiller. Il regardait le film sans grand intérêt car cela lui rappelait la misère de sa propre vie sentimentale. Puis soudain, un bruit de détonation réveilla la jeune femme qui s’empressa de se redresser, ce qui fit un pincement au coeur du blond qui appréciait de la sentir contre lui. — J’sais pas trop, maugréa Scully, la gorge serrée. — Mais au moins la moitié du film. Il était frustré et peinait à cacher ce sentiment qui le rongeait. Il retira l’écouteur tout en baillant. Il avait besoin de dormir, lui aussi et le voyage passerait plus facilement ainsi. Il maudissait juste l’agent de sécurité qui avait retiré les somnifères de son sac à dos avant l’embarquement ; comment allait-il faire pour trouver le sommeil ? Toutefois, la question ne se posa pas plus longtemps car Scully plongea dans un profond sommeil. (…). Les heures défilaient, de plus en plus lentement si bien que Scully ne s’y attendait plus lorsqu’ils annoncèrent la descente sur l’aéroport Paris – Charles de Gaulles. L’avion s’anima aussitôt, se réveilla alors qu’un frisson d’excitation le submergeait, parcourant son échine de bas en haut. — Ca va ?, s’inquiète le golden boy tout en se tournant vers Deirdre. — Tu es contente d’être arrivée ?

Cela bougeait tellement de partout dans l’aéroport parisien que Scully ne savait plus donner de la tête, poussant le chariot contenant les valises qui avaient été très rapidement récupérées puisque Deirdre était une absolue priorité compte tenu de son handicap. Scully suivait le pictogramme taxi afin qu’on les amène dans leur hôtel pour une nuit réparatrice avant d’attaquer les visites. Il vérifiait régulièrement derrière lui la jeune femme, si elle parvenait à suivre le rythme de ses mains sur les roues de son fauteuil et cela semblait aller. Doucement, en entendant parler français autour de lui, Scully réalisait qu’un océan les séparaient de chez eux mais surtout de la tornade médiatique. Il ralluma son téléphone mais le réseau était absent, inconnu. D’abord, un premier taxi leur refusa la course sous prétexte qu’il y avait un fauteuil en surplus : cela devait engendré un coût supplémentaire et Scully ne voyait pas en quoi. On ne parlait pas d’un transport choisi de cet objet. Il était nécessaire pour la jeune femme et dès que le chauffeur eût le dos tourné, le blond l’insulta, en français, une langue qu’il maîtrisait de quelques mots pour la plupart vulgaires. — Connard ! Par chance, un second chauffeur accepta de les prendre sans problèmes et proposa même son aide pour le transfert or, Scully ne supportant pas l’idée des mains d’un autre sur Deirdre, il décida de s’en charger avant de se glisser aux côtés de la jeune femme après avoir mis le fauteuil plié dans le coffre. Chose faîte, il indiqua l’adresse au chauffeur avant de s’attacher. — J’ai hâte de pouvoir dormir !, soupira le blond. (…). Scully jura. La chambre d’hôtel ne contenait pas de canapé, comme indiqué dans l’annonce. Il se tourna vers le groom et lui demanda, en américain, où se trouvait le canapé. Il n’y en avait pas. Scully pâlit avant de se tourner vers Deirdre, tentant de cacher son trouble. — Je dormirai dans la baignoire ou par terre avec des oreillers et une des couettes, c’est pas un souci.

Scully manqua d’éclater de rire au nez de la jeune femme lorsqu’elle insista pour alterner un soir sur deux sur le sol, pour dormir. Il en était hors de question et bien qu’il savait qu’elle n’était pas en chocolat, il s’y refusait tant pour sa situation d’handicap que pour sa galanterie. Sa mère lui avait donné une éducation certaine, dans les codes de la bourgeoisie et il se refusait donc de laisser dormir une femme dans de telles conditions. — C’est ça, dit-il en balayant les propos de la jeune femme d’un mouvement de main et avec une certaine insolence. Après une visite rapide des lieux, silencieuse, Scully écouta les conseils de la jeune femme : il devait dormir. En effet, il était sur les nerfs et en croisant son reflet dans le miroir, Scully constata à quel point il devait faire peur. Ses yeux noisettes étaient bordés de grandes cernes violacées et son teint était pâle. Afin d’être plus à l’aise et parce que le tissu était imprégné de sueur, Scully retira son tee-shirt puis son jean, restant simplement en caleçon ; enfin, il se glissa dans le lit, s’étalant sur le dos. Rapidement, le blond s’endormit, une main sous son oreiller et commençant à ronfloter légèrement. Il gigota, ce qui repoussa les draps au bas de son dos, au creux de ses reins. Engoncé dans un cauchemar qui lui rappelait l’accident, Scully se mit à gigoter frénétiquement et à gémir, effrayé. Il voyait une scène qui n’avait jamais existé pourtant : c’est-à-dire qu’il se réveillait dans la voiture, à secouer Tim puis à sortir de la voiture pour découvrir Deirdre, coincée sous la tôle.

Scully s’y voyait comme si la scène était réelle, à essayer de sortir Deirdre de sous la tôle, à paniquer, à transpirer. Puis, il sentit une main dans ses cheveux : ce contact l’électrisa. Scully se redressa brusquement, presque violemment, envoyant valser le bras de Deirdre et comprenant seulement maintenant que le contact était réel. Haletant, assis au milieu du lit et transpirant, il semblait désorienté. Respirant fortement, il regarda tout autour de lui avant de constater qu’il avait vraisemblablement fait mal à la jeune femme, dans son geste. — Pardon, articula le blond qui se leva d’un bond pour filer à la salle de bain. Il s’appuya sur la vasque, les mains à plat, respirant profondément et bruyamment. Puis, il passa son visage littéralement sous le jet d’eau froide pour s’éveiller de ce satané cauchemar qui le hantait depuis la révélation de ce secret gardé profondément pendant sept longues années. D’un pas traînant, Scully retourna s’asseoir en tailleur sur le lit défait et humide de sueur. — Je ne t’ai pas fais mal ?, s’inquiéta le blond. Il tremblait encore de ce foutu cauchemar qui le hantait. Malheureusement, cela faisait sept ans qu’il vivait avec et il devrait s’y habituer pour le restant de ses jours. Scully s’empara de son paquet de cigarettes dans sa veste, qui traînait à côté et malgré l’interdiction de fumer en vigueur dans la chambre d’hôtel, il alluma son cône de nicotine. Il en avait bien besoin pour s’en remettre. — Tu ne t’es pas emmerdé ?, demanda-t-il. Scully évitait soigneusement le regard de Deirdre, mal à l’aise. — On se douche et on va manger un morceau ?

Deirdre passa de longues minutes dans la salle de bain durant lesquelles Scully fuma plusieurs cigarettes sur le petit balcon en admirant la vue sur les beaux quartiers de la capitale française. Il pensait à la complexité de leur situation et ça le laissait dans un sale état. Lorsque Deirdre annonça avoir libéré la salle de bain, il s’y faufila sans un regard, trop effrayé. Scully alla se doucher et en profita pour raser son épaisse barbe blonde ; ainsi, il perdait facilement quelques années, cinq au moins ! Il dompta sa chevelure blonde puis passa ses vêtements propres qu’il avait pris avec lui avant d’entrer dans la pièce ; puis, Scully rejoigna la chambre. Leurs regards se croisèrent. Deirdre avait les yeux rouges et reniflait. Visiblement, elle était en proie aux doutes. Scully haussa des épaules en se mordant la lèvre. Bien sûr qu’ils compliquaient tout. C’était évident ! — La situation est déjà compliquée, Deirdre ! Elle l’est depuis que j’ai égoïstement décidé de me lancer dans une relation avec toi en te cachant la vérité sur l’accident et … en faisant ça, ils vont clairement comprendre qu’on a … qu’on a eu une liaison. Les paroles suivantes brisèrent le coeur du blond. Elle regrettait. Il s’en doutait, que tôt ou tard, elle aurait des remords. — Si tu veux rentrer, alors je te prendrais un billet demain, articula le blond, à contre-coeur. Il ne pouvait pas la forcer à rester ici, avec lui, alors qu’elle flippait littéralement. — Tu es psychologiquement fragile et j’ai menti sur un sujet important : ils concluront que je t’ai manipulé pour venir ici, peut-être pour te convaincre de retirer ta plainte et ça sera réglé. Un chapeau de plus ou de moins à porter, tu sais, je m’en fou, continua Scully en passant une main sur sa joue fraîchement rasée, toute douce. — Mais moi, Deirdre, je sais pourquoi je me suis enfuis avec toi : parce qu’au fond de moi, je voulais profiter de derniers moments qui n’appartenaient qu’à nous, à nous deux.

Scully se voulait optimiste. Il voulait profiter de sa liberté, de ses instants avec elle avant que tout ne s’arrête brutalement en raison des autorités judiciaires et de ce qu’il avait fait puisqu’il allait devoir en répondre de ses actes. — Une fois que nous aurons posés un pied à New-York, on ne se verra plus en dehors d’un tribunal et dans un camp opposé, expliqua Scully. Il avait déjà dû avoir à faire avec la justice pour des délits mineurs et savait très bien comment cela se passait. Surtout dans un cas similaire, ils ne toléreront aucun rapprochement entre eux. Les paroles qui suivirent firent un bien fou à Scully. Elle le retrouvait et avec son regard, il sentait que c’était également physique plus que moral : il ne ressemblait plus à quelqu’un sorti de la rue et négligé. Scully avait retrouvé, en se rasant, de sa splendeur du golden boy américain, de fils à papa. Tendrement, ne pouvant pas s’en empêcher, le jeune homme tendit la main vers la joue de Deirdre pour essuyer la trace d’une perle salée. Pour ce soir, Scully était trop fatigué pour bouger, il devait bien l’avouer et moralement, il n’avait envie d’affronter la foule bien qu’ils soient tous des inconnus à ses yeux. Il voulait un peu d’intimité, peut-être, avec Deirdre. — Okay, concéda le blond avant de s’emparer de brochures de plats à emporter. Etant en France, Scully avait envie de faire goûter la gastronomie locale à la jeune femme et au téléphone, dans un français maladroit, il commanda un assortiment varié. — Tu vas voir ce que j’ai commandé, c’est à tomber. La nourriture française est bien plus fine et raffinée que chez nous, expliqua Scully. Il avait pu découvrir tout cela lors de séjours précédents. — Je t’ai épargné les escargots pour cette fois, plaisanta le jeune homme en s’enfonçant dans un fauteuil. — C’est … bon mais j’peux te jurer que psychologiquement, c’est pas facile d’en bouffer.

— Ouais, pour cette fois, plaisanta Scully tout en repoussant ses cheveux humides à l’arrière de son crâne. Il avait besoin d’une coupe de cheveux, incessamment sous peu mais ce n’était certainement pas le moment de penser au coiffeur dans sa situation. — Parce que sérieusement, Deirdre, c’est vachement bon !, s’exclama le blond. Sa mère en faisait venir chaque année pour les festivités de fin d’années et Scully en dévorait bon nombre. Il en raffolait. Deirdre évoqua de nouveau le cabaret et effectivement, Scully était sérieux. Au-delà du Moulin Rouge ou du Lido, il y en avait des dizaines d’autres beaucoup plus accessibles et tout aussi impressionnants ; sachant l’amour de la danse de la jeune femme, il tenait à ce qu’elle en voit un, ici, à Paris, dans une si belle ville. — Bien sûr que j’étais sérieux, rétorqua Scully, prenant une moue faussement vexée qu’elle pense qu’il lui avait dit cela seulement pour l’appâter en France. — Je pensais qu’on pourrait y aller demain dans l’après-midi après une visite de la ville ?, suggéra Scully tout en allumant la télévision. L’hôtel contenait des chaînes d’informations américaines et locales. Scully s’arrêta sur l’une évoquant les informations relatives à New-York. Page économie, travail, santé … volet judiciaire. La gorge de Scully se serra alors qu’un journaliste prenait la parole. Sa respiration se coupa, se suspendant aux propos du journaliste. — Le sénateur, Robert Petterson, s’est exprimé ce matin au sujet de l’inculpation pour homicide volontaire de son fils benjamin, Scully, vingt-huit ans, qui a déjà fait énormément parlé de lui dans différents scandales. Son coeur palpitait. Il détestait l’idée que son père ait parlé de lui. — Mon fils a profité des économies que nous avions placés pour des études restées inexistantes afin de soudoyer les forces de l’ordre et de s’innocenter mais aujourd’hui, justice doit être faite et il doit payer le prix de ses erreurs. Nerveusement, Scully envoya la télécommande dans le mur en poussant un cri rageur. Ce n’était pas vrai ! C’était son père lui-même qui avait payé pour faire disparaître ce dossier compromettant ! — Quel enfoiré, hurla rageusement le blond.

Deirdre s’excusa mais elle n’y était indéniablement pour rien. Le seul fautif dans cette histoire restait Scully et il ne considérait personne d’autre comme ayant une part de culpabilité à son exception seule. Son père se défendait, protégeait son poste à responsabilité et bien qu’il aurait souhaité qu’il le soutienne et ne l’enfonce pas, au contraire, Scully ne pouvait pas lui en vouloir. Il se leva précipitamment pour ramasser la télécommande et remettre le cache dans le dos de l’appareil. — Tu n’y es pour rien, répondit Scully en retournant s’asseoir, en soupirant. Il n’avait vraiment plus envie du tout de rentrer en Amérique, il était très bien loin des problèmes, ici, en France, même si cela n’arrangerait rien, il le savait. — Qu’est-ce qu’il y a à faire ? Je pourrais montrer mes relevés de compte mais connaissant mon père, il a dû trafiquer quelque chose pour appuyer ses propos, expliqua le blond. Scully se frotta les yeux. Peut-être que Deirdre pensait qu’il avait payé cela et qu’il en voulait juste à son père d’avoir parlé, si bien qu’il préféra rétablir la vérité, qu’elle le croit ou pas, libre à elle. — C’est mon père qui a payé. Scully lui-même ignorait le montant de la transaction mais son père manipulait les millions comme une simple personne manipule des centimes. Ils étaient riches, à foison, de quoi nourrir une partie des pauvres de New-York en pouvant toujours vivre un rythme d’enfer. Scully se leva prestement, s’empara de ses cigarettes, de son téléphone et de son porte-feuille. — Je vais fumer et faire du change au bureau d’en bas, en attendant la livraison. Instinctivement, sans trop contrôler son geste, il déposa un baiser sur le front de la jeune femme avant de s’excuser : — Pardon, désolé, c’est venu tout seul.

Scully vaqua à ses occupations, soufflant par la même occasion car malgré le fait qu’il appréciait la présence de Deirdre et éprouvait énormément d’affection pour elle, il était toujours sur la retenu à cause de ce qu’il avait commis et de ce qu’elle savait, maintenant. Il attendit le livreur à l’extérieur et lorsqu’il eût récupéré la livraison, il remonta à la chambre qu’ils avaient payée. Son regard croisa celui de la jeune femme et, tout comme elle, il émit un bref sourire toujours empreint de gêne. Comment il allait ? Scully n’en savait rien. Mal, certainement, si ce n’est pire. Il n’arrivait pas à trouver de solutions à la situation dans laquelle il s’était fourré, tout seul. — J’en sais rien, avoua-t-il, préférant être honnête avec la jeune femme avant de lui retourner la question : — Et toi ? Toutefois, il se doutait bien de la réponse. Scully vint déposer le sac plein de nourritures sur la petite table et retira une des chaises afin que Deirdre puisse s’attabler sans problèmes avec son fauteuil. Il sortit le tout et cela réchauffa légèrement son humeur : il adorait la gastronomie française. Il s’attabla également et par mégarde, son pied effleura la cheville de Deidre. Une autre aurait senti ce contact mais pas elle et cela l’attristait. Plus personne ne pourrait s’amuser à la séduire en lui faisant du pied, par sa faute. Tristement, Scully regarda ses couverts et poussa un soupir. Ce n’était pas lui, d’être si triste et négatif et pourtant … il l’était, indéniablement. Il sursauta en entendant son téléphone sonner et tendit le bras pour s’en emparer. C’était sa mère et il se sentit obligé de répondre. A l’autre bout du fil, il entendit d’abord un sanglot puis, de façon audible pour Deirdre en raison du volume sonore, la voix cassée de sa mère. — A Paris, Scully ! Mais qu’est-ce que tu fais là-bas, bon sang ? Pourquoi tu nous fais ça, tu n’es plus un adolescent … pourquoi tu ne peux pas agir avec responsabilité ? Et mon dieu, Scully, depuis quand tu es homosexuel ? Le coeur du blond s’arrêta et ses yeux s’écarquillèrent. Comment savait-elle ? Elle parlait forcément de Newt et lui. — Maman, qu’est-ce que tu racontes, je ne suis pas … Il n’osa pas prononcer le mot en espérant que Deirdre ne l’ait pas entendu. Mais sa mère avait raccroché et déjà, une photo s’affichait sur son écran. Lui et Newt, dans le hall de son immeuble, s’embrassant. Scully ferma les yeux. Il aurait aimé disparaître, à cet instant précis.

Elle le regardait. Même s’il avait les yeux clos, Scully pouvait sentir le regard de Deirdre sur lui et ça le brûlait, ça le lacérait. Son coeur battait follement dans sa poitrine. Tôt ou tard, Deirdre aurait su pour son accident, son erreur de parcours avec un homme. Il ne regrettait pas, du moins pas de l’avoir fait : c’était une expérience. Mais il regrettait les circonstances, toutefois, alors que la situation était déjà suffisamment complexe à l’origine avec Deirdre et le serait d’autant plus quand elle le saurait. Ou au contraire, elle serait simplifiée. Deirdre répéta ses propos. Scully repoussa son plat, pris d’un haut de coeur. Ils avaient été si proches, désormais ils étaient si éloignés et cette révélation allait clairement les éloigner davantage si cela était possible. Comme l’avait si bien dit Deirdre par le passé, il était lâche, c’était bien connu. Il n’était pas courageux. Il rouvrit les yeux mais n’osa pas jeter un coup d’oeil à la jeune femme. Il craignait son inquiétude mais surtout, après cela, de voir encore plus de déception et de haine à son égard. Bêtement, Scully fit glisser son téléphone sur la table, celui-ci étant verrouillé et donc, l’écran noir. — Attends, ordonna-t-il d’une voix tremblante masquant son appréhension. Pour en être certain, il garda sa main sur son iPhone. — Ce n’est pas du tout le reflet de ce que je ressens, articula-t-il avant de lâcher son téléphone et de se lever dans la foulée, ne supportant pas d’avoir Deirdre dans son champs visuel. C’était insoutenable. Il lui tourna le dos, se balançant d’un pied sur l’autre en fixant ses chaussures.

Il y eut un silence avant que Deirdre ne le brise d’une voix maladroite. Scully déglutit. Il sentait bien dans sa voix que cela l’affection. Elle était hésitante, maladroite mais elle avait bien déduit ce qu’il en était : cette fameuse conquête de l’autre fois, c’était bien lui. — Ouais, maugréa-t-il. Il y avait un malaise dans la pièce mais contrairement à ce qu’il aurait cru, elle ne semblait pas énervée. Simplement déçue, déstabilisée si bien qu’elle tenta de poser une question, avortée, que Scully devina toutefois car dans les circonstances, ce n’était pas difficile à déceler et à comprendre. — Non, je ne suis pas … pédé, finit-il par lâcher. Il n’osait toujours pas la regarder, il n’y arrivait pas tout simplement. — Je n’suis même pas bi’, j’sais pas ce qu’il m’a prit pour coucher avec ce mec, j’étais ivre, j’étais mal, je pensais t’avoir perdu définitivement et j’avais besoin de réconfort et … les autres femmes me semblaient tellement fades à côté de toi … dit-il en passant une main dans sa chevelure blonde, la repoussant en arrière. — C’était ma mère, répondit aussitôt Scully afin que Deirdre ne se méprenne pas en pensant qu’il s’agissait de Newt. Finalement, il revint s’asseoir parce qu’il était un homme, doté de couilles et qu’il devait les porter même si cela lui était douloureux. — Deirdre, s’il te plaît, ne pleure pas. Ne pleure plus pour moi, glissa-t-il en effleurant sa main du bout des doigts. — Je pensais t’avoir perdu et j’le pense toujours par ailleurs et ça m’faisait mal et … j’étais en train de prendre conscience de ce que j’éprouve pour toi et ça m’faisait flipper, Deirdre alors que le lendemain j’allais devoir aller me balancer aux flics pour leur dire que j’ai ruiné ta vie, expliqua-t-il. Finalement, il prit franchement la main de la jeune femme et la regarda dans les yeux. —J’étais en train de réaliser que j’étais probablement en train de perdre la femme dont je suis en train de tomber amoureux.

Comme si c’était si difficile d’y croire, que le tombeur de ses dames, Scully Petterson, pouvait tomber amoureuse, Deirdre parût ne pas y croire et ce fût pour cela qu’il répéta ses derniers propos. — Je suis en train de tomber amoureux de toi. Il ne l’avait pas prévu du tout ; à vrai dire, Scully avait toujours pensé qu’il finirait sa vie en ayant jamais été amoureux et pourtant, il avait compris qu’il l’était ou tout du moins que c’était imminent lorsqu’ils avaient couchés ensembles. Et là déjà il avait éprouvé de forts sentiments à son encontre pour faire passer son plaisir avant le sien, égoïste du sexe qu’il était. Douloureusement, il écouta Deirdre répéter le cataclysme qu’il avait été dans sa vie et ce fût encore plus compliqué lorsqu’elle évoqua sa dépression et une possible fin. Son coeur se serra atrocement dans sa poitrine. — Tu es une femme unique, la coupa Scully avant que sa mâchoire ne se décoche sous le choc. S’il en croyait ses oreilles, il n’était pas le seul à être en train de succomber aux charmes de l’autre. Il cligna des yeux, abasourdi. Comment, malgré la vérité affreuse qu’il lui avait caché, pouvait-il lui avoir donné confiance en l’amour, de nouveau ? Son coeur se réchauffa lorsque la jeune femme lui annonça qu’il ne l’avait pas perdu, qu’elle était toujours là. Il s’arracha un bout de sa lèvre inférieure, nerveusement. — Je te suis nocif, Deirdre. Je suis à l’origine de ta paralysie, de ton rêve brisé, de ta dépression et je me suis fais baisé par un homme ; sans compter le fait qu’on se soit barré à Paris ensemble alors qu’un procès va nous opposer. Cela n’a ni queue ni tête. Ce n’est pas la stabilité qu’il faut pour une fille bien, une fille comme toi. Scully resserra sa main autour de celle de Deirdre. De sa main libre, il vint essuyer une larme restante sur sa joue. — Je crois qu’il vaut mieux pour toi que l’on coupe les ponts en rentrant à New-York avant que je ne t’attire des problèmes supplémentaires. C’est douloureux de te dire cela mais en fait, j’en suis sûr : on ne doit plus se voir.

Cette conversation avait comme des goûts d’adieux et c’est ce que Scully fit, par ailleurs, décidant et annonçant qu’il fallait rompre tout contact à leur retour à New-York. Cela lui était douloureux de devoir s’éloigner d’une femme à qui il tenait mais c’était ce qu’il y avait de plus responsable et sensé à faire. Au moins, la jeune femme n’entra pas en contradiction avec lui et lui annonça même qu’elle rentrerait avant lui, pensant que les aux revoirs seraient, ainsi, plus simples. — Je pense qu’à notre retour et après le procès, tu seras vite débarrassée de moi, de toute façon. Scully était lucide : il ne se faisait aucune illusion. Il y avait une forte chance qu’il termine derrière les barreaux et les écrous. — Dans une autre vie, ça aurait peut-être marché entre nous, dit-il en haussant des épaules. Scully ferma les yeux en sentant les doigts de Deirdre dans ses cheveux blonds. Normalement, il détestait que l’on les lui touchent mais avec elle, c’était différent et cela le ramena à la nuit qu’ils avaient passés ensembles où, alors qu’il lui donnait du plaisir, elle avait engouffré ses doigts dans ses mèches blondes. Les yeux clos, il sentit les lèvres de la jeune femme, timides, sur les siennes. Il ouvrit brièvement les paupières pour capturer cet instant, leur proximité. Il resta pantois, hébété, assis à la petite table de la terrasse alors qu’elle s’éloignait. Finalement, quelques secondes après, Scully se leva brutalement de sa chaise et suivit la jeune femme jusque dans la salle de bain où elle était plantée devant la vasque. Il empoigna la poignet du fauteuil et le fit pivoter de façon à ce que Deirdre lui fasse face. Puis, Scully se pencha pour venir l’embrasser avec beaucoup moins de douceur qu’elle ne l’avait fait, indéniablement. Rapidement, sa langue vint réclamer un duel à la sienne alors qu’une de ses mains était sur l’accoudoir de son fauteuil et l’autre, se glissait dans ses longs cheveux clairs. — Autorise-nous une dernière étreinte, souffla-t-il d’un ton quasi suppliant.